Pays-Bas : une contamination possible au Covid-19 de visons à l'homme dans un élevage - Le Point Vétérinaire.fr

Pays-Bas : une contamination possible au Covid-19 de visons à l'homme dans un élevage

Bénédicte Iturria | 22.05.2020 à 09:00:00 |
Vison
© Konstantin Sokolov-Istock

Au Pays-Bas, une contamination possible au Covid-19 de visons à l'homme est suspectée dans un élevage.

Suite à la découverte aux Pays-Bas fin avril de cas de contamination par le Covid-19 de visons dans des élevages (actuellement quatre établissements en Brabant Septentrional), des recherches ont été menées pour mieux comprendre le virus, son mode de transmission et sa propagation dans l'environnement. Sur la base de nouveaux résultats, l’institut national de la santé publique et de l'environnement (RIVM), les experts vétérinaires et les chercheurs concluent qu’il est plausible qu'un humain ait pu être infecté par un vison. L’annonce a été faite dans le bulletin du ministère de l’agriculture du 19 mai. 

Le code génétique du SRAS-CoV-2 a été identifié chez de nombreux sujets Covid-19 humains et animaux. Le virus mute relativement rapidement. Ces changements dans le code génétique peuvent être suivis. En comparant les codes génétiques des isolats viraux de différents animaux et humains entre eux, il est possible d’établir un arbre généalogique et d’obtenir une visualisation de la façon dont les personnes et les animaux ont été infectés dans le temps et l’espace. Cette méthode a été appliquée sur les visons et les humains infectés dans les élevages. Il a été démontré que le virus détecté sur l’un des employés présente des similitudes avec le virus trouvé chez un vison dans la même ferme. Sur la base de la comparaison mutuelle et de la position des isolats viraux dans l'arbre généalogique, l’étude a conclu qu'il est plausible que l’employé (qui a depuis guéri) ait été infecté par un vison. Pour clarifier cela, les chercheurs sont en train de cartographier davantage « l'arbre généalogique génétique » des personnes infectées au sein de l'élevage de visons afin d'obtenir la représentation la plus complète possible. La ministre de l’agriculture Carola Schouten ne pense pas qu'il y ait lieu de paniquer. Elle soutient que le risque « que les gens s'infectent mutuellement avec le virus est beaucoup plus grand que la possibilité d'infection de l'animal à l'homme ».

Le RIVM a indiqué que le risque d'exposition des personnes au virus à l'extérieur de l’élevage est toujours négligeable. L’institut avait effectué une étude en prélevant des échantillons d'air et de poussières. Dans les premiers échantillons collectés la dernière semaine d’avril, le virus a été trouvé sur des particules de poussière dans le bâtiment à proximité immédiate des visons. Aucun virus n'a été trouvé à l'extérieur du local. Dans la deuxième série d'échantillonnages réalisée la semaine suivante, nulle de trace du virus dans les particules de poussière dans l'air à l'intérieur ou à l'extérieur de l’élevage. Sur la base de ces résultats, le premier avis du RIVM de ne pas circuler dans une zone de 400 mètres autour des élevages de visons infectés est donc caduque. Les maires des communes concernées ont indiqué qu'ils lèveraient la fermeture de la voie publique pour les cyclistes et piétons dans ce périmètre, mesure qui avait été prise en attendant les conclusions des analyses.

Des recherches supplémentaires ont également montré que les visons peuvent être infectés par le Covid-19 sans présenter de symptômes. L’ensemble de ces nouveaux résultats ont motivé le ministère à classer l’infection par le SRAS-CoV-2 chez le vison d’élevage comme maladie animale infectieuse, conformément à l'article 15 de la Loi sur la santé et le bien-être des animaux. Cette désignation permet de prendre des mesures supplémentaires pour les élevages de visons. Actuellement les éleveurs, les vétérinaires et les personnes des instituts de recherche doivent obligatoirement faire une déclaration à l'autorité néerlandaise chargée de la sécurité des aliments et des produits de consommation (NVWA) s’ils observent des troubles respiratoires chez des mustélidés et une augmentation de la mortalité. Par mesure de précaution et pour éviter une éventuelle propagation du virus à d'autres exploitations, les animaux et le fumier ne doivent pas quitter les exploitations infectées. Désormais le dépistage (par recherche d’anticorps) est rendu obligatoire dans tous les élevages de visons des Pays-Bas. Cette action est coordonnée par la NVWA. Si une infection est détectée dans une entreprise, les employés sont invités à utiliser un équipement de protection individuel pendant leur travail. Les bâtiments infectés sont interdits aux visiteurs. L’évolution des contaminations dans les élevages de visons est suivie de très près par divers groupes de recherche afin de déterminer si les infections disparaissent ou si elles restent dormantes dans les élevages. Cette recherche est nécessaire pour mieux comprendre si le virus persiste dans les fermes. La ministre de l’agriculture  a déclaré : « ces nouveaux résultats de recherche ont un impact majeur sur les propriétaires, les familles et les employés des entreprises de visons ainsi que sur les communautés locales. Je suis donc en contact étroit avec toutes les parties concernées ». 

Les recherches actuelles montrent aussi que les virus de deux des élevages de visons infectés sont très similaires. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. Des anticorps ayant été mis en évidence chez 3 chats sur les 11 testés dans l'une des entreprises infectées, le ministère souhaite étudier davantage le rôle des chats de ferme dans la transmission potentielle du virus entre les élevages même si, selon le RIVM les risques de transmission par les félins sont très faibles. Ces chats de ferme ne sont pas socialisés. Le temps de l’ enquête, il est conseillé aux élevages de visons infectés de veiller à ce que les chats ne puissent pas entrer ou sortir des locaux des entreprises. Des recherches supplémentaires sont en cours sur les chats présents dans les autres élevages concernés. 

En ce qui concerne les animaux de compagnie, la ministre a signalé le 15 mai 2020 que des anticorps anti-Covid-19 ont été trouvés chez un chien, un bouledogue américain de 8 ans. Le chien a eu des troubles respiratoires et a du être euthanasié le 30 avril en raison de l'aggravation de ses symptômes. Le propriétaire de l’animal est un patient Covid-19. On ne sait pas si les difficultés respiratoires du chien étaient le résultat d'une infection par le SRAS-CoV-2 ou dus à d'autres affections. La découverte d'un chien infecté par le virus est une première aux Pays-Bas. Auparavant, deux chiens ont été testés positifs à Hong-Kong. 
Pour obtenir une meilleure évaluation des suspicions de Covid-19 chez les animaux, les vétérinaires et les laboratoires sont invités à signaler les résultats de tests positifs à la NVWA. Le RIVM a mis à la disposition des propriétaires sur son site, un ensemble de mesures à respecter envers un animal de compagnie lorsque une personne du foyer est atteinte par le coronavirus.

Bénédicte Iturria
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