Première greffe réussie d’un cœur de porc chez l'homme - Le Point Vétérinaire.fr

Première greffe réussie d’un cœur de porc chez l'homme

Céline Gaillard-Lardy

| 13.01.2022 à 15:49:00 |
© Sonja Rachbauer/iStockphoto

C'est une véritable prouesse chirurgicale et technologique pour cette équipe chirurgicale américaine, qui a réussi pour la première fois à greffer un cœur de porc génétiquement modifié chez un patient atteint d’une affection cardiaque terminale.

Le 7 janvier 2022, l’équipe de l’école de médecine de l’Université du Michigan a réussi pour la première fois à greffer le cœur d’un porc génétiquement modifié à un homme de 57 ans, déclaré non-éligible à une transplantation cardiaque conventionnelle. Il s’agissait donc de la seule option thérapeutique pour ce résident du Maryland, atteint d’une arythmie cardiaque terminale et connecté jusque-là à un by-pass. La Food and Drug Administration avait donc, pour cette raison, donné le feu vert à cette intervention expérimentale, le 31 décembre 2021.

Un espoir face à la pénurie d’organe

« Il s'agit d'une chirurgie révolutionnaire qui nous rapproche un peu plus de la fin de la crise de pénurie d'organes. Il n'y a tout simplement pas assez de donneurs de cœurs humains pour répondre à la longue liste de receveurs potentiels » se félicite le Dr Bartley Griffith, qui a réalisé la transplantation.

Le patient, étroitement surveillé, reçoit un nouveau médicament expérimental, mis au point par Kiniksa Pharmaceutiques, ainsi que des traitements classiques anti-rejet. Bien que faible, le risque de zoonose, concernant notamment le rétrovirus endogène porcin, justifie également un monitoring consciencieux.

L'aboutissement d’années de recherche

« C'est l'aboutissement d'années de recherches très compliquées pour perfectionner cette technique chez les animaux, avec des temps de survie qui ont dépassé neuf mois », a déclaré le Pr Mohiuddin, directeur scientifique de xénotransplantation de l’université. « La procédure, couronnée de succès, a fourni des informations précieuses pour aider la communauté médicale à améliorer cette méthode potentiellement salvatrice pour de futurs patients. »

Dix modifications génétiques 

Revivicor, fililale de United Therapeutics, a fourni le cœur du porc donneur. Uheart est le nom de ce cœur qui comporte des modifications portant sur 10 gènes. « Trois gènes, responsables du rejet rapide des organes de porc par les anticorps humains, ont été « invalidés » chez le porc donneur » selon l’équipe chirurgicale. En effet, il a notamment fallu éliminer le gène codant pour un glucide (galactose-alpha-1,3-galactose ou alpha-gal) présent dans la membrane cellulaire de la plupart des mammifères, mais pas chez les primates. Ce glucide, potentiellement à l’origine du rejet immédiat de l’organe, joue également un rôle central dans l’allergie à la viande.

D’autre part, « six gènes humains responsables de l'acceptation immunitaire du cœur de porc ont été insérés dans le génome. Enfin, un gène supplémentaire chez le porc a été éliminé pour empêcher une croissance excessive du tissu cardiaque du porc » précise l’équipe chirurgicale.

En 2021, Revivicor avait déjà fourni un rein de porc, transplanté pour la première fois chez une femme en état de mort cérébrale. Le rein avait pu être maintenu à l’extérieur du corps durant trois jours avec succès, sans aucun signe de rejet précoce. La patiente avait ensuite été déconnectée de son assistance respiratoire.

Céline Gaillard-Lardy

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