Les makers en renfort des vétérinaires praticiens - Le Point Vétérinaire.fr

Les makers en renfort des vétérinaires praticiens

Tanit Halfon | 09.04.2020 à 11:34:20 |
imprimante 3D
© iStock-cyano66

Pour limiter l’exposition au SRAS-CoV-2, le personnel des établissements de soins vétérinaires peut s’appuyer sur des initiatives solidaires pour s'équiper de protections individuelles.

Si les vétérinaires ne sont pas prioritaires pour les masques FFP2, ils peuvent bénéficier comme les professionnels de santé de l’aide de makers, professionnels ou pas, pour s ‘équiper. C’est le cas de l’équipe des vétérinaires à domicile Vetalia (région parisienne), comme l’explique un des associés Samuel Bernard. « Nous avons fait appel à un particulier disposant d’une imprimante 3D. Il a proposé de fabriquer des supports de visières de protection pour le personnel soignant, dans lesquels il faut ensuite insérer un film transparent en plastique et fixer des élastiques pour faire tenir l’ensemble sur le front. Il nous a fourni les supports ainsi que les feuillets plastiques », explique-t-il. Les nombreuses initiatives locales ont donné à certains l’idée de centraliser l’offre et la demande. En témoigne le site covid3d.fr qui propose de mettre en relation les demandeurs, et les fabricants sans oublier ceux qui disposent des matières premières. Virginie Delpont, praticienne canine à Noisy-le-Grand (Ile-de-France), a utilisé cette plateforme. « J’ai acheté 2 kg de matières premières et passé commande d’une centaine de visières, qui seront distribuées à du personnel soignant mais aussi à une quinzaine de mes confrères et consoeurs vétérinaires », précise-t-elle. Pour elle, cette solution est clairement une aubaine, son stock de masques chirurgicaux s’étant épuisé. « L’objectif était de disposer d’une protection hermétique plus efficace. De plus, il a été prouvé qu’une contamination par voie oculaire était possible, explique-t-elle. Je trouve que le port de la visière est plus confortable que celui du masque, même si la visibilité peut être modifiée. Et les chiens semblent avoir moins peur de nous, que lorsque nous portions les masques. Ils reconnaissent notre visage. »

Des solutions multiples

A Vetalia, la visière se combine avec le port d’un masque de protection. Et là encore, on s’adapte comme on peut. « Ma conjointe a fabriqué une trentaine de masques en tissu, en suivant le modèle développé par le CHU de Grenoble qui associe 3 couches en côton auxquelles on peut rajouter une lingette dépoussiérante. Nous en avons fourni 3 à chacun de nos vétérinaires collaborateurs, qui ont pour consigne de les laver chaque jours, à la machine à laver », explique Samuel Bernard. Des masques en tissu que l’équipe vétérinaire de la clinique Evolia à l’Isle-Adam (Val-d'Oise) envisage aussi d’utiliser, comme l’explique le vétérinaire Stefano Scotti. « Notre stock de masques chirurgicaux s’amenuise et nous n’en aurons bientôt plus. Nous avons donc commandé des masques en tissu équipés de filtres, mais aussi des visières de protection, explique-t-il. Nous avons déjà reçu 10 visières et elles sont destinées en priorité pour les secrétaires de l’accueil. »  Si certains infirmiers de la clinique se sont eux-mêmes déjà équipés de masques en tissu, cette solution ne va pas forcément de soi et surtout est mise en place car pas la choix. « L’efficacité des masques en tissu n’est pas avérée, et ils fonctionnent uniquement comme une barrière contre les postillons. Le seul masque qui protège véritablement est le masque FFP2 dont nous ne disposons pas. De plus, les masques en tissu sont un peu plus oppressants à porter qu’un masque chirurgical, même si on finit par s’y habituer. Et on ne peut pas exclure que cette gêne peut augmenter le risque de se toucher le visage », souligne-t-il. Il ajoute : « Nous sommes bien obligés de trouver un moyen de protection. Le masque en tissu est le seul, même si ce n’est pas l’idéal. » A terme, l’idée est que tout le personnel de la clinique ait à sa disposition une visière et un masque en tissu.

Des évaluations en cours

Au-delà des multiples tutos youtube, les masques en tissu ont récemment fait l’objet d’un document Afnor, dans lequel des bonnes pratiques de fabrication et d’utilisation ont été répertoriées, et deux modèles proposés. En particulier, il est indiqué que le port d’un tel masque doit être au maximum de 4 heures sur une seule journée, et qu’une fois retiré, il ne doit pas être remis. Par ailleurs, les modalités de nettoyage et séchage y sont détaillées : cycle complet de lavage (mouillage, lavage, rinçage) de 30 minutes minimum à 60°C ; séchage complet au maximum 2 heures après la sortie du lavage et pas à l’air libre ; inspection visuelle après chaque cycle de lavage. Le CHU de Lille a aussi élaboré un modèle de masque en tissu lavable et réutilisable. Et pour trouver des personnes capables de coudre, une carte Google Map répertorie, comme pour les visières, des demandes, des couturiers mais aussi des points de collecte. Et si aucune de ses solutions ne satisfait, une dernière est à actuellement à l’étude, celle de la réutilisation des masques chirurgicaux ou FFP2. Plusieurs méthodes d’élimination de la charge virale, sans impact sur l’efficacité des masques, sont actuellement à l’étude, notamment le passage en autoclave à 121°C pendant 50 minutes.

Tanit Halfon
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application