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Plaidoyer pour un nouveau statut des anciens animaux de rente

Anne-Claire Gagnon

| 16.06.2025 à 12:05:00 |
© Isabeau Fronville

Le 23 avril 2025 s’est tenue une table ronde au Parlement européen, à Bruxelles, visant à réfléchir à un nouveau statut juridique pour les animaux de rente, vivant en sanctuaire. Organisée par l’association suisse Co&xister, elle était parrainée par les eurodéputés Tilly Metz, Emma Fourreau, Niels Fuglsang, Sirpa Pietikäinen et Michal Wiezik.

Une table ronde portant sur le statut juridique des animaux des sanctuaires s'est déroulée le 23 mai dernier, au Parlement européen. L’enjeu est simple pour les chevaux comme pour les lapins : du fait de l’adaptation de leur statut juridique d'animal "de rente" à celui d’animal "de compagnie", la problématique semble déjà résolue, ce qui n’est pas le cas de toutes les espèces. En effet, actuellement quand une vache maltraitée est confiée par les forces de police et de la justice à une organisation non gouvernementale (ONG), des soins lui sont prodigués au sein du sanctuaire mais elle reste sous le régime des animaux de rente, promise à l’abattage, pour la consommation de sa chair. Des animaux peuvent également être confiés à ces structures directement par les éleveurs, comme Fortuna, vache Brune des Alpes de 10 ans, incapable de marcher du fait de l’absence de soins sur ses onglons postérieurs. Virginia Markus, fondatrice du sanctuaire Co&xister, a traité ses ulcères avec patience et présenté son cas dans une courte vidéo. Un passage en hôpital vétérinaire pour sa stérilisation aurait pu coûter la vie à Fortuna, car elle a cessé de s’alimenter dès son arrivée. L’euthanasie a alors été le seul recours envisagé mais son retour au sanctuaire a été comme une renaissance. Cet épisode de dépression, se rapproche de situations comparables à ce que l’on peut observer chez certains animaux de compagnie, très attachés à leurs foyers.

Proposer des soins plutôt qu’une euthanasie

Notre confrère Bertrand Chefneux (Université de Liège, 2013) a également souligné l’absence de formation des vétérinaires à considérer veaux, vaches et cochons comme des individus dignes de soins, et non comme des troupeaux, contraints à des objectifs de rentabilité : « L’euthanasie est le moyen de détruire en douceur des animaux qui ne sont plus rentables » insiste-t-il. Néanmoins, lorsque ces poules, vaches et cochons ont un statut d’animal de compagnie pour leurs détenteurs, leur prise en charge doit être considérée autrement. Récemment contacté par une dame pour le suivi de deux vaches domestiques, pour lesquelles il a sollicité son habilitation sanitaire et réalisé les prises de sang réglementaires, il a adressé un appel à l’administration pour que veaux, vaches et cochons puissent, comme les chevaux, avoir accès à toute la pharmacopée, et aux laboratoires pharmaceutiques vétérinaires pour que les présentations soient adaptées à une approche individuelle (vaccins en particulier).

Des évolutions règlementaires nécessaires

Un des premiers signes de négligence pour un éleveur est l’absence de boucle sur ses animaux. Or l’identification physique de ces derniers est une obligation réglementaire dont le non-respect peut avoir pour conséquence l’euthanasie des animaux non identifiés. Selon Jimmy Gouedard, directeur adjoint de l’Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA) : « On nous demande à nous, OABA, et à vous, les vétérinaires, d’euthanasier des animaux en bonne santé. Ce n’est pas normal ». En conséquence, il explique l’alternative retenue : identifier ces animaux avec une boucle illisible en abattoir afin de les exclure du circuit de la consommation humaine. Ceci permet d’une part, d’éviter leur euthanasie et d’autre part, de garantir la sécurité des consommateurs en cas d’abattage. « Créer ce statut pour les animaux des sanctuaires, c’est participer au respect du vivant et faire preuve d’humanité » conclut-il. Niels Fuglsang, Président du groupe « bien-être et protection des animaux », s’est dit ému par les cas rapportés et a souhaité que cette requête soit rapidement adoptée, pour que tout le monde en bénéficie, animaux et humains.

Anne-Claire Gagnon

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