Plusieurs cas d’infections à Monkeypox dans le monde - Le Point Vétérinaire.fr

Plusieurs cas d’infections à Monkeypox dans le monde

Tanit Halfon

| 20.05.2022 à 17:19:00 |
© iStock-Dr_Microbe

Des cas d’infections au virus de la variole du singe ont été rapportés dans plusieurs pays européens et nord-américains. En France, un premier cas a été confirmé le 20 mai en Ile-de-France. A ce stade, l’origine de ces contaminations groupées reste inconnue.

Plusieurs cas groupés d’infections à Monkeypox (variole du singe) ont été confirmés depuis début mai, dans plusieurs pays européens et nord-américains : Royaume-Uni, Espagne, Portugal, Suède, Etats-Unis, Canada. Aujourd’hui, le 20 mai, la France a aussi confirmé son premier cas chez un homme de 29 ans vivant en Ile-de-France. Des suspicions sont en cours d’investigation dans plusieurs pays. En France, il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire ; et dans ce contexte, la surveillance a été renforcée.

Un virus zoonotique originaire d’Afrique

La variole du singe, ou orthopoxvirose simienne, est une zoonose due à un orthopoxvirus, qui ne circule pas sous nos latitudes, mais en Afrique, notamment en République démocratique du Congo où la maladie a été détectée la première fois chez un humain - un garçon de 9 ans. Elle est considérée comme endémique dans ce pays. Depuis cette première détection, plusieurs cas sporadiques ont été rapportés dans d’autres pays africains (la République du Congo, le Cameroun, la République centrafricaine, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone, le Gabon et le Soudan du Sud). Le Nigéria a connu une flambée de la maladie en 2017, et depuis le virus circule dans ce pays.

Plusieurs espèces animales peuvent être des hôtes du virus : écureuils (Funisciurus, écureuil de Smith), rats de Gambie, loirs africains et primates. 

Il s’agit d’une maladie émergente, notamment en lien avec l’arrêt des campagnes de vaccination contre la variole, amenant à une baisse de l’immunité collective contre les virus du genre orthopoxvirus.

Des précédents cas hors d’Afrique

Hors Afrique, il y a déjà eu des cas rapportés, mais jamais des signalements de cas simultanément dans plusieurs pays comme aujourd'hui.

Comme cela est expliqué dans une étude de 2020 publiée dans la revue Vaccine, en 2003, il y a eu une épidémie de Monkeypox aux Etats-Unis, en lien avec des rongeurs contaminés importés du Ghana et vendu en animalerie. 47 cas confirmés et probables ont été rapportés, sans décès, dont deux cas pourraient être liés à une transmission interhumaine. En 2018, deux cas ont été confirmés au Royaume-Uni : il s’agissait de personnes ayant séjourné au Nigeria ; une 3ième personne contact a été contaminée. En 2019, toujours au Royaume-Uni, un autre cas a été signalé en lien également toujours avec le Nigeria. En 2018, un cas a été importé en Israël, et en 2019 à Singapour, en lien ici aussi avec le Nigeria.

Pour les cas actuels, selon les premières analyses, il s’agit d’un virus appartenant au clade « Afrique de l’ouest » du virus MKP, pouvant donc suggérer un lien avec le Nigeria. Ceci dit, à ce stade, seul un cas signalé au Royaume-Uni le 7 mai a été confirmé importé du Nigeria : tous les nouveaux cas n’ont pas rapportés de voyages en Afrique ou de lien avec des personnes venant d’Afrique, ce qui est assez atypique. Plusieurs cas ont été confirmés chez des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, sans liens directs avec des personnes ayant séjourné en zone endémique.

Une maladie généralement bénigne

Tous les détails concernant la clinique, ont été publiés sur le site du ministère de la Santé. Une synthèse très complète est également disponible sur le site de l’OMS. On retiendra que la contagiosité se fait dès apparition des signes cliniques, après une période d’incubation de 5 à 21 jours. L’atteinte se caractérise par de la fièvre et surtout une éruption cutanée vésiculeuse sur la face, les mains et pieds. La maladie est généralement bénigne et guérit spontanément le plus souvent en 2 à 3 semaines. L’OMS signale un taux de létalité de 1 à 10%, avec des cas graves plus fréquemment chez les enfants en lien avec l’ampleur de l’exposition au virus, l’état de santé et la gravité des complications. « Mais avec des soins appropriés, la plupart des patients se rétablissent », est-il bien précisé. En clair, il s’agit d’une maladie fort heureusement peu grave.

A noter qu'il n’existe pas de traitement ou de vaccin spécifique mais la vaccination antivarioloique aurait une efficacité de 85% pour la prévention de la variole du singe.

Quelles perspectives d’évolution ?

Au-delà de la clinique, la question est de savoir si une évolution épidémique est possible. Selon l’OMS, « le virus se transmet principalement à partir d’animaux sauvage ». La transmission secondaire interhumain se fait par «  des contacts étroits avec des sécrétions infectées des voies respiratoires, des lésions cutanées d’un sujet infecté ou d’objets récemment contaminés par des liquides biologiques ou des matières provenant des lésions d’un patient. » Une transmission par voie placentaire est également décrite. Cependant, « la propagation par transmission interhumaine est limitée », et « rien ne permet à ce jour d’affirmer que la seule transmission interhumaine permette de maintenir l’orthopoxvirose simienne dans la population humaine. »

L’OMS qualifie toutefois la situation actuelle d’inquiétante « car certains des cas acquis dans la Région ne semblent pas être en lien avec un voyage dans des pays où l’on sait que la variole du singe est endémique. En outre, de nombreux cas ont été détectés dans des cliniques spécialisées dans les infections sexuellement transmissibles. L’étendue de la transmission communautaire n’est pas claire à ce stade, mais il est probable que d’autres cas seront recensés dans les prochains jours. »

A suivre.

Si vous voulez en savoir plus sur la variole du singe, un cours en ligne est disponible sur le site de l’OMS.

Tanit Halfon

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