One health : une approche pour combattre les zoonoses et lutter contre l’antibiorésistance - Le Point Vétérinaire.fr

One health : une approche pour combattre les zoonoses et lutter contre l’antibiorésistance

Michaella Igoho-Moradel

| 13.07.2022 à 15:30:00 |
© RolfAasa

Face au risque de zoonoses virales et à la montée de la résistance bactérienne aux antibiotiques, des  experts internationaux appellent à soutenir le développement d’approches transdisciplinaires pour appliquer le concept One Health.

Le 23 juin 2022, l’InterAcademy Partnership (IAP) et la Fédération des académies européennes de médecine (FEAM) ont organisé une conférence internationale sur le thème : « Combattre les zoonoses et lutter contre la résistance aux antimicrobiens (RAM) sur la planète avec une approche One Health ». Cet événement hybride a réuni des centaines de participants dont des experts mondiaux qui tour à tour ont partagé des pistes de réflexion pour soutenir le développement d’approches transdisciplinaires pour appliquer le concept One Health.

Zoonoses et facteurs environnementaux

 Lors de la première table ronde dédiée aux zoonoses et aux facteurs environnementaux, Stéphane de la Rocque, vétérinaire, parasitologue et membre de l’Académie vétérinaire de France, a rappelé qu’un engagement à l’international est indispensable pour trouver les outils et les technologies afin que les parties prenantes coopèrent ensemble. Pour le professeur Serge Morand, biologiste au CIRAD, il y a urgence d’agir. « Dans le contexte de la mondialisation, nous devons aborder tous les secteurs : santé animale, santé humaine, santé environnementale. Il n'y a jamais eu autant de menaces émergentes qui doivent être traitées de toute urgence ! » Il ajoute que la santé de l'environnement et des écosystèmes est à la base de l'approche One Health. « Nous devons comprendre comment la perturbation des écosystèmes impacte les voies de transmission des virus. Nous devons y travailler plus localement. » Le professeur Jean-François Mattei, ancien ministre de la santé, a rappelé que les humains, les animaux et les plantes partagent les mêmes molécules d'ADN. « Le message clé devrait être Une vie : Une santé. Nous avons besoin d'un changement de culture dans la science et dans la population en général. »

Relever le défi de l’antibiorésistance

Une seconde table ronde a été dédiée à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts afin d’endiguer ce phénomène. Dominique Monnet, chef de section Résistance aux antimicrobiens et infections nosocomiales, à l'European Centre for Disease Prevention and Control (ECDC), a souligné la baisse lente et progressive de l'utilisation des antibiotiques dans l'Union européenne. Il a rappelé l’importance  des programmes éducatifs pour maintenir cette tendance. Un avis partagé par Alison Holmes, professeure de maladies infectieuses et directrice de l’unité de recherche sur la protection de la santé à l’Imperial College de Londres, qui indique qu’il est nécessaire de titer les leçons de la crise Covid-19 et réfléchir à la manière dont elles peuvent être utilisées pour relever le défi de la résistance aux antimicrobiens. Il est important « d'investir d'abord et avant tout dans les personnes. » Les intervenents ont aussi insisté sur la dimension internationale de cette problématique. Gian Maria Rossolini, Université de Florence Piastra dei Servizi Unité de microbiologie clinique et de virologie, a exprimé sa préoccupation face à l'urgence de la résistance aux antimicrobiens, en particulier dans les pays pauvres où l’antibiorésistance est plus forte.

Une nécessaire volonté politique

Une dernière table ronde s’est intéressée à la façon dont l’approche One health peut aider à relever tous ces défis. Anne-Claire Amprou, déléguée interministérielle française pour la négociation d’un accord international sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies, a évoqué les négociations en cours pour un accord de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur les pandémies : « Le 1er décembre 2021, nous avons créé une institution intergouvernementale pour préparer un futur accord international sur la prévention, la préparation et la réponse à la pandémie. » De son côté, Yodi Mahendradhata, Faculté de médecine, de santé publique et de soins infirmiers (Indonésie) a souligné l'importance de la sensibilisation, de l'intégration du concept One health dans la prévention, dufinancement et de la surveillance des pandémies. Enfin, le professeur Antoine Tesnière, directeur du Campus ParisSanté, Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en France a indiqué : « Nous pouvons évidemment proposer des solutions innovantes, mais en fin de compte, il faut un effort international concerté et la volonté politique de changer. » En conclusion de la table ronde finale, Jean-François Mattei a appelé à une meilleure collaboration au niveau national entre les ministères (environnement, vétérinaire et santé).

Michaella Igoho-Moradel

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