Pays-Bas : deux élevages de visons touchés par le Covid-19 - Le Point Vétérinaire.fr

Pays-Bas : deux élevages de visons touchés par le Covid-19

Bénédicte Iturria | 28.04.2020 à 15:42:28 |
Vison
© Konstantin Sokolov-Istock

Le 26 avril 2020, la ministre de l’agriculture, Carola Schouten a fait parvenir une lettre au président de la chambre basse néerlandaise faisant état de contaminations de visons par le Covid-19 dans deux élevages à Gemert-Bakel et à Laarbeek dans le Brabant Septentrional.

Ces fermes qui comptent respectivement 13000 et 7500 visons adultes, se situent dans une des régions les plus durement touchées par l’épidémie, qui a tué à ce jour plus de 4500 personnes aux Pays-Bas. Le 23 avril 2020, le service de santé animale (GD) a signalé à l’autorité néerlandaise chargée de la sécurité des aliments et des produits de consommation (NVWA) qu’un diagnostic de SRAS-CoV-2 avait été fait sur trois visons d’un élevage de Gemert-Bakel. Les animaux ont été autopsiés car ils avaient des troubles gastro-intestinaux et respiratoires. La NVWA a demandé au GD d'envoyer les prélèvements à l’institut de recherche Wageningen Bioveterinary Research (WBVR). Des tests de confirmation y ont été effectués le 24 avril et la contamination par le SRAS-CoV-2 ainsi établie. Une enquête a été lancée pour déterminer la source des infections. Le ministère suppose qu’il s’agit d’une contamination humaine à animale, car certains employés des deux sociétés présentaient des symptômes du coronavirus.

La ministre Schouten a immédiatement annoncé des mesures. Une obligation de déclaration a été introduite pour les éleveurs de visons, les vétérinaires et les personnes travaillant dans les établissements de recherche. S'il y a des troubles respiratoires et une mortalité accrue chez les visons, cela doit être signalé à la NVWA. Pour éviter une éventuelle propagation du virus à d'autres exploitations, les animaux et le fumier ne doivent pas quitter une exploitation infectée. Étant donné que les autres animaux d'élevage ne semblent pas sensibles au virus, cette obligation de signalement n'est imposée actuellement qu'aux visons.

Une enquête approfondie a été mise en place pour comprendre l’évolution de la maladie dans les élevages infectés et la vitesse à laquelle le virus se propage parmi les visons en période de reproduction. Des échantillons ont été prélevés sur des animaux malades pour étudier le virus ainsi que des échantillons de sang sur les animaux en bonne santé pour vérifier la présence d’anticorps. Ces éléments seront utilisés par exemple pour évaluer si les animaux asymptomatiques peuvent également être infectés. Les chats présents dans ces fermes pourront aussi être examinés car également sensibles au Covid-19. Bien qu'il ne semble pas que le virus se propage sur de longues distances, des échantillons d'air et de poussière ont été recueillis à proximité des deux entreprises pour des examens. Sur les conseils de l’institut national de la santé publique et de l'environnement (RIVM), la voie publique autour des deux fermes est fermée dans un rayon de 400 mètres aux cyclistes et aux promeneurs jusqu'à ce que les résultats de cette analyse soient connus. Il s'agit d'une mesure de précaution, car selon le RIVM, sur la base des connaissances actuelles sur le Covid-19, les élevages de visons ne présenteraient pas de risque de propagation aux humains. Les résultats de la recherche sur l’air et les poussières sont attendus dans deux semaines. L’étude complète devrait être terminée d’ici la fin du mois de mai. Les conclusions seront transmises à la chambre basse à ce moment là. Le ministère pourrait communiquer plus tôt si entre temps des résultats intermédiaires révélaient des éléments importants pour l’avancée des connaissances sur le virus.

Pour la WBVR rien n'indique que les animaux de compagnie ou les animaux d'élevage soient une source d'infection pour les humains. Quelques cas d'animaux de compagnie infectés sont recensés dans le monde, mais cela a toujours été d’humain à animal et non l'inverse.

Bénédicte Iturria
1 commentaire
avatar
Jean-Baptiste Hanon, Vétérinaire le 29-04-2020 à 16:42:53
Les Pays-Bas sont décidément très fort en élevage industriel ! Après les exploitations caprines concentrant plusieurs milliers de chèvres ayant entraîné une grave épidémie de Fièvre Q aux Pays-Bas de 2007 à 2011, on découvre maintenant des élevages de visons concentrant plusieurs dizaines de milliers d'animaux élevés et sacrifiés pour leur fourrure avec tout ce que cela implique en termes d'éthique, de bien-être animal et de risques sanitaires.
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application