PPA : les clôtures comme moyen de lutte - Le Point Vétérinaire.fr

PPA : les clôtures comme moyen de lutte

Tanit Halfon | 15.06.2021 à 10:29:00 |
© iStock-ClarkandCompany

Selon un avis récent de l’Efsa, l’installation de clôtures simples ou doubles, pour délimiter les élevages porcins de plein air, réduit le risque d’introduction et de propagation de la peste porcine africaine de moitié.

Dans le cadre du plan de lutte contre la peste porcine africaine en Europe, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a été sollicité pour un avis scientifique sur le risque d’introduction et de propagation de la peste porcine africaine (PPA) dans les élevages porcins de plein air, en particulier dans les Etats touchés par la maladie. Selon le rapport, on estime que 4,5% des élevages porcins européens sont des systèmes plein air (ce qui correspond à 1,9% du cheptel porcin de l’Europe), dont 70% seraient des élevages commerciaux, reflétant bien l’importance de traiter cette question. Toutefois, il n’a pas été possible pour les experts de déterminer le nombre de foyers de PPA qui ont concernés les systèmes porcins plein air, du fait d’un manque de données disponibles.

A noter que certains Etats touchés par la maladie sont allés jusqu’à interdire ces élevages : c’est le cas de l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.

La clôture est la mesure de biosécurité la plus efficace

Parmi les conclusions, il apparaît probable à très probable que dans les Etats non indemnes (cad avec des cas dans le compartiment sauvage et domestique), et qui n’ont pas mis en œuvre des mesures de biosécurité spécifiques de l’élevage plein air (associées à des contrôles), plus de 20% des élevages plein air soient touchés par la maladie. De plus, il apparaît aussi probable à très probable que l’installation de clôtures simples solides, ou doubles, dans les systèmes plein air des pays touchés, sans autres mesures associées, permettrait de réduire le risque d’apparition de foyer de plus de 50% sur une année. En cas d’installation de clôtures simples, ce risque serait très probablement réduit à moins de 30%. Lorsque ces clôtures sont associées à la mise en place d’autres mesures de biosécurité (inspection quotidienne, nettoyage et désinfection, lieu fermé pour le stockage des cadavres, retrait de la nourriture non consommée, etc) , et à leur contrôle, le risque pour un élevage plein air dans un Etat non indemne, d’être touché est encore réduit.

Au-delà de ces mesures, la question de la faisabilité est centrale, et il apparaît que leur application n’est pas aisée suivant le type d’élevage. Par exemple, l’installation de clôtures, simples ou doubles, est assez faisable dans les systèmes plein air avec accès à un extérieur ouvert (forêt, champs, pâtures…installation faisable par 40 à 80% des élevages), alors que cette mesure de biosécurité s’avère très peu applicable dans les élevages avec un plein air adjacent aux bâtiments d’élevage ( systèmes de courettes – installation faisable dans 0 à 40% des élevages), en lien avec le coût de la construction. La simple clôture apparaît, elle, beaucoup plus accessibles pour tous les types d’élevages (40 à 100% des élevages pourraient le faire).

Associer d’autres mesures plus globales

Au final, pour les experts, la décision de restreindre l’accès au plein air, ou au contraire d’accorder des dérogations à la claustration dans les pays non indemnes, serait à évaluer au cas par cas, à la condition d’avoir des pratiques adaptées de biosécurité.

A ces mesures à appliquer en élevage, les experts ont lité 15 mesures de biosécurité plus globales, pour réduire le risque d’introduction et de la propagation de la PPA en lien avec les élevages plein air (page 53 du rapport). Pour exemple, il est recommandé d’avoir un système d’enregistrement des animaux, et des différents types de systèmes d’élevage plein air (y compris des exploitations détenant uniquement des animaux sauvages, et non considérés comme des fermes d’élevage), ou encore d’organiser des formations pour les chasseurs, en particulier pour ceux qui exercent l’activité d’éleveurs porcins. A noter aussi que les experts rappellent l’existence de porcs domestiques qui peuvent aussi être concernés par la PPA, notamment dans les zones rurales ; pour ceux-là, il est nécessaire d’obtenir plus d’informations (enregistrement de la détention, caractérisation des mouvements).

Pour rappel, en France, l’arrêté du 16 octobre 2018 a rendu obligatoire un certain nombre de mesures de biosécurité pour les élevages de suidés, dans un contexte de risque d’introduction de la PPA détectée en Belgique. Il y était notamment indiqué l’obligation d’installer un système de protection pour éviter tout contact direct entre suidés domestiques et suidés sauvages. Ces systèmes ont été définis : pour les élevages de porcs plein air, il s’agit de 2 clôtures ou d’un mur plein d’une hauteur d’au moins 1,3 mètres. Pour les exploitations avec des sangliers, il s’agit d’un système de double clôture (en fait, il s’agit d’une clôture supplémentaire à celle qui était déjà rendue obligatoire depuis un arrêté de 2009). D’autres dispositions sont également détaillées pour d’autres cas de figure (parcours en rotation parcellaire, suidés dans des courettes, voies de passage de circulation des animaux…). En théorie, ces dispositions devaient entrer en vigueur au 1er janvier 2021.

Tanit Halfon
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