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Mobilisation en faveur des grands singes

Clothilde Barde | 18.04.2018 à 12:47:43 |
singe
© robas - iStock

La protection des grands singes menacés d’extinction, cause bien connue, a mobilisée des personnalités le 9 avril dernier à Paris afin d’obtenir une intervention d’urgence du gouvernement français.

Bien qu’étant nos plus proches parents dans le monde animal, les grands singes voient leur population se réduire inexorablement d’année en années. Afin d’interpeller le gouvernement à ce sujet, la primatologue, Sabrina Krief, professeure au Muséum national d’Histoire naturelle et spécialiste de l’écologie des grands singes, a réuni le 9 avril dernier au Musée de l’Homme à Paris plusieurs personnalités autour d’elle (Nathalie Baye, Laurence Parisot, Patrick Roger et Yann Wehrling). La mise en place d’un plan d’urgences au niveau national, pour aider à la protection des grands singes face aux menaces d’extinction, a ainsi été réclamée à cette occasion. 
 
Des chiffres alarmants 

Selon une étude datant de janvier 2017 (Science Advances le 18 janvier 2018), 75 % des populations de primates ont connus une réduction de leurs effectifs au cours des 50 dernières années. Et l’impact des activités humaines n’est pas négligeable: 60 % des 500 espèces de primates présentes à travers le monde sont menacées d’extinction suite à une intervention humaine.
La dernière liste de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN), mise à jour en septembre 2016, confirme ces chiffres alarmants: au sein des primates, les sept espèces de grands singes (deux espèces de gorilles, deux espèces de chimpanzés, trois espèces d’orang-outans) vivant uniquement dans les forêts tropicales d’Afrique et d’Asie du Sud-Est sont menacées de disparition dans un futur proche.
En cause, des menaces multiples, dont le poids n’a cessé de s’accroître au fil des années, et qui souvent s’additionnent. Un état des lieux a ainsi été dressé lors de cette manifestation et des propositions de solutions concrètes ont été faites.

Une perte d’habitat continue
Les forêts tropicales sont l’unique milieu de vie des grands singes. Pourtant, elles disparaissent aujourd’hui à un rythme effréné. Le chiffre de 10 millions d’hectares détruits chaque année est ainsi évoqué, soit l’équivalent d’un terrain de football toutes les 30 secondes. Première incriminée, la demande effrénée de produits agricoles (soja, huile de palme, sucre de canne, riz, etc.). En effet, ces habitats sont remplacés le plus souvent par des monocultures industrielles (palmiers à huile, canne à sucre, thé... ) qui anéantissent la biodiversité végétale et animale qui y vivait. L’exploitation forestière, l’élevage, la construction routière et ferroviaire, les forages pétroliers et gaziers et l’exploitation minière sont autant d’autres facteurs qui réduisent et fragmentent ces zones de forêts.

D’autres menaces majeures
Les primatologues ont, de la même façon, quantifié l’impact des autres activités humaines sur nos parents quadrupèdes. Une pollution de leurs territoires, provoquée notamment par l’usage d’intrants chimiques toxiques en agriculture, pourrait être responsable de maladies et est incriminée dans la réduction du succès reproducteur des animaux vivant à proximité. Et la proximité entre les hommes et la faune sauvage amplifie aussi la menace liée aux maladies zoonotiques. Lors des épidémies de fièvre hémorragique du Virus Ebola au Gabon et au Congo, les populations de gorilles auraient ainsi chuté de 50 % et celles de chimpanzés de 88 % entre 2002 et 2003. 
Par ailleurs, 60% des espèces sont directement touchées par la chasse ou le braconnage. Ainsi, bien que tous les grands singes soient inscrits à l’Annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de flore et de faune sauvages menacées d’extinction) qui en interdit le commerce, près de 4 000 grands singes (dont les deux-tiers sont des chimpanzés) seraient victimes chaque année de trafic.
Ces mammifères sont échangés pour la consommation de leur chair et l’utilisation des différentes parties de leur corps en médecine traditionnelle, mais aussi comme animaux de compagnie.

Serons-nous capables de sauver nos plus proches parents de l’extinction?
C’est la question à laquelle les personnalités rassemblées ont tenté de répondre par la proposition de solution concrètes à mettre en place rapidement. Afin d’améliorer les conditions de conservation des grands singes ex situ (captivité, semi-liberté), le renforcement des droits des grands singes et la garantie de l'absence d'utilisation déraisonnable de ces derniers ont été évoqués. Par ailleurs, afin de réduire le braconnage et le trafic des grands singes, la mise en place une structure d'accueil de la faune sauvage saisie à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle a été évoquée. Le contrôle accru du trafic de viande de grands singes en France et du commerce de produits issus de leur habitat a aussi été demandé.
Enfin, pour mieux les protéger, ils ont souligné l’importance de connaître et de faire connaître les grands singes en soutenant notamment la recherche scientifique et les levées de fonds. 
Attendonsà présent de voir quelle réponse l’état donnera à cet appel.

Clothilde Barde
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