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Préservation de la biodiversité : la FRB rappelle l’urgence d’agir

Clothilde Barde | 15.04.2020 à 11:30:28 |
pangolin
© Vicky_Chauhan

Dans le contexte actuel de la pandémie de Covid-19, le Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche en biodiversité (FRB) vient de publier une note rappelant l’importance de préserver la biodiversité pour éviter l’émergence à l’avenir de telles épidémies.

« Des pandémies analogues se reproduiront si la logique des interactions actuelles entre les populations humaines et la biodiversité n’est pas fondamentalement remise en cause » alertent les membres du Conseil scientifique de la FRB dans une note de synthèse publiée début avril sur les mesures à mettre en place pour « une nouvelle forme de cohabitation entre les humains et le reste de la biodiversité ».

Une pandémie qui aurait pu être mieux anticipée

En effet, comme l’indiquent les membres de la FRB, « il y aura bientôt une année, l’Ipbes rappelait que la biodiversité subit des atteintes sans précédent sous l’effet des modes de production et de relations au vivant des populations humaines ». Or, selon les travaux des chercheurs, il existe une relation directe entre les menaces qui pèsent sur la biodiversité et l’augmentation exponentielle et rapide des zoonoses depuis le dernier quart du XXe siècle. Ainsi, un article de synthèse paru en 2007, soit treize ans avant la pandémie actuelle, indiquait par exemple que la présence chez les microchiroptères locaux du genre Rhinolophus d’un vaste réservoir de virus potentiellement responsables chez les humains d’affections respiratoires aiguës, constituait un danger majeur compte tenu de la consommation de viande de mammifères sauvages exotiques en Chine du Sud. 

Refonder les interactions entre les populations humaines et la biodiversité

Il semble donc que, même du point de vue le plus pragmatique et anthropocentré, si l'on veut que « l’humanité continue à tirer avantage des services écosystémiques qu’elle retire de la biodiversité, notamment pour couvrir ses besoins alimentaires, et ralentir l’apparition des zoonoses, il est essentiel de protéger activement ce qu’il reste de biodiversité sauvage » alertent les experts. A cet égard, il conviendrait de préserver les espaces où la biodiversité non humaine pourra évoluer en développant une politique ambitieuse de création et de renforcement des aires protégées tant terrestres que marines, en prenant en compte l’incidence attendue du changement climatique sur la distribution des espèces et des biomes. « Cette politique n’aura cependant de sens que si elle prend en compte les droits et le bien-être des populations locales concernées et qu'elle est assortie de mesures d’accompagnement innovantes au bénéfice de ces populations » ajoutent les membres de la FRB. Par ailleurs, il est important d’aider les pays les plus concernés à prendre la mesure des risques liés aux pratiques traditionnelles et à mettre en place d’une part les moyens nécessaires au contrôle des réglementations et d’autre part des modes de consommation et des filières de production alternatifs. « Plus largement, ce sont nos options de développement et les politiques socio-économiques et environnementales afférentes qu’il faut reconcevoir » selon les experts. Cela implique qu’une aide financière internationale puisse être mobilisée pour permettre aux pays les moins développés d’assurer ce type de service écosystémique planétaire au bénéfice d’eux-mêmes et de l’ensemble de l’humanité indiquent ils.

Développer la veille scientifique et la recherche

Il est indispensable de développer en parallèle une vigilance sanitaire accrue en matière de détection des signaux faibles annonciateurs du démarrage d’une épidémie chez l’espèce humaine ou les animaux domestiques selon les experts. Cette vigilance sanitaire doit s’appuyer sur des développements de programmes de recherche et d’outils à l’interface entre sciences de la santé, sciences sociales et sciences de la biodiversité. Ainsi, « une plus grande attention aux faits scientifiques, notamment à ceux établis aux interfaces entre sciences de la santé et sciences de la biodiversité, ainsi que des mesures effectives de réduction de la dégradation de la biodiversité auraient probablement pu réduire les risques d’apparition d’une pandémie telle que celle à laquelle l’humanité est aujourd’hui confrontée » selon les experts. En effet, en l’état actuel des connaissances, les chercheurs suggèrent que l’origine de l’épidémie de Covid-19 provient très certainement d’un contact (comme la consommation de pangolin) avec des animaux sauvages porteurs du virus SARS-CoV-2 ou d’une forme très voisine.

Un futur à réinventer

« Nous sommes donc, individuellement et collectivement, à une croisée des chemins. Nous espérons que la pandémie actuelle amènera les gouvernements, les décideurs en général, à ouvrir les yeux sur la réalité de l’état de notre Planète et à accorder aux enjeux de biodiversité une priorité. Non pas pour entrer en compétition avec le règlement des urgences sanitaires et sociales, mais pour assurer la pertinence et la pérennité de leur traitement à court, moyen et long termes » conclue la note de la FRB. A cet égard, les prochains grands rendez-vous internationaux, que ce soit le congrès mondial de l’UICN ou encore la COP15 de la Convention sur la diversité biologique, devraient être l’occasion pour les gouvernements de s’engager fortement et effectivement en faveur de la biodiversité dans des approches One Health et EcoHealth.

Clothilde Barde
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