Mesures de soutien : vétérinaire, des laissés-pour-compte ? - Le Point Vétérinaire.fr

Mesures de soutien : vétérinaires, des laissés-pour-compte ?

Jacques Nadel | 26.03.2020 à 08:44:36 |
Vétérinaire
© Bill Oxford-Istock

Un communiqué difficile à croire de l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) du 20 mars explique que les professionnels libéraux, et donc les vétérinaires, sont exclus du dispositif d’indemnisation du chômage partiel. Les négociations sont en cours et aux dernières nouvelles, l'accès des vétérinaires au dispositif du chômage partiel est en bonne voie.

Cette nouvelle alarmante, dans un contexte de crise sanitaire qui l’est tout autant, a créé un tsunami dans la profession, provoquant la colère et l’indignation des vétérinaires sur les réseaux sociaux. Apprenant cette exclusion, Jean-Jacques Dentz, vétérinaire de la clinique des Clomiers à Talant (21) et membre fondateur du réseau Vetzen (plus de 500 vétérinaires), dénonce une situation aussi insoutenable qu’ubuesque, où l’on oppose éthique et économie. Dans un post publié sur LinkedIn, il explique que la profession est prise en tenaille entre le message du 22 mars du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires posant des repères éthiques, déontologiques et de santé publique dans ses recommandations et la note du directeur général de l’alimentation (DGAL) du 20 mars informant que l’exercice vétérinaire ne fait pas partie des activités interdites par l’arrêté du 14 mars et qu’il n’y a donc pas lieu que cette activité économique soit suspendue. 
« L’Ordre a émis des recommandations dans le sens d’abandonner la médecine préventive. Une décision du praticien de fermer totalement ou partiellement, de mettre ses salariés en indisponibilité, est donc légitime. Or, le ministère considère qu’une telle décision unilatérale et immédiate aura du mal à être prise en compte. De deux poids, deux mesures : soit on veut sauver des vies humaines en limitant les actes inutiles, soit on veut maintenir une activité économique en les méprisant… », s’interroge-t-il.
Face à ce dilemme, ce vétérinaire que la Semaine Vétérinaire a ensuite contacté ne décolère pas : « La DGAL dit qu’il faut que les clients décommandent leur rendez-vous pour que les vétérinaires puissent bénéficier des mesures d’accompagnement et d’accès au dispositif d’indemnisation du chômage partiel, tandis que l’Ordre nous infantilise. Pourtant, les vétérinaires sont conscients du risque sanitaire et ont pris spontanément des mesures cohérentes avec les préconisations ordinales mais ils doivent aussi garder leur libre arbitre. » 
Jean-Jacques Dentz ajoute que « le vétérinaire est davantage rodé que le médecin à la gestion des crises sanitaires » et qu’ « il peut continuer d’exercer la médecine préventive avec les précautions sanitaires d’usage. » 
Il craint cependant que le message appelant à l’esprit de responsabilité et au civisme de chacun, ait pour conséquence de dresser les vétérinaires les uns contre les autres, en fonction de leurs choix. C’est le point nodal du problème : savoir où placer le curseur entre un service réduit au strict minimum et une approche du service plus large « pour ne pas flinguer » l’économie des cliniques et cabinets vétérinaires sur l’autel de l’urgence sanitaire et de la santé publique. 
Mais attention à ne pas pousser trop loin ce curseur ! Le Conseil de l’Ordre régional des vétérinaires de Bourgogne-Franche-Comté a prévenu que les comportements déviants, récurrents et avérés feront systématiquement l’objet de poursuites disciplinaires une fois la crise terminée. 

Un projet de décret rectificatif 
Autre mesure de soutien en trompe-l’œil, le fonds de solidarité créé pour les entreprises en difficulté de moins d’1 M€. « C’est une fumisterie politique pitoyable, une démission de l’Etat, fustige Jean-Jacques Dentz. Il dit que pour bénéficier de l’aide de 1500 euros, l’entreprise doit accuser une baisse de chiffre d’affaires de plus de 70% en mars 2020 par rapport à mars 2019. Or, le confinement a commencé le 16 mars. A mi-parcours, ma clinique a déjà réalisé plus de 60% du chiffre d’affaire de mars 2019, aucune entreprise ne peut donc en profiter », explique-t-il. Sauf celles qui avaient déjà de sacrés soucis avant la crise !  
Aux dernières nouvelles, l’accès des vétérinaires au dispositif du chômage partiel est en bonne voie. Sous la pression de l’UNAPL et du syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), le ministère de tutelle est en train de rectifier le tir par un projet de décret en cours de préparation pour inclure les vétérinaires et leurs spécificités dans le dispositif.

Jacques Nadel
1 commentaire
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Monostatos le 26-03-2020 à 22:00:52
L'ordre menace de poursuivre des vétérinaires ?
C'est effectivement bien là son genre.
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