Pays-Bas : un second cas probable de contamination au Covid-19 de visons à l’homme - Le Point Vétérinaire.fr

Pays-Bas : un second cas probable de contamination au Covid-19 de visons à l’homme

Bénédicte Iturria | 28.05.2020 à 09:23:23 |
Vison
© BirdImages-Istock

Ce second cas probable renforce l’inquiétude des vétérinaires et de la classe politique.

La ministre de l’agriculture Carola Schouten a annoncé le 25 mai 2020 un second cas de contamination possible au Covid-19 de l’animal à l’homme dans un autre élevage de visons. « Très récemment, un deuxième cas est apparu dans l’un des élevages de visons infectés. Le plus probable est que le SARS-CoV2 ait été transmis du vison à l’homme. Le cas est semblable au précédent » a-t-elle ainsi déclaré. Le virus a été détecté chez trois employés dans l'entreprise concernée. Selon le ministère, il est plausible qu’au moins l'un d'entre eux ait été infecté par un vison, d’après, entre autres, une analyse du code génétique du virus (très similaire aux codes génétiques des virus trouvés chez les visons de l'entreprise concernée). Il n'est pas possible de déterminer à partir des données disponibles si les autres personnes ont également été contaminées par un mustélidé.

L'infection s'est apparement produite avant de savoir que des visons étaient infectés dans cette ferme, quand le personnel ne portait pas encore de vêtements et de masques de protection. Selon l’institut national de la santé publique et de l'environnement (RIVM), la contamination peut être évitée grâce à l'utilisation correcte d'équipements adéquats.

Suite à la découverte du premier cas d’infection plausible vison-humain, les chercheurs ont entrepris de cartographier plus précisément « l'arbre généalogique génétique » des personnes positives dans l'environnement autour de la ferme de visons concernée. Aucun virus avec un code génétique correspondant à celui de l'élevage n'y a été retrouvé. Cela permet aux chercheurs de conclure qu'une contamination du vison à l'homme est possible. Idem pour la seconde ferme où est apparu le nouveau cas. Les trois codes génétiques trouvés chez les employés de cette société ne correspondent pas aux codes génétiques connus des virus des patients Covid-19 aux alentours et aux Pays-Bas.

Cette annonce a provoqué de nouvelles inquiétudes chez les vétérinaires qui visitent régulièrement les élevages de visons infectés. La semaine précédente, par le biais d’une lettre adressée à la ministre, ces confrères avaient déjà fait part de leurs préoccupations pour la santé publique et le bien-être des animaux. Dans cette missive ils critiquaient notamment les enquêtes sur les risques de contamination et les messages « rassurants » du ministère minimisant les risques pour la santé publique. Selon les praticiens, les études dans les élevages infectés ont été réalisées alors que la densité d’animaux dans les bâtiments était encore minime. Les naissances se déroulent  en effet en avril et en mai, accroissant la population de visons dans les fermes. Les animaux étant enfermés les uns à côté des autres, les infections risquent d’augmenter maintenant que les femelles ont mis bas et que le nombre d'animaux a quintuplé. De plus les contacts rapprochés entre les employés et les mustélidés s’intensifient en cette période.

Le lendemain de l’annonce du second cas probable, de nombreux députés de différents partis politiques ont également manifesté leurs craintes en session parlementaire. Lors d'une audition spéciale au parlement, les scientifiques ont qualifié le rôle des animaux dans la pandémie de « encore insignifiant » mais ont souligné « qu'il faut éviter qu’ils ne deviennent un réservoir ». Les partis D66, GroenLinks, SP, PvdA et le Partij voor de Dieren, qui s'opposent à l'élevage de visons pour la fourrure depuis des années, considèrent la situation comme dangereuse. Certains députés demandent de « vider ces élevages ».
Face à ces réactions, la ministre a déclaré attendre les résultats des recherches épidémiologiques vétérinaires qui devraient arriver à la fin de la semaine. Si la santé publique et la santé animale sont menacées par la contamination au coronavirus dans des élevages, tous les visons, y compris ceux en bonne santé, seront abattus a-t-elle ainsi expliqué aux députés. « Il s’agit du recours ultime en cas de grand risque […]. Une telle décision doit être bien étayée » a rajouté Schouten. Selon la ministre, il n'est pas légalement possible de fermer toutes les fermes de visons de façon anticipée, comme le souhaitent certains partis. Elle doit se conformer à la loi qui stipule que ces 128 fermes à fourrures  peuvent continuer d'exister jusqu'au 1er janvier 2024, date à laquelle l'élevage de visons sera officiellement interdit aux Pays-Bas. 

Bénédicte Iturria
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