PPA : un candidat vaccinal identifié à l’Anses - Le Point Vétérinaire.fr

PPA : un candidat vaccinal identifié à l’Anses

Tanit Halfon

| 29.03.2023 à 15:58:00 |
© iStock-maksicfoto

Les premières expérimentations avec une souche Georgia atténuée révèlent une protection très efficace dès 2 semaines post-injection. La voie oronasale serait possible, laissant envisager une vaccination de masse des sangliers. 

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient d’annoncer par voie de communiqué de presse, des premiers résultats prometteurs dans la course à la recherche pour un vaccin contre la peste porcine africaine (PPA). En effet, un candidat vaccinal a été identifié lors d’expérimentations menées par  l’unité Virologie Immunologie Porcines (VIP) du laboratoire de Ploufragan-Plouzané-Niort dans le cadre de son mandat de laboratoire national de référence.

Une très bonne protection clinique, y compris par voie orale 

« Lors d'une tentative d'inactivation de la souche Georgia 2007/1 par traitement thermique, nous avons fortuitement généré une souche atténuée appelée ASFV-989 », expliquent les chercheurs dans une article associé publié dans la revue Virus en décembre 2022. Cette souche a ensuite fait l’objet d’essais d’immunisation sur des porcs de laboratoire. Quelle que soit la voie d’administration (intra-musculaire IM ou oronasale ON) de la souche atténuée , tous les porcs vaccinés ont survécu à un challenge infectieux. Cette protection clinique a été observée dès 2 semaines post-inoculation ; et elle a été totale : aucune signe clinique, même minime, n’a été observé. De plus, il n’y a eu aucun impact sur la croissance des animaux. Au niveau virologique, les analyses PCR de détection de Georgia se sont révélées négatives sur sang et tissu pour les porcs immunisés et soumis à un challenge infectieux 2 semaines post-inoculation. Une positivité est ressortie pour les porcs immunisé et challengés 1 mois après (amygdale, rate ou ganglion lymphatique hépato-gastrique - 4 porcs sur 12).

Côté innocuité, l’administration de la souche atténuée par la voie IM a été associée à des euthanasies (du fait de la dégradation de l’état de santé - perte de poids, difficultés respiratoires et gonflement des articulations) entre 10 et 14 jours post-inoculation (taux de survie global de 82%). Pour la voie ON, tous les porcs ont survécu à l’inoculation. Quelle que soit la voie d'administration, l’inoculation de la souche atténuée a été associée à un pic d’hyperthermie les premiers jours, et une baisse des performances de croissance.

L’analyse des réponses immunitaires a montré une séroconversion entre J7 et J11 (voie IM ou ON), ainsi qu’une réponse à médiation cellulaire à partir de J13 (puis confirmée à J27). Le niveau de la réponse à médiation cellulaire était plus élevé chez les animaux inoculés par voie ON. La virémie après inoculation de la souche atténuée était 100 à 1000 fois inférieure à celle obtenue après une infection par le virus Georgia.

Un brevet déposé

Pour les chercheurs, « la souche ASFV-989 peut être considérée comme un bon candidat vaccin en raison de sa grande efficacité à induire une protection, même par voie oronasale, ce qui ouvre la voie à son utilisation potentielle par vaccination orale dans les populations affectées par les sangliers, comme cela a été fait avec succès dans le passé en Europe occidentale pour éradiquer la peste porcine classique ». De plus, « la PCR différentielle que nous avons mise au point permettrait de différencier les animaux vaccinés des animaux infectés, ce qui constitue une étape importante dans les plans d'éradication de la faune sauvage ».

D’autres étapes restent encore à franchir pour arriver à un vaccin et à son utilisation sur le terrain. Comme il est expliqué dans le communiqué de presse, « des études sont toujours en cours, notamment pour s’assurer que cette souche atténuée ne peut pas se transmettre d’un animal à un autre ni redevenir virulente. La capacité du vaccin à empêcher les animaux vaccinés puis exposés au virus pathogène de la peste porcine africaine de retransmettre ce dernier sera également évaluée. » Il s’agira aussi de pouvoir cultiver la souche atténuée qui, rappelons-le, a été trouvée par hasard.

Par ailleurs, l’Anses a déposé un brevet, ce qui facilite maintenant les partenariats avec les acteurs privés pour un développement industriel futur du vaccin.

Plus de détails dans un prochain numéro de La Semaine Vétérinaire.

Tanit Halfon

Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application