Premier bilan de la surveillance de la VHD en élevages cunicoles    - Le Point Vétérinaire.fr

Premier bilan de la surveillance de la VHD en élevages cunicoles   

Tanit Halfon

| 23.03.2022 à 18:11:00 |
© iStock-jess311

Le réseau de surveillance de la maladie hémorragique virale du lapin a été mis en place en 2018 au sein de la filière cunicole. 138 élevages ont été infectés en 2019, dont un peu plus d’1/3 avaient déjà été touchés en 2018.

Le premier bilan de la surveillance de la maladie hémorragique virale du lapin (RHD pour Rabbit Hemorrhagic Disease, ou VHD pour Viral hemorrhagic disease) dans la filière cunicole, a été récemment publié dans le bulletin épidémiologique Santé animale-alimentation de l’Anses.

Cette surveillance a été mise en place en 2018, dans le cadre d’un plan volontaire de lutte contre la maladie. En effet, la maladie est très invalidante en filière de productions animales étant donné sa forte contagiosité et son taux élevé de mortalité (60 à 100% en 72 heures). La filière cunicole française souffre particulièrement de la maladie depuis les années 2010 avec l’émergence d’un nouveau génotype viral RHDV GI.2 qui échappait partiellement à la vaccination. En 2015-2016, la filière a fait face à une épizootie à virus RHDV. Bien qu’un nouveau vaccin efficace contre ce variant ait été entre temps développé, son coût limite son utilisation. Ainsi, en 2018, 10% des arrêts de production étaient directement liés à la maladie (sur une baisse de 11% des élevages entre 2018 et 2019). Dans ce plan de lutte, l’objectif est de diminuer de moitié l’incidence de la VHD en un an.

Pour rappel, la RHD est une maladie virale, touchant les lapins domestiques et sauvages de l’espèce Oryctolagus cuniculus. Le virus impliqué est un calicivirus du genre Lagovirus. Apparue dans les années 80 en Europe, la maladie était au départ associée à un seul sérotype, incluant le variant antigénique RHDVa. A partir de 2010, un nouveau génotype a émergé en Europe, le RHDV2, distinct du RHDV et du RHDVa. Il  constitue aujourd’hui le type majoritaire rencontré sur le territoire français. Ce génotype est plutôt associé à une forme subaiguë et chronique de la maladie. De plus, il touche plus fréquemment les jeunes lapereaux de 4 semaines, voire moins, à la différence du RHDV qui touche les animaux plus âgés (8-9 semaines).

Une maladie fréquente en élevage

La surveillance ayant débuté courant de l’été 2018, les données de 2019 sont plus en phase avec la situation réelle épidémiologique de la maladie. Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2019, ce sont 154 foyers de VHD qui ont été rapportés, dans 138 élevages (et depuis le 1er juillet 2018, 265 foyers).

Le nombre précis total d’élevages surveillés n’est pas précisé dans le bilan, mais il est indiqué que le réseau de surveillance intègre 90% de la production nationale qui est répartie au sein de 1200 élevages (40 millions de lapins de chair par an). Si on se base sur le nombre d’élevages, près de 13% des élevages français auraient été concernés par la maladie. La durée moyenne d’un foyer est de 109 jours (41 à 350 jours).

L’incidence annuelle en 2019 est de 21,7 cas pour 100 élevages. L’incidence mensuelle est variable suivant les saisons, avec moins de nouveaux foyers au printemps (moins de 1,5 cas pour 100 élevages entre mars et juillet 2019), et plus de foyers en automne (jusqu’à 2,8 cas pour 100 élevages en novembre 2019). Selon les auteurs du bilan, « la saisonnalité pourrait être en partie liée aux conditions climatiques plus froides et humides favorisant le maintien du virus dans l’environnement et à la dynamique de circulation de la maladie dans les populations de lapins sauvages ».

Des élevages touchés plusieurs fois

15 élevages ont eu 2 foyers de VHD en 2019 ; 1 élevage en a connu 3. Dans 10 de ces élevages, il s’agit d’une récidive étant donné que la maladie a été confirmée de nouveau moins d’un moins après la fin du précédent épisode. Par ailleurs, 48 élevages sur 138, soit 35%, avaient déjà été infectés en 2018 : pour ces élevages, le foyer survenu en 2019 est apparu en moyenne 7 mois après celui de 2018 (2-18 mois). Selon les auteurs, cette situation peut poser « la question de la persistance possible du virus dans l’environnement des élevages après décontamination ». Ils citent ainsi une étude de 2020 qui a montré que dans d’anciens foyers de VHF, on retrouvait des traces de virus sur les surfaces en contact avec les animaux, plusieurs mois après leur décontamination, sans toutefois qu’il soit étudié la capacité infectieuse.

Les foyers se situent dans les régions productrices de lapins, avec le cas particulier des Hauts-de-France où il y a eu 27 foyers en 2019 dans 21 élevages. Dans le détail, 4 élevages ont été touchés 2 fois ; et un élevage 3 fois dans l’année. 8 élevages avaient déjà été infectés en 2018. Au final, 42% (11/26) des élevages de la région ont été concernés par plusieurs foyers, contre 22% (42/192) dans le reste du territoire.

Ces premières données seront complétées par d’autres, notamment il est prévu d’analyser les caractéristiques des élevages infectés, mais aussi d’évaluer les facteurs de risque de récidive. « L’importance des cas de récidives en élevage démontre le besoin d’une gestion particulière des foyers survenant à répétition dans certains ateliers, indiquent les auteurs. Un protocole de gestion spécifique de ces cas devra donc être développé sur la base de connaissances de terrain appuyées par des études épidémiologiques adaptées ».

Tanit Halfon

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