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Leishmaniose : le furet est un réservoir possible

Tanit Halfon | 23.09.2020 à 09:31:08 |
furet
© iStock-stockcam

C’est la première fois qu’un furet domestique atteint de leishmaniose est signalé. A l’examen clinique, l’animal présentait uniquement un nodule cutané sur un pavillon auriculaire. Un traitement à base d’antimoniate de méglumine et d’allopurinol a donné de bons résultats.

Deux récentes études ont rapporté le cas d’un furet atteint de leishmaniose clinique, en Espagne. C’est la toute première fois que la maladie est signalée chez cet animal.

Le cas décrit est un furet femelle non stérilisée de 4 ans vivant à Valence présentée en février 2019 pour une lésion papulaire non prurigineuse sur le pavillon auriculaire droit, sans autre signe clinique par ailleurs. Le furet vit en appartement, avec d’autres congénères, et a accès à une terrasse. De plus, l’animal est sous traitement médical de prednisolone et ciclosporine suite au diagnostic un an plus tôt d’une maladie inflammatoire intestinale. 6 mois après ce diagnostic, une cholangite suppurative avait été, de plus, notée.

Un premier traitement à base de marbofloxacine, pendant 3 semaines, n’ayant pas amélioré la clinique, une exérèse chirurgicale est effectuée, et révèle la présence possible du parasite. Lequel est ensuite confirmé par immunohistochimie, associée à une analyse PCR et isolation parasitaire par culture. De plus, la sérologie est revenue positive. En parallèle, une analyse sanguine révèle une augmentation modérée des paramètres biochimiques hépatiques, et l’électrophorèse des protéines, une hypergammaglobulinémie polyclonale.

Un traitement calqué sur le chien

Etant donné que c’est la première fois que le parasite est signalé chez un furet, aucun traitement n’est pour l’instant décrit. De fait, le protocole thérapeutique appliqué suit celui du chien. Ainsi, l’animal reçoit de l’allopurinol à 10mg/kg 2 fois par jour, associé à de l’antimoniate de méglumine, dont la dose est augmentée progressivement pendant 3 semaines (de 25mg/kg deux fois par jour à 50mg/kg deux fois par jour). Ce traitement est initié 2 mois après la toute première consultation. A noter qu’environ un mois avant le début du traitement, les doses de prednisolone et ciclosporine avaient été réduites pour éviter tout risque d’immunosuppression.

Au final, l’antimoniate de méglumine est poursuivi pendant une cinquantaine de jours, et pendant presque 200 jours pour l’allopurinol. L’arrêt de ce dernier ayant été motivé par l’observation de cristaux de xanthine, les résultats de l’analyse sérologique et de l’électrophorèse des protéines ayant révélé par ailleurs une amélioration du statut de l’animal. La lésion dermatologique, elle, a disparu quelques semaines après la mise en place du traitement*. Près de deux mois plus tard, la mise en évidence d’une cryptosporidiose associée à des signes cliniques marqués (perte de poids, baisse de forme, diarrhées, et troubles respiratoires), conduit l’équipe vétérinaire à reprendre l’allopurinol (5mg/kg 2 fois par jour), en plus du traitement spécifique à l’affection. L’animal a bien répondu au traitement.

Attention en zone endémique

Comme l’expliquent les auteurs de l’étude, jusqu’à présent, les réservoirs connus du protozoaire étaient le chien, le réservoir principal, ainsi que les chats et les lapins. Ceci dit, des analyses PCR sur foie et/ou rate avaient permis d’identifier le parasite chez des mustélidés sauvages, mais aucuns ne présentaient de lésions post-mortem. Par ailleurs, le furet avait déjà été utilisé comme modèle pour l’étude de composés anti-leishmaniens.

Selon les auteurs, même s’il est connu que le furet est résistant aux effets immunosuppresseurs de la prednisolone, le traitement qu’il prenait pourrait avoir contribué à l’apparition d’une leishmaniose clinique. De plus, si ce traitement est évidemment empirique, les auteurs estiment que « l’association de molécules semble efficace pour traiter  une leishmaniose clinique chez un furet. » « Les vétérinaires qui exercent dans une zone endémique doivent être conscients de ce risque pour le furet, notamment si des conditions d’immunosuppression sont présentes », concluent-ils.

* Malgré la disparition macroscopique de la lésion, une culture faite à partir de matériel biologique prélevé par aspiration au niveau de la zone touchée du pavillon auriculaire, s’était révélée positive pour le parasite un mois après l’initiation du traitement.

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La première étude a été publiée en janvier dernier dans la revue Veterinary parasitology. Y est décrit le cas clinique. Accessible en cliquant sur ce lien

La deuxième étude a été publiée en juin, et détaille le protocole thérapeutique mis en place. Accessible en cliquant sur ce lien

Tanit Halfon
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