Les vétérinaires, des vigipirates au cœur du dispositif anti-bioterrorisme - Le Point Vétérinaire.fr

Les vétérinaires, des vigipirates au cœur du dispositif anti-bioterrorisme

13.11.2013 à 06:00:00 |
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Aujourd’hui, face à une opinion publique particulièrement sensibilisée aux questions de santé et perméable aux mouvements de psychose, le bioterrorisme est une menace contre laquelle tous les acteurs de la gestion du risque sont préparés. De multiples corps de métier sont concernés et la mobilisation de la profession vétérinaire dans son ensemble est à souligner. Évaluation des risques, surveillance épidémiologique accrue, coordination entre les différents intervenants et plans d’action sont les principaux axes de la prévention.

Le bioterrorisme se définit par la diffusion intentionnelle d’agents biologiques pathogènes à visée humaine, directement ou indirectement via les animaux, les végétaux et la chaîne alimentaire. L’objectif est de déstabiliser une société, une région ou un  pays, tant en termes de santé publique que de santé animale et de sécurité alimentaire, via les pertes économiques associées et la perturbation sociale potentiellement engendrée.  

Les conséquences économiques des maladies animales sont multiples. Élevage, tourisme, industries agro-alimentaires ou embargos sur les exportations, les pertes se chiffrent en milliards de dollars. À titre d’exemple, en 2001, l’épizootie (non intentionnelle) de fièvre aphteuse au Royaume-Uni (plus de 2000 foyers enregistrés) a conduit à l’abattage d’environ 6 millions d’animaux sensibles (bovins, moutons, porcs). Le coût global de la maladie a été évalué entre 5,8 et 6,3 milliards de livres sterling, dont 3,1 milliards de pertes pour le secteur global de l’agriculture et la chaîne alimentaire, et entre 2,7 et 3,2 milliards pour l’industrie du tourisme et des loisirs.

Au niveau de la santé publique, rappelons également qu’en 1977/1978, en Égypte, par exemple, les foyers de fièvre de la vallée du Rift au sein du bétail ont provoqué environ 20 000 infections humaines et 600 décès.

Les agents biologiques susceptibles d’être utilisés par les bioterroristes sont les bactéries, les toxines, les virus, les parasites ou encore les champignons. En France, la liste des agents biologiques pathogènes, fixée par l’arrêté du 18 juillet 1994 (paru au Journal officiel du 30 juillet), a été modifiée par ceux du 17 avril 1997 (JO du 26 avril) et du 30 juin 1998 (JO du 22 juillet 1998). Ils sont classés selon l’importance du risque d’infection qu’ils présentent, c’est-à-dire « leur pouvoir pathogène chez l’homme, leurs dangers pour les travailleurs, leur risque de propagation et l’absence ou non de prophylaxie ou de traitement efficace ».

Les principaux critères qui peuvent guider le choix de tel ou tel agent pathogène sont sa toxicité, sa virulence, sa résistance dans l’environnement et sa contagiosité, mais aussi, en amont, sa facilité d’obtention, de fabrication, de transport et de dissémination.

Une attaque bioterroriste à visée animale semble la plus “aisée”. En effet, il est plus facile de faire croire à une origine naturelle pour une maladie animale que pour une contamination humaine. En outre, 75 à 80 % des agents pathogènes susceptibles d’être utilisés à des fins de bioterrorisme contre l’homme sont zoonotiques, c’est-à-dire d’origine animale.

D’où l’importance de la surveillance et du contrôle des maladies animales partout dans le monde, avec un rôle essentiel dévolu aux vétérinaires dans ce domaine (de même qu’en santé publique stricto sensu), mais aussi des maladies humaines par leurs homologues médecins. Les échanges d’informations entre les systèmes de surveillance des différents corps de métier sont tout aussi primordiaux. Du côté de la protection de la chaîne alimentaire (contamination des aliments), des guides de recommandations contre les actions malveillantes ou terroristes ont été élaborés.

Au plan national, différents ministères (Alimentation, Santé, Défense, Intérieur, etc.), plusieurs agences (telles que l’Anses, etc.) et instituts (Pasteur, InVS, etc.) ou encore réseaux d’épidémiosurveillance, de santé animale et humaine coopèrent également dans le domaine de la surveillance sanitaire et de la prévention du bioterrorisme. Qu’ils soient praticiens, agents de l’administration ou salariés du privé, nos consœurs et confrères jouent un rôle primordial dans ce domaine.

Nathalie Devos

Pour l’intégralité du dossier, voir La Semaine Vétérinaire n° 1559 du 8/11/2013 en pages 21 à 28.

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