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Les cas autochtones de dengue augmentent sur le territoire métropolitain

Tanit Halfon

| 21.09.2022 à 17:38:00 |
© iStock-frank600

47 cas ont été confirmés depuis juillet 2022. Jusqu’à présent, un maximum de 14 cas autochtones avaient été répertoriés en France métropolitaine.

Avec les années, la zone d’implantation du moustique tigre, ou Aedes albopictus, s’est étendue sur le territoire métropolitain. A ce jour, il est implanté et actif dans 67 départements, sur 96 (données à fin 2021). S’il est un vecteur potentiel de maladies comme le chikungunya, la dengue et Zika, les cas autochtones restaient rares…jusqu’à aujourd’hui. Un cap vient, en effet, d’être passé pour la dengue.

Depuis juillet 2022, 47 cas autochtones de dengue ont été dénombrés sur le territoire par Santé Publique France (données de la surveillance renforcée*, du 1er mai au 20 septembre 2022). Cela dépasse de très loin les 14 cas enregistrés en 2020, qui correspondaient jusqu’à présent au nombre maximum de cas autochtones répertoriés en France. Cette hausse de cas a motivé l’envoi d’un courrier de la Direction générale de la Santé aux professionnels de santé, pour les sensibiliser à la maladie : « ces épisodes témoignent d’une augmentation du risque de dengue en métropole, mais aussi de chikungunya et zika, a prévenu Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. (…) D’autres cas ou foyers sont probables dans les semaines à venir sur le territoire métropolitain ».

Des foyers de grande taille

Ces 47 cas sont répartis en 5 foyers de transmission autochtone, dans 2 régions, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte-d’Azur.. Outre la hausse notable du nombre de cas, cette année diffère des autres également par la taille des foyers qui est plus grande : dans les Alpes-Maritimes, le foyer de St-Jeannet-Gattières-La Gaude a totalisé 29 cas plus 2 cas dans la commune de Saint Laurent du Var. « Les épisodes de transmission de dengue étaient jusqu’à présent restés très circonscrits, parfois limités à 1 cas autochtone. L’épisode le plus important avait concerné 8 personnes à Nîmes en 2015 », est-il indiqué dans le communiqué de Santé Publique France. De plus, des cas ont été observés dans des territoires qui étaient épargnés par la dengue : les Pyrénées-Orientales, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne. « Auparavant, les cas étaient majoritairement survenus dans le Var, les Alpes-Maritimes, l’Hérault, le Gard ».

Plusieurs facteurs de risque

Ce pic de cas autochtones suit la tendance à la hausse observée ces dernières années : 14 cas en 2020, 9 cas en 2019, 8 en 2018 et 2015, 4 en 2014…

Selon Santé Publique France, 3 facteurs peuvent expliquer cette hausse : l’extension territoriale du moustique tigre associée aux fortes densités ; la reprise des voyages en zones d’endémie ; et les conditions climatiques favorables à la multiplication des moustiques (chaleur, pluies).

A ce stade, aucune information plus précise n’a été communiquée sur les causes des épisodes de transmission autochtone. Pour les années antérieures, les cas autochtones de maladies vectorielles (dengue, zika et chikungunya) étaient expliqués par le fait que le cas importé primaire n’avait jamais été signalé ou alors détecté tardivement (après l’observation du 1er cas autochtones). Dans une moindre mesure, par le fait de l’absence de traitement de lutte anti-vectorielle autour du cas primaire, alors même qu’il avait bien été identifié à temps.

Un appel au One Health

« Dans l’avenir, ces épisodes sont appelés à se reproduire, augmenter en taille et survenir dans de nouveaux départements. Le développement d’épidémie n’est pas exclu, comme cela a été le cas en Italie en 2007 et 2017 avec des épidémies de 300 à 400 cas de chikungunya. L’émergence de « nouveaux » virus pourrait aussi apparaître comme ça a été récemment le cas avec les virus chikungunya et zika en 2006 et 2016 », est-il souligné dans le communiqué. Pour les experts de Santé Publique France, les changements climatiques, la globalisation des échanges commerciaux et humains, la déforestation et l’urbanisation sont des facteurs favorisant l’essor des maladies vectorielles. Ils en appellent à une « réponse globale, multidisciplinaire associant l’ensemble des sociétés et des populations », sur le principe d’une seule santé.

Pour rappel, le moustique tigre est originaire d’Asie et a atteint la France hexagonale au début des années 2000. Initialement présent dans le sud-est de la France et en Corse, il s’est progressivement étendu au pourtour méditerranéen puis a commencé sa progression vers le nord dès 2012. A partir de 2014, il était implanté au-dessus de la région lyonnaise. Tous les départements du littoral méditerranéen (sauf l’Aude), la Corse, le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne, le Rhône, ainsi que Paris et les Hauts-de-Seine, qui sont les zones les plus touchées (>40% des communes du département colonisées). Le moustique est implanté depuis de nombreuses années dans les territoires ultra-marins, en particulier dans les territoires de l’Océan Indien.

* La surveillance épidémiologique de ces maladies vectorielles se base sur une surveillance évènementielle (notification obligatoire des cas probables et confirmés), ainsi qu’une surveillance renforcée entre mai et novembre dans les départements colonisés. Cette période est, en effet, le moment où le risque est le plus élevé pour l’apparition de maladies vectorielles.

Tanit Halfon

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