Rappels de l’Académie vétérinaire de France sur les pandémies et l'élevage intensif  - Le Point Vétérinaire.fr

Rappels de l’Académie vétérinaire de France sur les pandémies et l'élevage intensif 

Clothilde Barde | 02.02.2021 à 11:08:44 |
porc
© Srdjan Stepic

Face aux craintes de l'existence d’une corrélation entre l’élevage intensif et l’émergence de pandémie humaine, les membres de l’Académie vétérinaire de France ont rappelé les dernières connaissances sur le sujet et ont donné leurs recommandations pour un « élevage durable » dans un communiqué du 20 janvier dernier.

« En matière de diffusion des maladies et d’apparition de maladies émergentes sont essentiellement en cause le développement des échanges et des transports, la proximité des êtres humains et des animaux domestiques avec la faune sauvage, la modification des écosystèmes et le réchauffement climatique» indique un communiqué de l’Académie vétérinaire de France du 20 janvier dernier dans le contexte actuel de controverse autour de la question d’une possible relation entre l’élevage intensif et l’émergence de pandémies humaines. De plus, comme l’avait déjà souligné l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans une publication de 2013, « l’émergence de maladies n’est pas spécifique à l’élevage intensif ». En effet, même si dans le monde, les élevages dits intensifs, que l’on rencontre essentiellement en production porcine, en production avicole et en production cunicole, ont parfois un caractère industriel, il n’existe pas jusqu’à présent d’exemple connu et rapporté de pandémie humaine directement attribuable à ces derniers. 

Vigilance vis-à-vis de la faune sauvage

Bien que la concentration de grandes populations animales peut favoriser le brassage d’agents pathogènes et entraîner l’apparition de nouveaux microbes recombinants ou mutants (exemple des élevages industriels de visons), les experts reconnaissent que le rassemblement des animaux dans des unités de production permet un suivi plus efficace et un meilleur contrôle sanitaire, facilite la mise en œuvre des mesures de police sanitaire en cas de maladie et permet enfin d’éviter les contacts avec la faune sauvage,  avec une exception pour les élevages de visons, non destinés à la consommation humaine. Les maladies émergentes proviennent en réalité de la faune sauvage (réservoir d’agents pathogènes), les espèces d’animaux domestiques étant souvent des maillons intermédiaires, en contact avec les êtres humains (influenza aviaire ou peste porcine par exemple) précise le communiqué. 

Des mesures adaptées 

C’est pourquoi, les membres de l’Académie recommandent d’éviter le contact entre la faune sauvage et les animaux domestiques par la mise en place d’une surveillance sanitaire et de mesures de biosécurité adaptées .  A cet égard, la surveillance sanitaire, assurée par le maillage vétérinaire (praticiens, services de l’Etat, laboratoires vétérinaires) permet de détecter précocement une maladie animale présentant un risque pour l’élevage et/ou la santé publique, et de réagir rapidement. Des mesures de biosécurité (sectorisation, gestion des intrants, protection des accès, maîtrise des circuits, nettoyage et désinfection…) doivent également être mises en place selon le communiqué de l’Académie afin d’éviter les contacts entre les animaux d’élevage et la faune sauvage. 

Vers un élevage durable

Enfin, comme l’indiquent les membres de l’Académie, « il est nécessaire d’institutionnaliser l’approche Une seule santé/One Health associant santé humaine, santé animale et santé environnementale aux échelles nationale, régionale et mondiale, afin de renforcer la préparation aux pandémies, la prévention, la gestion des maladies, de mieux contrôler le commerce légal des espèces animales sauvages et de lutter contre leur commerce illégal ». L’enjeu est donc de développer un élevage durable, indemne de maladies transmissibles, sans risque pour la santé publique et respectueux de l’animal et de l’environnement conclu le communiqué.

Clothilde Barde
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