Les vœux de Jacques Guérin, nouveau président de l’Ordre - Le Point Vétérinaire.fr

Les vœux de Jacques Guérin, nouveau président de l’Ordre

Jacques Guérin | 04.01.2017 à 18:21:23 |
Michel Baussier, Jacques Guérin, Christian Rondeau
© CNOV

Le 3 janvier dernier, Michel Baussier président de l’Ordre jusqu’à fin 2016 et Jacques Guérin, son successeur aujourd’hui, ont présenté leurs vœux aux différents acteurs de la profession.

Voici les vœux de notre confrère Jacques Guérin. 
« Les vœux 2017 de l’Ordre des vétérinaires se déroulent, vous l’aurez compris, dans une configuration exceptionnelle en raison du renouvellement de la composition du Conseil national et du changement de présidence, évènement plutôt rare en 70 ans d’existence de l’Ordre des vétérinaires. J’accède à la présidence du Conseil national dans des conditions humaines idéales qui me sont précieuses, compte tenu des contraintes de notre époque que chacun de vous connait dans ces fonctions. Je le dois bien entendu aux équipes précédentes, élus et administratifs ; je le dois en particulier à deux personnalités qui chacune dans leur style ont fait de l’Ordre des vétérinaires ce qu’il est aujourd’hui. Ils me font l’honneur d’être présents ce soir. Je tiens à les remercier chaleureusement.

Merci au Président Christian Rondeau d’avoir mis l’institution en ordre de marche pour faire face aux enjeux du 21ème siècle, d’avoir porté avec l’aide de notre confrère Gérard Faure une vision pionnière du fonctionnement du Conseil national. Sous ta présidence, Christian, l’Ordre des vétérinaires est devenu une organisation professionnelle écoutée tant d’un point de vue national qu’international.

Merci au Président Michel Baussier qui fort de ces fondations solides a su, en un temps record, finaliser la transformation de la maison ordinale et conceptualiser son fonctionnement interne en portant une réforme de l’Ordre des vétérinaires courageuse et ambitieuse, marqueur indéniable de ta présidence. Cher Michel, une réforme réussie d’une telle ampleur est un évènement rare dans l’histoire de notre institution. L’Ordre assume ainsi son positionnement d’acteur incontournable de la profession de vétérinaire en France.

J’ai beaucoup appris aux côtés de Christian Rondeau et de Michel Baussier. Ils m’ont donné goût à la matière ordinale. Ils m’ont aidé à développer mon appétence pour les enjeux professionnels et la culture de l’intérêt général… C’est pour ces raisons que j’ai accepté de leur succéder à la présidence du Conseil national. Plus que quiconque, j’en mesure l’honneur et la difficulté. En un mot : l’ampleur du défi ! Il s’agit, tout en préservant précieusement à l’institution son âme et son ADN, d’optimiser son fonctionnement et l’efficience du service rendu à la profession et à ses usagers, notamment en s’adaptant à la révolution numérique de la société, tous les jours un peu plus prégnante. Il est essentiel que l’Ordre des vétérinaires s’ouvre à l’extérieur, positive son image auprès des jeunes vétérinaires, plus largement auprès de la société civile sinon auprès de la Commission Européenne, en quelques mots que l’Ordre vive en adéquation avec son temps.

Il est de tradition pour tout nouveau Président du Conseil national de connaître, très vite, le baptême du feu ! Certains le qualifieront de « poulotage », d’autres y verront tout au plus une mise en situation. J’y vois personnellement une manière de tester mes capacités de décision. J’y vois surtout une formidable opportunité qui m’est ainsi offerte d’affirmer ma conception de la gestion des dossiers faite de collégialité, de réflexion, et de maîtrise du calendrier. Ma porte sera toujours ouverte, la recherche du consensus une priorité mais à défaut, je saurai prendre mes responsabilités et affirmer mon autorité avec force et conviction, indépendamment des pressions dont je pourrais faire l’objet. 
Mon baptême du feu : la biologie vétérinaire !
La biologie vétérinaire mérite mieux que le rapport de force qui se noue actuellement entre les acteurs du dossier, sous couvert d’intérêts particuliers ignorant l’intérêt général, la santé animale et la santé publique vétérinaire. Dans mon esprit, il ne fait aucun doute que l’acte de biologie vétérinaire, c’est-à-dire l’acte de biologie effectué à partir d’un prélèvement issu du corps d’un animal, est un acte vétérinaire et que l’exercice de la biologie vétérinaire relève des prérogatives exclusives du vétérinaire. J’en tire toutes les conséquences, mais en bonne intelligence. Je dirai avec le bon sens politique qu’il convient en pareilles circonstances. La biologie vétérinaire ne bénéficie pas d’un environnement aussi explicite et précis que la biologie médicale. Le cadre de la biologie vétérinaire se déduit et se construit, il n’est pas entièrement balisé. J’exrpime le vœu que les parties à ce dossier fassent preuve de tolérance, de volontarisme pour que les vétérinaires effectuant des actes de biologie vétérinaire s’inscrivent au tableau de l’Ordre des vétérinaires, de proactivité pour trouver des solutions juridiques afin que les sociétés vétérinaires s’inscrivent à l’Ordre des vétérinaires, dans le respect des principes qui s’appliquent. Aucune situation, même complexe, n’est orpheline de solutions. Ce constat vaut tout autant et de manière générale pour les investisseurs de capitaux qui envisageraient d’entrer au capital d’une société vétérinaire habilitée à exercer la médecine et la chirurgie des animaux et la pharmacie vétérinaire. La majorité des capitaux et des droits de vote détenus par les vétérinaires en exercice dans la société ainsi que l’exclusion de certains capitaux considérés comme influant sur l’indépendance des professionnels vétérinaires sont les deux piliers du modèle français qui, jusqu’à preuve du contraire, font références et sont applicables.

J’ai souhaité que le Conseil national dispose d’un temps de réflexion pour finaliser son organisation en commissions. Les douze conseillers nationaux se réunissent demain à ce sujet. Je peux d’ores et déjà vous dire qu’une commission « Santé publique vétérinaire » est créée. En dehors de l’affichage, il s’agit d’affirmer, surtout et avant, tout le primum movens de la vocation vétérinaire au service de l’élevage. Je reprendrai pour matérialiser le périmètre de cette commission la définition donnée en 1997 par l’Académie vétérinaire de France : « La santé publique vétérinaire est l’ensemble des actions qui ont un rapport direct ou indirect avec les animaux et leurs produits dérivés ou avec leurs maladies, dès lors que ces actions ont pour effet ou pour objet de conserver, protéger ou améliorer la santé humaine ». En la matière la profession vétérinaire a connu en 2016 quelques succès significatifs dont l’un est emblématique de ce qu’elle sait faire quand elle se mobilise pour une grande cause. Le plan Ecoantibio est un vecteur de crédit pour la profession vétérinaire en matière de gestion raisonnée de la ressource antibiotique et de la lutte contre l’antibiorésistance. Alors qu’en France le dispositif réglementaire issu de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt est maintenant finalisé, alors que les vétérinaires font montre de responsabilité et de volontarisme en s’organisant pour se conformer aux nouvelles contraintes, notamment en matière de prescription des antibiotiques d’importance critique, je suis informé de comportements incompréhensibles, de mon point de vue, inadmissibles car contraire aux enjeux de santé publique, de la part d’éleveurs qui s’approvisionnent en antibiotiques d’importance critique en Espagne avec la complicité bienveillante de vétérinaires espagnoles. Un diagnostic vétérinaire est-il posé ? Non ! Un vétérinaire connaissant l’élevage et habilité à exercer sur le sol français parce qu’il est établi ou parce qu’il exerce en libre prestation de service, prescrit-il ces antibiotiques ? Non ! Tout au plus, une régularisation ex post donne l’illusion de la conformité. Une décision récente de la Cour de Justice de la Communauté Européenne semble agir pour certains comme un catalyseur de comportements délictueux ignorant la nécessité de respecter les règles de prescription des médicaments vétérinaires en France, les obligations liées à l’importation desdits médicaments et à la pharmacovigilance, pour n’y voir qu’un accès facilité à toute la pharmacopée, en dehors de tout raisonnement clinique. Cette situation n’est pas acceptable. Elle suscite l’incompréhension des vétérinaires de France. Elle est de nature à détourner les vétérinaires de leur implication dans les élevages.
Il convient par conséquent que des initiatives soient prises tant au niveau national qu’au niveau de la Commission Européenne pour que de tels comportements cessent sous peine de rendre cette grande cause de santé publique inaudible. Je salue la présence du Docteur Jean Carlet, médecin, président de l'Alliance contre le développement des bactéries multi-résistantes, et l’invite à agir en Espagne avec la même pugnacité et la même constance qu’il a pu le faire en France. L’Ordre entend agir sur ce dossier ! Des signaux positifs doivent être envoyés aux vétérinaires de France et notamment aux vétérinaires de la région du Sud-Ouest, en première ligne. Ils constatent quotidiennement de tels faits.

Ce sujet, à risque médiatique certain, nécessite que les organisations professionnelles agricoles et vétérinaires se parlent, et au-delà que les éleveurs parlent à leurs vétérinaires, ceux qui quotidiennement et en situation d’urgence leur apportent compétences et conseils. Ces vétérinaires que les éleveurs ont librement choisis pour prendre en charge la santé de leurs animaux, de leur élevage. Monsieur le Ministre en charge de l’agriculture a compris cette nécessité en créant les conditions du dialogue entre les parties prenantes du maillage vétérinaire dans les territoires. 2016 a été l’année des rendez-vous manqués. J’appelle de mes vœux qu’en cette année 2017 des échanges riches, constructifs et respectueux nourrissent la réflexion, permettant à chacun d’apprécier ce que l’autre attend de lui. Il est important que les vétérinaires, en tenant compte des particularités des territoires, en identifiant les spécificités des filières, comprennent la demande des éleveurs qui font appel à eux. Eleveurs et vétérinaires ont-ils un avenir ensemble ? Sont-ils encore un pilier fort de la ferme France ? N’oublions pas quelques chiffres clés du premier atlas démographique de la profession vétérinaire : le nombre de vétérinaires qui cessent d’exercer la médecine et la chirurgie des animaux est en augmentation d’un facteur 3 depuis 2010 et 31 % de ces vétérinaires sont âgés de moins de 40 ans. Le programme de recherche VeTerrA, pour vétérinaire et territoire, a posé les bases d’un diagnostic des facteurs influençant l’établissement et le maintien des vétérinaires en Région Auvergne. Un programme VeTerrA II, plus ambitieux, est en projet et en recherche de financements. J’appelle de mes vœux que ce programme puisse voir le jour et s’intéresser, au-delà de la seule Région Auvergne, à la diversité des territoires ruraux qui font la richesse et la beauté de notre pays.

Ce dialogue est d’autant plus important que l’Ordre des vétérinaires et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral ont décidé de lancer une vaste consultation des vétérinaires intitulée « VETFUTURS France » dans le sillage des travaux menés par nos collègues anglais. Les vétérinaires exercent dans un monde en pleine mutation. Le temps s’accélère, les progrès scientifiques et techniques sont foudroyants, les informations nous arrivent en masse et instantanément. Les vétérinaires font face à des clients dont les valeurs ont changé. Ils doivent en permanence adapter leur savoir-faire, leur savoir être dans un environnement économique instable. L’avenir qui semblait assuré pour des décennies, est désormais imprévisible et incertain. Face à cette situation anxiogène, il est apparu nécessaire que nous prenions le temps de la réflexion en analysant ce qui caractérise la profession de vétérinaire aujourd’hui, le contexte dans lequel elle évolue, pour préparer et créer notre avenir plutôt que de le subir.
Bien entendu et s’agissant d’une vision à 15 ans, le SNVEL et l’Ordre s’adressent plus particulièrement aux jeunes générations de vétérinaires ainsi qu’aux étudiants vétérinaires puisqu’il s’agit de prendre des initiatives qui détermineront le cadre de leur exercice professionnel. Cinq thématiques sont à ce stade identifiées : « la révolution numérique », « le marché, le client », « le diplôme, les métiers vétérinaires », « le vétérinaire et la société » et « l’entreprise vétérinaire ». VETFUTURS France est un projet ambitieux piloté par notre confrère Christophe BUHOT, ancien président de la Fédération Vétérinaire européenne. Je le remercie vivement d’avoir accepté cette lourde tâche. Il saura s’entourer d’une équipe talentueuse et dynamique avec pour objectif d’élaborer un premier ensemble de recommandations lors du Congrès des élus de l’Ordre, en novembre 2017 à Nancy.
VETFUTURS France n’est pas un débat entre soi. Il est une ouverture des vétérinaires vers les détenteurs d’animaux, leurs clients, leurs partenaires et vers la société civile. J’appelle de mes vœux que chaque organisation professionnelle vétérinaire contribue à sa manière à ce vaste projet pour faire de cette année 2017, pour les vétérinaires, l’année fondatrice d’un projet professionnel jetant les bases d’un exercice connecté aux réalités et aux enjeux de la société française de 2030. Pour intéresser les étudiants vétérinaires à VETFUTURS France, nous lançons un challenge aux quatre écoles nationales vétérinaires ainsi qu’à l’école nationale des services vétérinaires afin que dans chaque école se constitue une équipe composée d’étudiants, d’un enseignant, d’un confrère représentant le SNVEL et d’un confrère représentant l’Ordre, avec pour objectif de s’approprier une thématique de VETFUTURS France et de contribuer ainsi à la réflexion globale. Chaque équipe sera dotée d’un financement pour l’aider à structurer son organisation, son fonctionnement et soutenir ainsi sa réflexion. Une restitution des travaux, sera organisée lors du Congrès de l’Ordre de novembre 2017.
Ce projet phare ne doit pas, pour autant, occulter les autres marqueurs attendus de l’année 2017. Je veux d’emblée rassurer la Direction générale de l’alimentation en lui disant qu’à ce stade, le Conseil national de l’Ordre n’a pas de demande particulière et d’ampleur à formuler. L’horizon s’éclaircit ! Je ne formule finalement qu’un vœu, qui constitue tout de même une demande présente à son Directeur général, Patrick Dehaumont : la publication de la partie réglementaire de la réforme de l’Ordre. Il s’agit en l’occurrence de la clé de voute qui détermine le tempo de l’année ordinale 2017. Le renouvellement partiel des Conseils régionaux est suspendu à cette publication, ainsi que la fusion des 20 régions ordinales en 12 grandes régions dans le sillage de la loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République, sans oublier la création de cinq circonscriptions disciplinaires. Enfin la tenue de notre congrès triennal de novembre est évidemment suspendue à la tenue des élections régionales. D’un naturel optimiste, je suis confiant quant à la publication des textes avant fin février. Je sais que le Directeur Général de l’alimentation s’y emploie personnellement et je l’en remercie.
Ce Congrès, point d’orgue de l’année ordinale, se veut ouvert sur l’extérieur, ouvert aux vétérinaires membres de l’Ordre, ouvert aux partenaires de la profession de vétérinaire. Il sera le lieu des premières restitutions de VETFUTURS France. Bien entendu, il demeure pour l’Ordre des vétérinaires un lieu de formation des conseillers ordinaux et le lieu de débats internes propres à l’institution. Il sera aussi un moment privilégié, celui des 70 ans de la création de l’Ordre des vétérinaires. 70 ans, cela se fête ! Je vous invite donc à venir partager à Nancy en ce mois de novembre 2017 cet évènement afin que nous puissions souffler ensemble les bougies d’anniversaire d’une institution qui atteint après la maturité, l’âge de la sagesse.
A chacun de vous ici présent, dans le cadre des responsabilités qui sont les vôtres,
A chacun des vétérinaires et des étudiants vétérinaires, 
Je forme des vœux sincères et chaleureux de Bonne et Heureuse Année 2017, à partager avec tous ceux qui vous sont chers.
J’exprime le vœu que perdure l’excellente coopération entre nos différents organismes qui est l’une des caractéristiques de ces dernières années.
Je forme à l’ensemble des conseillers régionaux de l’Ordre, et plus particulièrement aux Présidents et aux élus concernés, mes vœux de réussite de la fusion de leurs régions. Ils leurs revient la lourde tâche de créer les conditions d’une bonne gouvernance des nouvelles régions. Soyez innovants, soyez créatifs, soyez audacieux. Vous pouvez compter sur mon indéfectible soutien.
Je forme plus particulièrement mes vœux à chacun des conseillers nationaux ainsi qu’aux équipes administratives du Conseil national et des Conseils régionaux.
Enfin et pour être tout à fait complet, j’exprime tous mes vœux aux deux Présidents d’honneur du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (...) »

Jacques GUERIN
 

Jacques Guérin
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