Pollution antimicrobienne de l'environnement: un appel à l’action est lancé

"Les déchets de médicaments antimicrobiens polluent l’environnement" a déploré le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, le 2 mars 2022, dans un appel pour réduire la quantité de déchets antimicrobiens rejetés dans l’environnement. Ce dernier est composé de chefs d’État, de ministres et de dirigeants du secteur privé et de la société civile et a été créé en novembre 2020 pour accélérer, au niveau mondial, la dynamique politique, le leadership et l’action contre la résistance aux antimicrobiens (RAM). En effet, les antibiotiques, après avoir été administrées aux humains, aux animaux et aux végétaux, pénètrent dans l’environnement (y compris les sources d’eau potable) par les eaux usées et de ruissellement, se propagent et peuvent être à l'origine de résistance aux médicaments dont les antibiotiques.

Les microbes et les agents pathogènes résistants aux médicaments peuvent se transmettre entre les humains, les animaux, les végétaux et contaminer les aliments et l’environnement. La crise climatique peut également contribuer à une augmentation du phénomène de résistance. Comme l'indiquent les experts, "les maladies pharmacorésistantes contribuent à près de cinq millions de décès chaque année, et si aucune mesure n’est prise, le monde se dirigera rapidement vers un point de basculement où les antimicrobiens sur lesquels on compte pour traiter les infections chez les humains, les animaux et les végétaux ne seront plus efficaces". Comme l'a exhorté le Groupe de direction mondial sur la résistance aux antimicrobiens, il s’agit "notamment de rechercher et de mettre en œuvre des mesures visant à éliminer en toute sécurité les déchets antimicrobiens provenant des systèmes alimentaires, des systèmes de santé humaine et animale et des installations de production". Pour cela, il est nécessaire que " tous les pays améliorent les mesures de gestion et d’élimination des déchets et des eaux de ruissellement contenant des antimicrobiens issus des sites de production, des entreprises agricoles, des hôpitaux et d’autres sources". A cet égard, les pays pourraient, selon eux, élaborer et mettre en œuvre des règlements et des normes afin de mieux surveiller et maîtriser le rejet et la diffusion dans l’environnement des antimicrobiens et des organismes résistants aux médicaments.

Plusieurs pistes sont également évoquées comme, dans le secteur manufacturier, l'élaboration de normes nationales pour lutter contre la pollution générée par la fabrication d’antimicrobiens;  dans le secteur de la santé humaine et animale, l'application de lois et de politiques visant à réduire ou à éliminer l’utilisation d’antimicrobiens lorsqu’elle ne se fait pas suivant les orientations d’un prestataire de soins de santé qualifié ; dans les systèmes alimentaires, la mise en œuvre de normes pour traiter et gérer les rejets de déchets provenant des fermes d’élevage d’animaux destinés à l’alimentation, des fermes aquacoles et des champs de culture. Les investisseurs peuvent également apporter leur contribution en investissant dans la recherche-développement de technologies de gestion des déchets rentables et plus écologiques. "Bien que l’ampleur exacte de la pollution antimicrobienne à l’échelle mondiale ne soit pas connue, les données probantes indiquent qu’elle pourrait avoir des impacts significatifs sur la résistance aux antimicrobiens et dans tous les pays, les gens peuvent jouer un rôle en s’assurant qu’ils éliminent correctement les médicaments périmés et inutilisés" concluent-ils.