Quelle médecine vétérinaire pour l’élevage biologique ? - Le Point Vétérinaire.fr

Quelle médecine vétérinaire pour l’élevage biologique ?

Tanit Halfon | 28.02.2019 à 14:03:18 |
Un éleveur avec une vétérinaire
© SolStock – istock

Si suivre des élevages biologiques nécessite forcément d’en connaître le cahier des charges, le vétérinaire tire véritablement son épingle du jeu par sa maîtrise des bonnes pratiques de la conduite d’élevage et sa capacité à faire un usage raisonné des traitements qu’il prescrit, qu’ils soient conventionnels ou pas.

« Le rôle du vétérinaire en élevage biologique est limité, parce qu’il utilise en majorité les traitements allopathiques de synthèse, mais également parce que le coût des visites d’élevage est trop important pour certaines productions. Les problèmes sanitaires en élevage biologique ne peuvent en effet être réglés de la même façon qu’en élevage conventionnel (… ).?» Cette phrase, tirée d’un article de 2009 de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), sur l’élevage biologique, est-elle toujours valable ? « Tout vétérinaire est capable d’être un interlocuteur des éleveurs bio, déjà rien qu’en parlant de la conduite d’élevage de base », souligne Loïc Guiouillier, praticien rural en Mayenne et président de la commission des médecines complémentaires de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Même discours du côté d’Hervé Host, vétérinaire et directeur de recherche à l’Inra : « Le vétérinaire n’est pas qu’un simple prescripteur de médicaments, il est d’abord le spécialiste de la conduite d’élevage. Par exemple, il est formé pour donner des conseils et trouver les meilleurs leviers de gestion de la santé et du bien-être des animaux en intégrant les notions d’hygiène liées à l’environnement et à la nutrition des animaux. » Malgré tout, le praticien devra tout de même changer sa grille de lecture, notamment en ce qui concerne l’usage des médicaments, comme le constate Loïc Guiouillier : « J’estime que la profession a trop cherché à satisfaire les éleveurs désireux de médicaments miraculeux. La problématique de l’antibiorésistance est bien révélatrice de cette situation. Seule la contrainte nous a amenés à changer nos pratiques. » 

Prévenir vaut mieux que guérir
Un des maîtres mots du bio est la prévention. Et la réglementation est claire à ce sujet : cela passe par une réflexion et un travail global sur les pratiques d’élevage. « La prévention des maladies est fondée sur la sélection des races et des souches, les pratiques de gestion des élevages, la qualité élevée des aliments pour animaux et l’exercice, une densité d’élevage adéquate et un logement adapté offrant de bonnes conditions d’hygiène », stipule-t-elle. De plus, les médicaments allopathiques chimiques de synthèse et les antibiotiques sont interdits en prévention. Dans ce contexte, Otoveil, un projet de recherche Casdar, s’est intéressé aux moyens à mettre à disposition des éleveurs pour la surveillance et la prévention sanitaire de leurs troupeaux de ruminants. L’objectif : identifier les indicateurs de l’état d’équilibre sanitaire d’un troupeau4, ce qui permettrait d’assurer une détection précoce des ruptures d’équilibre et de limiter de fait l’utilisation d’intrants de synthèse. « Huit indicateurs ont été repérés en tant que signaux d’alerte, explique Catherine Experton, responsable commission élevage et groupe santé à l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab). Cela nous a permis d’élaborer des grilles d’observation et de prévention dans lesquelles nous proposons des fourchettes de seuil reposant sur ces indicateurs de santé globale. L’idée sous-jacente est d’amener l’éleveur à se poser les bonnes questions pour arriver à un changement de pratiques. Les fiches sont en cours de finalisation, avec un rendu prévu pour 2019. » Jérémie Dal Maso, praticien rural à Beaulieu (Calvados), confirme l’importance du préventif sur le terrain : « Les éleveurs de ma clientèle sont très demandeurs de conseils préventifs, et le bilan sanitaire représente un bon moyen pour en parler. » 

Retrouvez l'intégralité de cet article en pages 36-42 de La Semaine Vétérinaire n° 1798.

Tanit Halfon
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