Perte de biodiversité : la FAO s’alarme - Le Point Vétérinaire.fr

Perte de biodiversité : la FAO s’alarme

Clothilde Barde | 25.02.2019 à 11:01:47 |
biodiversite
© Dejan Kolar - istock

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte, dans un rapport publié le 22 janvier dernier, sur le risque de pénurie alimentaire mondiale en raison de la diminution de la biodiversité dans l’agriculture et l’alimentation.

« La biodiversité qui sous-tend nos systèmes alimentaires est en train de disparaître, menaçant gravement l'avenir de notre alimentation, de nos moyens de subsistance, de notre santé et de notre environnement ». Tel est le constat alarmant dressé par la FAO dans un rapport publié le 22 février dernier. Il s’agit de la première fois que l’état de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture, soit l’ensemble des plantes et des animaux qui fournissent de la nourriture aux humains, des aliments pour les animaux, des combustibles et des fibres mais aussi la «biodiversité associée» qui soutient la production alimentaire par le biais de services écosystémiques, est évalué. Pour cela, les informations fournies par 91 pays et les dernières données mondiales connues sur l’état de la biodiversité ont été analysées par l’organisation.
Menace sur la sécurité alimentaire
Comme l’a rappelé José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, « en plus de notre dépendance pour nous nourrir, cette biodiversité est nécessaire pour que l’agriculture soit efficace face aux défis croissants du changement climatique et qu’elle limite son impact environnemental ». En effet, «moins de biodiversité signifie que les plantes et les animaux sont plus vulnérables aux parasites et aux maladies (…) ce qui met en péril notre sécurité alimentaire déjà fragile», a-t-il expliqué.
Une biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture gravement menacée
Or, le constat est sans appel: la biodiversité s’érode de plus en plus. On observe selon le rapport « une réduction de la diversité végétale dans les champs des agriculteurs, une augmentation du nombre de races d’élevage menacées de disparition ainsi qu’une hausse de la proportion de stocks de poissons surexploités ». Ainsi, sur les 6 000 espèces de plantes cultivées à des fins alimentaires, moins de 200 contribuent de manière substantielle à la production alimentaire mondiale et neuf d'entre elles seulement représentent 66% de la production agricole total. De plus, la production animale mondiale repose sur environ 40 espèces animales, dont une poignée seulement fournit la grande majorité de la viande, du lait et des œufs. Près du tiers des stocks de poisson sont surexploités et plus de la moitié ont atteint leur limite de résistance. Enfin, une grande proportion, certainement sous-estimée, des espèces d'aliments sauvages et de nombreuses « espèces associées à la biodiversité » sont également gravement menacées.
Principales causes d'érosion de la biodiversité
Pour expliquer ce phénomène, le rapport donne certaines pistes. Ainsi, les changements dans l'utilisation et la gestion des terres et de l’eau, suivis par la pollution, la surexploitation et la surpêche, le changement climatique, la croissance démographique et l'urbanisation peuvent être mis en cause. De plus, en ce qui concerne la « biodiversité associée », alors que toutes les régions signalent l'altération et la perte de l'habitat comme une menace majeure, d’autres facteurs clés varient d'une région à l'autre (braconnage en Afrique par exemple).
Les pratiques favorables à la biodiversité sont en hausse
Toutefois, les pratiques respectueuses de la biodiversité comme l’agriculture biologique, la lutte antiparasitaire intégrée, l’agriculture de conservation, l’agroécologie, les pratiques de diversification en aquaculture ou la gestion durable des écosystèmes (sur site et hors site) se multiplient selon le rapport (80% des 91 pays déclarants). Ces pratiques sont encourageantes mais il reste quand même encore beaucoup à faire pour mettre fin à l’érosion de la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture indique aussi la FAO.
Comment inverser la tendance ?
En effet, les cadres juridiques, politiques et institutionnels pour l'utilisation durable et la conservation de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture mis en place par la plupart des pays sont souvent inadéquats ou insuffisants. De plus, « des efforts plus importants doivent également être déployés pour améliorer l'état des connaissances, car de nombreuses lacunes en matière d'information subsistent, en particulier pour les espèces associées à la biodiversité ». Enfin, « les possibilités de développer plus de marchés pour des produits respectueux de la biodiversité pourraient être explorées davantage ». Selon les rapporteurs, les gouvernements devraient se saisir du problème en « promouvant les initiatives en faveur de la biodiversité et en s'attaquant aux principaux facteurs de perte de la biodiversité ». Le grand public pourrait contribuer à réduire les pressions sur la biodiversité pour l’alimentation et l’agriculture en optant pour des produits cultivés de manière durable par exemple et certains  «citoyens scientifiques» pourraient s’organiser pour surveiller l’évolution de la biodiversité.

Clothilde Barde
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