Phytothérapie pour les ruminants : Quel avenir ? - Le Point Vétérinaire.fr

Phytothérapie pour les ruminants : Quel avenir ?

Chantal Béraud | 11.10.2018 à 10:43:43 |
Des plantes pour la phytothérapie
© Nikolay_Donetsk-istock

Face à une demande grandissante des agriculteurs et dans un objectif de lutte contre l’antibiorésistance, la phytothérapie pour les ruminants n’a plus vocation à s’adresser aux seuls élevages bio. D’abord réservé à des vétérinaires pionniers, son exercice est en train de se répandre. Néanmoins, les années prochaines seront cruciales en matière législative et de recherches pour confirmer ou pas cette évolution. Quant à l’algothérapie, même si elle est déjà utilisée, elle n’a pas encore livré toutes ses richesses.

En 2017 a été créée l’Association française des vétérinaires phytothérapeutes (AFVP). Aujourd’hui forte d’une centaine d’adhérents, elle est présidée par Patrick Conesa, praticien canin à Corbas (Rhône). « Ce n’est qu’au courant du xxe?siècle que cette médecine par les plantes a été balayée par l’industrie chimique, rappelle-t-il. C’est dommage, car ce secteur commençait à s’organiser et à avoir des connaissances équivalentes à celui de l’emploi des molécules chimiques. » Aujourd’hui cependant, un retour en grâce semble se dessiner pour cette pratique. « Un énorme progrès a été fait avec la création, en 2017, du diplôme interécoles de phytothérapie vétérinaire, confirme Patrick Conesa. Mais pour que celle-ci progresse en milieu rural, il faut qu’elle évolue sur le plan législatif, notamment concernant les limites maximales de résidus (LMR). » 
Quant à l’évolution de la recherche, une réunion avec différents partenaires, dont l’Académie vétérinaire de France et les écoles vétérinaires, doit se tenir le 11 décembre prochain, à Nantes (Loire-Atlantique). « On ne peut pas en effet procéder comme pour des molécules chimiques, puisqu’en phytothérapie la recherche en double aveugle, molécule par molécule, est impossible, commente Patrick Conesa. Les bases de cette recherche doivent donc évoluer. » Le défi en la matière est aussi de parvenir à ce que des industriels financent des études sur des extraits de plantes qui présentent un réel intérêt pour améliorer la santé des animaux ! « Par ailleurs, complète Patrick Conesa, il faut parvenir à créer une trame commune, agréée par l’ensemble de la communauté scientifique, pour que tout le monde (laboratoires, associations, vétérinaires, etc.) effectue des évaluations cliniques en partant d’une même trame, afin de pouvoir évaluer les effets positifs et négatifs des traitements appliqués. Car même si des publications existent déjà, il est nécessaire de les multiplier, de passer à une plus grande échelle, de manière à créer des cadres factuels où l’on pourra vraiment scientifiquement débattre. »

Retrouvez l'intégralité de cet article en pages 50-56 de La Semaine Vétérinaire n° 1780.

Chantal Béraud
1 commentaire
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pienoir le 11-10-2018 à 21:07:46
Il serait temps d'établir un distingo entre les monogastriques et les polygastriques... Faire l'apologie de la phytothérapie chez les ruminants (des bêtes avec un rumen qui contient 10^12 bactéries/ml de jus & 10^5 protozoaires/ml de jus qui s'attaquent à pas mal de constituants végétaux) ne doit pas être facile dès lors qu'on tient à rester au plus près des préceptes de l'EBM (evidence based medicine) qui est le crédo des scientifiques du monde entier et même celui du ministère de l'agriculture. Avec les ruminants le problème est triple : les principes actifs sont très souvent dégradés dans le rumen, leur quantité dans les préparations est très souvent négligeable au regard du poids des animaux & il n'y a aucune preuve de leur efficacité puisque par principe, il n'y a pas d'AMM. Les quelques études encadrées sur les huiles essentielles (quid de leur pénétration transcutané sur le cuir dorsal d'un bovin ?) sont non concluantes sur leur efficacité.
Les allégations, voire les incantations ne remplacent en aucun cas les preuves scientifiques de leur activité. Pour les monogastriques bipèdes, la sécu ne rembourse pas et ça n'est pas par hasard.
"Ça n'est pas parce qu'on a envie d'y croire que ces produits sont efficaces", n'en déplaise à leurs promoteurs. Le sort de l'homéopathie en médecine humaine semble se jouer sur son effet placébo démontré.
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