Le CGAAER analyse l’impact de la PPA sur la filière porcine - Le Point Vétérinaire.fr

Le CGAAER analyse l’impact de la PPA sur la filière porcine

Tanit Halfon

| 22.10.2021 à 12:08:00 |
© iStock-chayakorn lotongkum

Dans un rapport rendu récemment publique, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture, et des espaces ruraux, livre son analyse sur les conséquences politiques, économiques, commerciales et sociales au niveau mondial de la peste porcine africaine.

Avec la flambée mondiale de la peste porcine africaine (PPA), en particulier en Chine, quelles conséquences pour les filières de production au niveau mondial ? La réponse à cette question a été donnée dans un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture, et des espaces ruraux (CGAAER) de juillet 2021,  mais rendu publique fin septembre dernier. L’enjeu derrière, étant de pouvoir affiner les stratégies nationale et de filières à moyen et long terme.

La France fait partie des principaux pays exportateurs

Les principaux producteurs de porcs se situent en Europe de l’ouest, en Amérique du nord et en Asie orientale (Chine, Vietnam, Philippines), la Chine étant le 1er pays producteur et consommateur de viande de porc. Avec la PPA, la production mondiale a chuté de 13% (2020 vs 2016), notamment en Asie. En Europe au contraire, elle a légèrement augmenté, notamment en Allemagne et en Espagne. Pour la France, la production est restée stable. Pour ce qui est des exportations, si elles ne représentent pas le débouché majoritaire de la production (« à l'échelle des continents, la production est, pour l'essentiel, consommée là où elle est réalisée »), leur part a globalement augmenté au niveau mondial (+14%). Pour l’Europe, « entre 2017 à 2020, les tonnages à destination de l'Asie ont progressé de 80 %, dus pour l’essentiel aux flux partant d’Allemagne (avant la PPA de septembre 2020), d’Espagne, des Pays-Bas, du Danemark et la France, ceux à destination de la Chine de 146 % ». Pour la France, en 2020, « elle est le 9ème fournisseur de la Chine : 3,8 % des achats en valeur de ce pays et 29 % des exportations françaises. » Par ailleurs, elle a une relation privilégiée avec la Chine : « forte de l’image positive largement reconnue de son dispositif sanitaire et bénéficiant déjà de discussions anciennes avec la Chine sur le zonage, les autorités chinoises ont accepté de les étendre au porc avec les seules autorités françaises au niveau européen. »

Renforcer le sanitaire et inclure les vétérinaires

L’analyse de ce contexte permet aux auteurs de proposer trois scénarios possibles. En découlent « plusieurs lignes d’actions pour se préparer à tous les scénarios, assorties d’une condition de succès ». Ces points concernent la structuration des filières, notamment une mise à plat de la gouvernance dont les tensions peuvent fragiliser la compétitivité de la filière française, et tout en conservant une diversité des productions pour alimenter tout type de marchés, mondiaux comme de proximité. Au niveau sanitaire, les auteurs insistent sur l’importance du renforcement de la biosécurité. «  L’effectivité des dispositions de biosécurité devrait faire l’objet d’audits réguliers par les groupements, organismes et associations à vocation sanitaire ou non », indiquent ainsi les auteurs. De plus, « une réflexion sur la systématisation de ces audits, couplée à une certification par un organisme tiers pleinement indépendant ou sur le signalement à l’administration des défaillances notables ou réitérées comme sur la gestion des suites devrait être engagée. La problématique du nettoyage désinfection des véhicules servant au transport d’animaux comme de ceux affectés à l’équarrissage a été signalée à la mission. » Par ailleurs, « dans chaque département, les DD(ETS)PP avec l’appui des services régionaux, devraient examiner, avec les représentants de la filière porcine, l’ensemble des moyens d’action sans omettre d’y associer les vétérinaires. » La question de la vaccination doit également se poser, et il serait utile de « réfléchir dès maintenant à une ligne de conduite quant à l’emploi dans l’UE de vaccins chez les porcs et sangliers et aux conséquences en matière de circulation des animaux et produits. » Enfin, une réflexion sur la baisse préventive des populations de sangliers n’est pas à exclure, tout comme la répartition des élevages sur le territoire national.

Ce renforcement de la biosécurité est essentiel d’autant que les auteurs indiquent bien qu’en « l’absence de mise en œuvre d’une vaccination orale des sangliers (nécessitant préalablement un vaccin efficace oralement et discriminant), la seule avancée du front de la PPA dans la faune sauvage devrait atteindre l’Est de la France à moyen terme (5 à 7 ou 10 ans). » Un saut brusque pourrait se faire avant via « des déplacements de suidés domestiques ou sauvages, de leurs produits, ou de sous-produits voire de matériels souillés par le virus » vers la France.

Tanit Halfon

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