Les vétonautes sont partagés sur le passage éventuel de la profession sous la tutelle de la Santé - Le Point Vétérinaire.fr

Les vétonautes sont partagés sur le passage éventuel de la profession sous la tutelle de la Santé

27.11.2009 à 08:00:00 |
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Passer sous la tutelle du ministère de la Santé… On pourrait croire la profession unanime. Erreur ! D’après notre sondage, les praticiens sont partagés sur cette question.

Ce changement de tutelle serait même « stupide » pour une courte majorité. « Parce que vous imaginez que le ministère de la Santé est mieux organisé, mieux géré ? Qu’il y a une meilleure traçabilité en santé publique humaine que vétérinaire ? Vous rêvez… », estime une praticienne. « Quand on voit la situation du système de santé humain, on ne peut rien espérer de cette bande de fumistes », lance son confrère. « Ce serait un pas de plus vers l’entrave à la liberté de prescription et toute la partie élevage et alimentation tendrait à disparaître », remarque un troisième. « La “santé humaine” est à mille lieues de celle de l’élevage, des animaux de compagnie et du contrôle sanitaire en agro-alimentaire », témoigne encore un vétonaute. « Cette fusion ferait faire des économies à la nation », lui répond en écho l’un des sondés, favorable à cette évolution tutélaire. « Notre profession serait encore mieux reconnue, note également l’un d’eux. Et nous aurions enfin droit à un traitement équivalent à celui du corps médical. »
Cette remarque est largement partagée, car beaucoup de vétérinaires nourrissent un sentiment d’injustice grandissant. Il y a d’abord l’offense d’avoir été sortis des laboratoires d’analyses médicales, puis l’assujettissement à la directive “services”.

Dans l’éditorial de la revue de l’Ordre, son président, Christian Rondeau, regrette que les vétérinaires ne soient pas considérés comme une profession médicale : « D’après l’OIE, 70 % des maladies infectieuses humaines émergentes sont d’origine animale. C’est dire si le rôle des vétérinaires (...) est capital pour protéger la santé humaine. Pour autant, la Commission européenne refuse toujours de considérer les vétérinaires comme une profession médicale et la ministre française de la Santé décide de fermer à nos confrères la porte de la biologie médicale (…). Nous espérions que nos autorités nationales sauraient s’émanciper d’un lobbying corporatiste pour lequel la menace de la directive “services” est utilisée à contre-courant de l’intérêt général de la santé publique. » Franck Chaduc, qui a lancé une pétition sur l’Internet (monveterinaireestunmedecin.blogvie.com), va plus loin encore. Il veut sortir la profession de cette directive. « Nous ne rendons pas service, nous soignons, résume-t-il. Le vétérinaire est le médecin des animaux. » Comme beaucoup d’autres, il souhaite que la profession intègre la directive européenne spécifique aux professions de santé en cours de préparation, ce qui induirait sans doute un changement de tutelle. Mais n’est-il pas trop tard ? Et sera-t-elle, au final, plus bénéfique ?

Nicolas Fontenelle
Extrait de La Semaine Vétérinaire n°1382

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