Projection de l’avenir du pastoralisme français  - Le Point Vétérinaire.fr

Projection de l’avenir du pastoralisme français 

Clothilde Barde | 18.08.2020 à 08:00:00 |
mouton
© pidjoe

Alors que la transhumance a été reconnue Patrimoine immatériel français le 2 juin 2020, une étude, proposant des pistes d’évolution du pastoralisme à l’horizon 2035 dans le contexte de la prédation exercée par le loup, vient d’être publiée.

La perception sociétale de l’élevage extensif, la cohabitation avec les loups, l’évolution des soutiens publics et les positions politiques prises concernant les marchés internationaux, sont les principaux moteurs de l’évolution du pastoralisme d’ici à 2035, selon le rapport prospectif remis en mars dernier par TerrOïko et Blézat Consulting à la demande du ministère de l’Agriculture. En effet, cette étude prospective, qui avait pour principal objectif de faire une prévision de l’avenir du pastoralisme en France dans le contexte de la prédation exercée par le loup à l’horizon 2035, a proposé une réflexion plus générale sur les facteurs qui affecteront le maintien et le développement du pastoralisme dans le futur. 
Divers freins
Parmi les freins au développement et au maintien du pastoralisme, en premier lieu, la capacité de l’Etat, des régions et de l’Europe à soutenir les coûts des politiques en faveur du pastoralisme n’est pas acquise, selon le rapport. De plus, alors que la cohabitation avec le loup reste un facteur critique, il existe une incertitude sur la faisabilité technique de méthodes d’intervention et de protection plus efficaces. Enfin, l’acceptabilité d’un pastoralisme « paysager » par les acteurs pastoraux est à questionner. En effet, selon les rapporteurs, il pourrait être vécu comme une dénaturation de leur métier pour devenir « jardinier de la nature », « guide touristique », ou encore « garde-manger pour les loups 
Une opportunité à saisir
Toutefois, à cet égard, les rapporteurs ajoutent que « l’avenir souhaitable pour le pastoralisme pourrait se bâtir en tirant pleinement profit de la transition écologique de nos sociétés ». Cette forme d’élevage réalise en effet une synthèse des aspirations de la société vers un équilibre entre activités humaines et respect de l’environnement et montre une forte résilience face aux changements en cours, à la fois climatiques et énergétiques. Dans ce contexte, il existe selon eux une réelle opportunité pour le pastoralisme de conforter son activité dans les massifs montagneux voir de l’étendre à de nouveaux territoires en lien avec le retour de l’agropastoralisme comme technique de gestion des espaces agricoles (apports d’engrais organiques) et des espaces vert (éco-pâturage).  
Des précautions à prendre
Néanmoins, pour s’engager vers cette voie, les auteurs alertent sur l’importance de marquer ses différences par rapport aux formes d’élevage intensives en gagnant en visibilité, tout en privilégiant la production de qualité, la diversification et la vente en circuit-court. La sécurisation du foncier pastoral et de son équipement est aussi un point stratégique dans un contexte de concurrence des usages et de changement climatique. De même, en ce qui concerne la cohabitation avec le loup deux axes stratégiques ont été identifiés : améliorer l’efficience des interventions à visée comportementale (évitement des troupeaux) par une gouvernance partagée et flexible, et améliorer l’efficacité de la protection par des évolutions techniques, potentiellement des nouvelles technologies.  
A l’heure où la pratique de la transhumance en France vient d’être inscrite à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel, ces différentes pistes permettant de conserver un agropastoralisme dans le futur devraient être envisagées.

Clothilde Barde
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