Une étude publiée le 3 février 2021 dans la revue Agricultural Systems dresse le bilan des caractéristiques des fermes et des filières qui ont permis une bonne résilience face à la crise sanitaire.
Recherche
Pour se prémunir contre les risques émergents de maladies infectieuses causées par des bactéries, virus, parasites ou champignons, de plus en plus fréquents et difficiles à prévoir pour les agriculteurs et les acteurs des filières, comme en témoigne la récente pandémie de Covid-19, de nombreux scientifiques suggèrent d’orienter les systèmes agricoles et alimentaires vers des modèles agroécologiques. C’est pourquoi, afin de confirmer cette hypothèse, une équipe de chercheurs de l’unité Agroécologie, Innovations, Territoires (AGIR) travaillant sur la résilience des exploitations agricoles au centre INRAE Occitanie-Toulouse a étudié la résilience des fermes et filières françaises de lait de vache biologique, très peu impactées par la crise de Covid-19 (confinement du printemps 2020).
Des exploitations autonomes
En associant enquêtes en ligne auprès des agriculteurs, entretiens semi-directifs avec des acteurs des filières et examens de données d’InterBIOccitanie et du Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière (CNIEL), l’équipe de recherche a pu identifier plusieurs caractéristiques responsables de la résilience de ces fermes. Ainsi, la plupart (70%) des exploitations ayant répondu à l’enquête sont des exploitations familiales qui s'appuient sur des ressources humaines internes et gèrent moins de 100 ha et de 100 vaches. Elles sont intégrées dans des réseaux d’acteurs locaux (associations, groupes d’agriculteurs, coopératives, etc.) et sont, pour la grande majorité, autonomes pour l’alimentation du bétail (dépendantes des prairies).
Une bonne capacité d’adaptation
Or, sur les 86 exploitations ayant répondu à l’enquête, 38 agriculteurs n’ont signalé aucun impact de la crise et 43 autres ont subi des impacts mineurs sur des aspects tels que leur revenu. Très peu ont été affectés par les problèmes de disponibilité des travailleurs. De plus, en réorganisant les filières et en se concentrant sur les produits de base les plus demandés (lait, crème, beurre et yaourt nature), les éleveurs ont pu continuer à produire des quantités suffisantes de produits laitiers pour répondre à la demande des consommateurs. Ces résultats montrent donc que le choix des modèles agroécologiques tels que l’agriculture biologique, ici pour la production laitière, est pertinent pour assurer la résilience des systèmes agricoles et alimentaires face à des chocs tels que la pandémie de Covid-19, par une grande adaptabilité aux impacts de la crise. Effectué à la fin de la première période de confinement, ce travail préliminaire sera poursuivi afin de comprendre les impacts de la pandémie Covid-19 à plus long terme.
Clothilde Barde
