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Les inspecteurs en Santé Publique font leur rentrée

Amandine Gautier et Sébastien Gardon | 04.10.2019 à 12:02:00 |
rentrée ENSV
© Amandine Gautier

L’Ecole nationale des services vétérinaires a tenu sa rentrée officielle le mercredi 25 septembre 2019 dans les locaux de VetAgro Sup, sur le thème de la sécurité sanitaire de l’alimentation.

Mercredi 25 septembre dernier était le premier jour de rentrée pour les nouveaux élèves de l’Ecole nationale des services vétérinaires (ENSV) dans les locaux de VetAgro Sup, à Marcy L’Etoile (Rhône). Cette année, le thème choisi était celui de la sécurité sanitaire de l’alimentation. Activité de surveillance conduite par l’Etat avec la coopération des établissements privés, elle vise à mieux anticiper les crises sanitaires, notamment en remontant les signaux faibles. Comme l’ont introduit Nathalie Guerson, nouvelle directrice de l’ENSV, et Emmanuelle Soubeyran, Directrice générale de VetAgro Sup, c’est une responsabilité centrale des vétérinaires en France. Citant les exemples des affaires Lactalis, Spanghero, les cas de toxi-infections collectives, ou les différentes récentes alertes sanitaires, elles ont rappelé à la promotion entrante d’inspecteurs de santé publique vétérinaire (ISPV) combien la sécurité sanitaire des aliments en France reste au cœur de la santé et de la sécurité publiques, toujours challengée par de nouveaux défis et d’anciennes peurs.

Redonner de la crédibilité aux services de contrôle

Les débats ont mis en exergue la question de l’impact des contrôles réalisés dont dépend la crédibilité des services de contrôle. Ainsi que l’a montré Michel Guillou, chef du bureau du management par la qualité et de la coordination des contrôles, la Direction générale de l’Alimentation (DGAL) développe un axe fort depuis quelques années sur les suites données aux inspections. Si la programmation est réalisée selon une analyse de risques, les représentants de la DGAL insistent sur la nécessité de travailler de la même façon sur le territoire*, justifiant ainsi le déploiement et la simplification des dispositifs de suivi et d’évaluation des contrôles (méthodes Resytal), lesquels ont pu être décriés pour leur abord compliqué et leurs usages méconnus.  Les indicateurs de performance ainsi construits permettraient de mieux rendre compte des activités de l’Etat auprès des citoyens, dans la droite ligne de la Loi organique relative aux lois de finances (LOLF). L’efficacité du contrôle dépend aussi des conditions réelles dans lesquelles il s’exerce. Par exemple, en abattoir, les cadences ne permettent pas de contrôler correctement chaque carcasse. Si l’abatteur a d’abord la charge de veiller à garantir la sécurité sanitaire de ses produits, Sylvie Pupulin, cheffe de service adjointe au service régional de l’alimentation (SRAL) de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) du Rhône, nous rappelle qu’à l’heure actuelle, les services de l’Etat font aussi en abattoir de la protection animale et de la santé animale. L’abattoir est un regard sur les élevages, et « il faut re-communiquer sur nos missions en abattoir, pour faire de l’abattoir l’étape intermédiaire entre l’élevage et l’industrie agroalimentaire », interpelle Sylvie Pupulin.

Des manques en abattoir

Comme l’a rappelé Fany Molin, sous-directrice du bureau de la sécurité sanitaire des aliments au sein de la DGAL, « la sécurité sanitaire des aliments est extrêmement contrainte par la réglementation européenne ». Michel Guillou a ajouté que les pays tiers procèdent, de plus, à des audits pour évaluer la fiabilité des contrôles. Parmi les obligations des services de contrôle, la présence permanente en abattoir constitue la plus grande part des effectifs dédiés à la sécurité sanitaire de l’alimentation. En 2018, cela représentait environ 15000 personnes. Toutefois, les directions départementales de la protection des populations (DDPP) ont le plus grand mal à recruter, en particulier sur des postes en abattoir, s’agissant des techniciens et des vétérinaires, ainsi que le rappellent Anne Costaz directrice de la DDPP de l’Allier et Karen Jouan, sécrétaire générale de la DDPP des Côtes d’Armor. La faible attractivité des postes en abattoir a pour conséquence le recrutement d’agents contractuels, qui ne restent pas et qui ne sont pas formés. Certains préfèrent être embauchés dans des entreprises de tâcherons sur des postes plus difficiles mais aussi plus rémunérateurs, comme le souligne aussi Sylvie Pupulin. Parfois sont recrutés des profils qui n’ont rien à voir avec le sanitaire. Le profil des techniciens a en effet beaucoup évolué ces dernières années. Pour leur majorité, diplômés, c’est un choix par défaut. Pourtant, c’est « un métier intéressant et qui permet une ascension sociale », selon Didier Perre, directeur de l’Infoma (Institut National de Formation des personnels du Ministère chargé de l’Agriculture), qui soulève la question de professionnaliser les contractuels et d’en finir avec le dogme du recrutement de titulaires sur ces postes.

* Les établissements privés notent rapidement les différences de méthodologies entre les services et peuvent en tirer bénéfice.

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Une formation qui évolue

La formation des ISPV s’adapte pour répondre aux enjeux pluriels du management de la sécurité sanitaire des aliments. En plus du Certificat d’études approfondies en santé publique vétérinaire, les étudiants se forment depuis quelques années aux sciences humaines et sociales (sociologie des organisations et du travail, management, analyse, conception et évaluation des politiques publiques). L’année de formation est rythmée par des semaines thématiques (alimentation, risques, environnement, évaluation) ainsi que l’a rappelé Sébastien Gardon, responsable du Master PAGERS (Politiques de l’Alimentation et Gestion des Risques sanitaires) en partenariat avec SciencesPo Lyon. Sylvie Mialet, responsable de la formation initiale à l’ENSV, a expliqué l’individualisation croissante de la formation des ISPV, en cohérence avec le recrutement très diversifié des ISPV, soulignant les apports des sciences cognitives dans l’activité de formation. Jean-Luc Angot, chef du corps des ISPV, a salué ces efforts pour adapter la formation dans la perspective de concilier les deux identités du corps des ISPV, « à la fois un corps technique et un grand corps de l’Etat ».

Amandine Gautier et Sébastien Gardon
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