Rage : un chat contaminé par une chauve-souris en Côte-d’Or - Le Point Vétérinaire.fr

Rage : un chat contaminé par une chauve-souris en Côte-d’Or

Valentine Chamard | 20.05.2020 à 17:41:07 |
chat enragé
© evgeniyablaznova - iStock

L’animal aurait ingéré une chauve-souris porteuse du lyssavirus avant de présenter les signes classiques de la maladie. Un cas rare, qui présente un faible risque de contagiosité aux autres carnivores domestiques.

Un cas de rage a été diagnostiqué début mai chez un chat résidant au hameau de St Germain à Source-Seine (Côte-d’Or). Cet animal, « un chat de village, non identifié » avait été présenté à son vétérinaire le 25 avril. Il présentait à ce moment-là de multiples traces de bagarre, sans autre signe. Puis son comportement a brusquement changé, motivant la propriétaire, le décrivant comme « devenu fou », à demander son euthanasie 2 jours après la première consultation. Demande refusée par le vétérinaire, le motif ne justifiant pas l’euthanasie à ce stade et une hypothèse d’intoxication malveillante pouvant expliquer le tableau clinique. Deux jours plus tard, la propriétaire consulte de nouveau car la situation était devenue intenable, le chat ayant violemment mordu et griffé ses maîtres. Le vétérinaire prend alors contact avec la DDPP de Côte-d’Or pour demander l’autorisation d’euthanasie, une réactivité saluée par notre consoeur Marie-Eve Terrier, cheffe du service Santé et Protection Animales qui a coordonné la prise en charge de ce cas. La procédure d’envoi de la tête au laboratoire départemental puis à l’Institut Pasteur est alors enclenchée. Un premier résultat tombe le 7 mai, permettant un diagnostic d’infection par un lyssavirus (technique d’immunofluorescence directe et isolement viral sur culture cellulaire). Dans l’attente du complément de résultat pour déterminer l’origine du virus, la maire du village informe les habitants du village et les invite à consulter leur vétérinaire en cas de changement de comportement de leur animal et de consulter leur médecin en cas de morsure ou griffure. Le vétérinaire de l’animal et l’ASV de la structure reçoivent une injection de rappel antirabique tandis que les propriétaires suivent le protocole post-exposition avec vaccin et immunoglobulines.

Un risque de contagion faible

Les résultats du typage moléculaire du virus arrivent dans un 2e temps : il s’agit d’un lyssavirus appartenant à l'espèce European bat 1 lyssavirus (EBLV-1) de sous-type b, virus qui circule chez les chauves-souris européennes (et plus particulièrement chez les sérotines communes ou Eptesicus serotinus). « Plus précisément, ce virus appartient au cluster B1, rassemblant des souches virales circulant préférentiellement dans l’Est de la France », indique l’Institut Pasteur. Un arrêté préfectoral de mise sous surveillance est alors pris pour le chien et les autres chats du foyer, pour une durée de 6 mois. S’il fut un temps envisagé que le chat ait contracté la rage suite à une bagarre avec d’autres chats, la DDPP et le laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy (Anses) ont estimé que l’animal avait du ingérer une chauve-souris porteuse du lyssavirus puis, manifestant les premiers symptômes, il se serait battu avec d’autres chats du village, expliquant les 1er signes observés. Compte-tenu de la nature du virus, la transmission entre chats est estimée peu probable.  « Nous n’avons pas de preuve que les autres chats et chiens de Source-Seine ont eu un contact avéré avec une chauve-souris porteuse du virus ou avec le chat contaminé, souligne Marie-Eve Terrier. De plus, le virus des chiroptères ne se transmet pas de carnivore à carnivore. Aucune mesure sanitaire (vaccination, etc.) n’est donc imposée aux chats et chiens de Source-Seine », poursuit notre consoeur. Une enquête épidémiologique telle qu’elle aurait été entreprise en cas de rage transmise par un autre mammifère n’a donc pas été pas jugée nécessaire. En revanche, il a été demandé aux habitants d’identifier leurs animaux pour se conformer à la réglementation.

Un cas rarissime

Il s’agit du troisième cas en France de carnivores (en l’occurrence des chats domestiques) retrouvés infectés par un lyssavirus de type EBLV-1. « Il convient de distinguer le virus rabique qui provoque la rage classique, transmise par les carnivores (chiens et renards, principalement), dont la France est officiellement indemne depuis 2001, de la maladie causée par les lyssavirus des chiroptères », rappelle Marie-Eve Terrier. Le laboratoire de l’Anses-Nancy analyse plusieurs centaines de chauve-souris tous les ans : moins de 2 % sont porteuses de lyssavirus. Il s’agit plutôt de virus EBLV1-a et EBLV 1-b, retrouvés sur des sérotines (espèce anthropophile de plaine). La détection du lyssavirus des chauves-souris ne déclenche pas de mesures sanitaires sur les carnivores domestiques, car les cas de transmission à un mammifère (chat ou autre) sont rarissimes ».

 

Valentine Chamard
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