Les résultats de l’enquête sur le mal-être des vétérinaires ont été publiés - Le Point Vétérinaire.fr

Les résultats de l’enquête sur le mal-être des vétérinaires ont été publiés

Tanit Halfon

| 19.05.2022 à 15:40:00 |
© iStock-mladenbalinovac

Après avoir dévoilé des premiers résultats dans la dernière revue de l’Ordre, une synthèse plus complète de l’enquête a été mise en ligne. On y apprend notamment que 4,7% des vétérinaires interrogés ont déjà réalisé une tentative de suicide. Il apparaît « une association nette entre les envies de suicide et le nombre de jours travaillés ».

Les vétérinaires font partie des professions plus à risque de suicide. Ce constat, fait dans plusieurs pays, est aussi malheureusement confirmé en France, d’après l’enquête lancée à l’initiative du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires et de l’association Vetos-entraide. Des premiers résultats avaient été dévoilées dans la dernière revue de l’Ordre. Hier, une synthèse plus complète a été mise en ligne.

Y sont d’abord détaillées les caractéristiques de l’échantillon. On retiendra notamment que l’échantillon représente 17,5% de la population totale des vétérinaires français dont plus de 80% exercent en clinique. Un peu plus de 2/3 des répondants sont des femmes : elles sont surreprésentées par rapport à la réalité du terrain (52,6% des vétérinaires en 2019). Enfin, il y a 46,3% des répondants qui ont un statut libéral, 48,5% un statut salarié (inclus les secteurs public et privé), et 6,4% des collaborateurs libéraux. 9,9% des participants travaillent pour une chaîne de cliniques, principalement des jeunes vétérinaires (37,7 ans).

Plus à risque de suicide

Parmi les résultats, ceux relatifs au suicide sont malheureusement sans équivoque : « 4.8% des  vétérinaires déclarent avoir  eu des envies de suicide régulières,  et  18.4% occasionnellement, ce qui est largement au- dessus des données nationales observées chez les actifs », plus les hommes (26,2%) que les femmes (21,9%) ; « 4,7% des vétérinaires interrogés ont réalisé une tentative de suicide dans les années qui précèdent », davantage des femmes (5,3%) que des hommes (3,3%), « mais les suicides réalisés concernent plus les hommes ». Il apparaît « une association nette entre les envies de suicide et le nombre de jours travaillés, alors que l’état de santé aurait mérité du repos ». Notons aussi que « les vétérinaire expliquent que quand ils ont eu des idées suicidaires, ils n’en ont pas parlé à leurs collègues. Et c’est sans doute la raison pour laquelle ils ne consultent pas de médecin. »

Pour le burn-out, « ce sont les femmes vétérinaires qui témoignent de l’épuisement émotionnel le plus élevé ».

Des facteurs liés à la profession et personnels

Huit grands facteurs de stress liés à la profession, ont été identifiés, qui vont expliquer 41% de la variance de l’épuisement émotionnel, 21% de la variance des troubles du sommeil, et 9% de la variance des idéations suicidaires. Les trois principaux, par ordre d’importance, sont : la charge de travail et le conflit entre vie professionnelle et vie privée ; la peur de l’erreur ; et le travail morcelé.

En intégrant à l’équation les facteurs de personnalité, il apparaît que les huit facteurs n’expliquent alors que 22% de la variance de l’épuisement émotionnel : « le burn out est donc le résultat à la fois de facteurs de personnalité et de facteurs liés à l’environnement de travail », mais « il est indéniable que les stresseurs professionnels sont des contributeurs essentiels ».

En intégrant les évènements traumatiques de la vie, c’est la même chose : la part lié aux stresseurs est réduite, mais tout en occupant toujours une part significative de l’épuisement émotionnel (28%), des troubles du sommeil (11%) et des idéations suicidaires (4%).

Enfin, il ressort que plus d’1/3 des répondants sont workaholiques, c’est-à-dire qu’ils éprouvent un besoin incontrôlable de travailler sans cesse. « Cette addiction est fortement associée à la santé psychologique (burn out, idéations suicidaires…) et physique (troubles du sommeil…). »

Plus de détails dans le prochain numéro.

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Cette enquête a été menée par le Laboratoire de Psychologie de l’Université de Bourgogne Franche-Comté, par Didier Truchot, en collaboration avec Marie Andela et Amandine Mudry.

Tanit Halfon

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