PPA : l’Anses pose la question de la transmission vectorielle du virus - Le Point Vétérinaire.fr

PPA : l’Anses pose la question de la transmission vectorielle du virus

Tanit Halfon | 22.05.2020 à 16:36:10 |
porc
© iStock-ChristiLaLiberte

Dans une auto-saisine, l’Agence évalue le risque de transmission du virus de la peste porcine africaine en France métropolitaine. Si les stomoxes sont identifiés comme des vecteurs mécaniques potentiels, avec un risque accru de dissémination virale lors du vide sanitaire, les données manquent encore pour conforter ce scénario.

Les arthropodes jouent-ils un rôle dans la transmission de la peste porcine africaine (PPA) ? C’est la question à laquelle a voulu répondre l’Agence nationale de sécurité sanitaire dans une auto-saisine de février dernier.  L’objectif était de procéder à un « état des connaissances sur les arthropodes susceptibles de transmettre le virus de la PPA » et d’évaluer le « risque de transmission du virus par ces arthropodes au sein des  populations de sangliers, entre sangliers et porcs d’élevage, ou entre élevages de porcs. »

Il en résulte que la probabilité la plus élevée de transmission vectorielle correspond à la situation où il y aurait un vide sanitaire suite au dépeuplement d’un élevage de porcs infectés. Le rôle des arthropodes dans la transmission intra-élevage est minime en comparaison avec la transmission par contact direct entre suidés.

Les arthropodes les plus favorables à la transmission du virus en France métropolitaine seraient les stomoxes. Ils joueraient un rôle de vecteurs mécaniques.

Vu les conclusions de l’avis, il est notamment recommandé, en cas de foyer dans un élevage, de faire une désinsectisation avant ou immédiatement après le dépeuplement, au risque que des arthropodes, potentiellement contaminés, puissent migrer vers d’autres élevages proches ou transmettent le virus à la faune sauvage. De plus, la mise en œuvre de mesures de biosécurité est essentielle pour limiter l’introduction et la prolifération d’arthropodes, par exemple en évitant le stockage de déchets (fumier et lisier) ou en couvrant les fosses à lisier, ou encore en s’assurant de la bonne réalisation du nettoyage-désinfection dans les camions transportant des suidés. Par ailleurs, l’Agence souligne aussi l’importance d’éliminer les carcasses de sangliers afin « de limiter la création de réservoirs de virus disponible pour les arthropodes au sein de la forêt. »

Ceci dit, les conclusions de l’auto-saisine comportent un niveau d’incertitude modéré à élevé, du fait notamment d’un manque de données bibliographiques sur le sujet. Des recherches sont donc encore nécessaires, en particulier pour évaluer la compétence vectorielle des vecteurs hématophages en France métropolitaine et la dose infectieuse qu’un arthropode peut transporter et transmettre. Dans ce cadre, l’Agence appelle à développer la surveillance des vecteurs à l’échelle nationale (moustiques, stomoxes, tiques, etc).

Par ailleurs, l’évaluation réalisée par l’Anses se base sur des élevages avec un parcours extérieur, ce qui n’est pas, comme le rappelle l’Agence, le cas de la majorité des élevages français. Néanmoins, dans les élevages en bâtiment, « la transmission du virus de la PPA par des stomoxes serait possible, car malgré des mesures de biosécurité, ils ne sont pas totalement protégés de l’intrusion d’arthropodes. Cependant, les probabilités de diffusion du virus seraient vraisemblablement plus faibles que celles estimées dans la présente expertise. »

Pour rappel, et comme l’indique l’Agence, « les tiques molles du genre Ornithodoros sont les seuls vecteurs biologiques avérés du virus de la PPA » et « en France métropolitaine, les tiques du genre Ornithodoros n’ont jamais été identifiées. » Par ailleurs, peu de données existent sur la transmission mécanique du virus. Dans l'avis, il est écrit que « la transmission mécanique du virus de la PPA par des stomoxes (Stomoxys calcitrans) a été démontrée expérimentalement, alors que pour les poux Haematopinus suis, une unique et ancienne publication suggère une possible transmission. »

A noter que les conclusions de cet avis ne sont valables que pour la souche virale actuellement en circulation en Europe. En cas d’introduction d’une autre souche, l’Agence précise bien qu’il faudra réviser cet avis.

Pour consulter l’avis, cliquez sur ce lien.

Tanit Halfon
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