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Le geofencing, un nouvel usage en élevage

Tanit Halfon | 17.04.2019 à 10:58:36 |
kitgeofencing
© @Zoetis

Le laboratoire Zoetis propose aux vétérinaires porcins une technologie de géorepérage utilisable en élevage. L’objectif : améliorer l’application de la biosécurité.

Depuis janvier 2018, la technologie de géorepérage (ou « geofencing »), fait ses premiers pas dans les élevages porcins. Développé par le laboratoire Zoetis France, l’outil Move&Improve permet de contrôler les mouvements de personnes ou d’objets à l’intérieur d’un élevage. Comme nous l’explique Frédéric Colin, responsable vétérinaire national gamme porc de Zoetis, l’idée de départ était de mettre à disposition des vétérinaires un outil pour améliorer l’observance* en élevage, notamment dans le cadre de programmes de stabilisation ou d’éradication du syndrome dysgénésique et respiratoire porcin (SDRP). Mais il apparaît qu’il permet aussi de mettre en évidence les points critiques en biosécurité interne, et de contrôler la mise en œuvre effective des mesures de biosécurité après un audit. A la clé : une correction rapide des erreurs. « La technologie permet de détecter précocement et à distance les erreurs de biosécurité », souligne-t-il. Pour l’instant, seuls 4 élevages  ont profité de la technologie.

Une géolocalisation par blutooth

La technologie de géorepérage permet de définir un périmètre virtuel, et de déterminer la présence d’une personne ou d’un objet mobile dans cette zone. En clair, une alerte est créée dès lors que la personne ou l’objet sort d’un périmètre prédéfini. Pour ce faire, des balises sont positionnées à des endroits clés de l’élevage, associées à une application portable que doivent installer l’éleveur et ses salariés. Lorsque le téléphone rentre et sort du périmètre de la balise, il est détecté par bluetooth et un signal est transmis automatiquement par wifi sur un « cloud ». Toutes les données collectées sont ensuite présentées sous la forme de tableaux et graphiques, pour une meilleure clarté de lecture.

Obtenir un consentement éclairé

Claudio Trombani fait parti des vétérinaires qui ont testé l’outil. Utilisé dans un élevage naisseur-engraisseur de 600 truies conduits en 10 bandes et ayant un bon niveau de biosécurité**, son objectif était d’obtenir un diagnostic longitudinal du respect de la marche en avant. Une étape préalable est nécessaire : « un consentement éclairé est indispensable avant de mettre en place le système. Nous avons donc organisé une réunion avec l’éleveur et ses salariés, ce qui nous a permis d’expliquer l’intérêt l’outil mais aussi d’impliquer le personnel dans l’organisation du protocole. » Après une période test de 4 semaines, les résultats sont satisfaisants : seuls 8% des déplacements ne respectent pas la marche en avant, dont 2% concernent la maternité. De plus, un des 3 opérateurs suivis obtient de plus mauvais résultats que les autres (13% de « non marche en avant »). « L’éleveur et ses 2 salariés étaient satisfaits : ils étaient contents de prouver qu’ils avaient des bonnes pratiques et de recevoir d’autres recommandations. »

Une correction rapide des erreurs

Dans un autre essai, la technologie a été utilisée pour contrôler la biosécurité interne, dans le cadre d’une stabilisation vis-à-vis du SDRP***. L’élevage, un naisseur-engraisseur de 250 truies, conduit en 7 bandes, présentait 2 sites : un premier avec naissage, post-sevrage et une bande d’engraissement ; un deuxième distant de plus de 3 km avec les 4 bandes restantes d’engraissement. Le système a permis de détecter rapidement un dysfonctionnement, à savoir des déplacements et changements de tenue incorrects lors de l’arrivée de la 1ère bande non virémique sur le 2nd site. 

* L’observance est le principal facteur limitant pour la biosécurité en élevage.

** Pour limiter tout biais.

*** Le plan de contrôle incluait aussi une vaccination de masse (reproducteurs et issus de 2 jours et plus). 

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Une technologie déjà utilisée dans d’autres pays

Une start-up canadienne, « Be seen be safe » propose depuis 2016 une solution basée sur le « geofencing » pour améliorer la gestion des maladies en élevage. Utilisée dans les filières porcines et avicoles, au Canada, en Australie et depuis peu en Espagne, le système permet de tracer en temps réel les entrées et sorties d’une exploitation, à condition que les personnes y circulant disposent de l’application sur leur téléphone. « Les personnes et les véhicules sont les vecteurs les plus probables de transmission d’un grand nombre de pathogènes communs en élevage. En cas d’apparition d’une maladie, nous somme capables de traquer instantanément leurs mouvements et de créer un réseau de fermes et d’individus potentiellement touchés », nous explique Tim Nelson, le président de la compagnie. Pour lui, la biosécurité à l’échelle d’une exploitation, bien qu’essentielle, ne suffit pas, du fait des nombreuses connections dans le secteur de l’élevage. En prévenant tous les gens concernés de l’apparition d’un pathogène dans une ferme, un tel système d’alerte est primordial pour minimiser tout risque de diffusion. « Cela implique un changement culturel dans la façon de penser la gestion des maladies, qui passe d’une responsabilité individuelle à une responsabilité de groupe », souligne t-il. De son aveu, même si le système n’est pas si facile à « vendre », les mentalités sont en train d’évoluer. A noter que dans la province d’Alberta, au Canada, les régulateurs de la filière plume ont d’ores et déjà équipé toutes leurs fermes de la technologie de géorepérage.

Tanit Halfon
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