Ne tirez pas sur les canards sauvages - Le Point Vétérinaire.fr

Ne tirez pas sur les canards sauvages

09.01.2012 à 06:00:00 |
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En 2006, un pic de mortalité dû à l’influenza aviaire hautement pathogène de sous-type H5N1 a suscité la panique.

Avec 50 pays infectés par le virus, les oiseaux migrateurs étaient dans le collimateur pour leur rôle dans sa diffusion mondiale. Depuis 2005, 500 000 volatiles sauvages ont été capturés dans le monde et testés vis-à-vis du virus H5N1 HP, et 45 000 (dont 10 000 oiseaux sauvages) dans le cadre du projet Gripavi*. Ce dernier a tenu sa conférence de clôture du 22 au 24 novembre 2011 au Cirad**, à Montpellier.

« Nous n’avons jamais trouvé d’oiseaux sauvages infectés qui soient asymptomatiques, sauf dans une quinzaine de cas, et aucun réservoir sauvage hautement pathogène. En revanche, nous avons observé de la mortalité chez les oiseaux sauvages », constate Nicolas Gaidet, de l’unité de recherche “animal et gestion intégrée des risques” (Agirs) du Cirad.
En 2007, ce centre de recherche a mis en place un programme sur 4 ans (Gripavi) financé par le ministère des Affaires étrangères et européennes, pour étudier l’écologie et l’épidémiologie de la grippe aviaire dans les pays du Sud.
« Nous avons beaucoup de résultats sur les mécanismes et les voies de transmission », résume François Roger, directeur de l’unité de recherche Agirs du Cirad. Grâce à la télémétrie satellite, les chercheurs ont pu suivre les déplacements d’oiseaux sauvages et déterminer la distance maximale que ces volatiles étaient capables de couvrir. Résultat : sur un intervalle de temps de 4 jours en moyenne, certaines espèces sont capables de parcourir jusqu’à 2 000 km et (potentiellement) de disperser le virus. « Dans la réalité, la probabilité est faible, car cela sous-entendrait qu’à chaque grand déplacement le virus est présent là où ils se posent. Ce n’est pas le cas et les oiseaux font peu de grands voyages dans l’année », observe Nicolas Gaidet.

Si des origines multiples de la contamination ne sont pas toujours faciles à déterminer, comme au Cambodge, les relevés sur le terrain ont permis de mesurer le rôle des pratiques sociales culturelles ou commerciales (importations illégales de volailles domestiques comprises), la densité animale, etc. C’est le cas notamment des marchés et des vendeurs au Vietnam, où “circulent” 250 millions de volailles domestiques par an. « La zone est favorable, il y a de l’eau, des rizières et des espèces réceptives comme les canards en forte densité », explique Stéphanie Desvaux, chercheur au Cirad. Il en est de même en Thaïlande.
Contrairement à l’Asie, le virus H5N1 HP n’a pas eu le même impact en Afrique, même au plus fort de la crise. « Hormis l’Égypte où le virus connaît une forme endémique, le continent n’a été que peu concerné, car il manque d’eau et les canards y sont peu fréquents », explique François Roger.

Myriem Lahidely

* Projet Gripavi : écologie et épidémiologie de la grippe aviaire et de la maladie de Newcastle dans les pays du Sud

** Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement

Pour plus d’informations, voir La Semaine Vétérinaire n° 1477 du 6 janvier 2012 en page 19

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