Si le taux d’euthanasies dans les refuges a baissé depuis l’instauration de cette obligation, le bilan reste mitigé. Des moyens sont mis en œuvre pour responsabiliser les propriétaires.
Depuis un peu plus de 3 ans, il est obligatoire de faire stériliser son chat en Belgique, avant qu’il n’ait atteint l’âge de 5 mois pour la région flamande et l’âge de 6 mois pour Bruxelles et la Wallonie. Cette mesure avait été votée afin de lutter contre l’abandon, la prolifération des chats errants et la surpopulation dans les refuges qui conduit malheureusement à des euthanasies faute de places suffisantes. Selon l’association de protection animale GAIA, en 2013 (date des dernières statistiques fédérales), 32 315 chats ont été recueillis dans les 119 refuges belges qui ont répondu au sondage des autorités. Parmi ces animaux, plus de 10 575 ont dû être euthanasiés.
De 37% à 13% de chats euthanasiés
Céline Tellier, la ministre wallonne de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-Être animal, était au micro de la RTBF le 13 août dernier dans l’émission Droit de suite pour dresser un premier bilan dans sa région de cette obligation de stérilisation. Selon elle, la mesure est plutôt concluante. « En 2018, 37% des chats emmenés en refuge devaient malheureusement être euthanasiés, aujourd’hui on n’est plus qu’à 13%. Ces chiffres montrent qu’une diminution des euthanasies est possible, en stérilisant davantage les chats » a-t-elle ainsi déclaré. Elle a cependant rajouté qu’« on a par contre encore des chiffres très importants en termes de chats errants, on en comptabilise plus ou moins 10000 sur la voie publique, en plus des 2700 chats qui sont dans les refuges. C’est encore beaucoup trop, on doit poursuivre nos efforts ».
Un manque de contrôle
Interrogé durant l’émission, Gaëtan Sgualdino, le président du refuge de la SPA de La Louvière, a émis certaines réserves car son refuge est toujours débordé par la prise en charge de nouveaux félins. Pour ce défenseur des animaux, la mesure n’a permis de responsabiliser qu’une partie seulement des propriétaires de chats en raison de l’absence de contrôle. « Lorsque c’est obligatoire, mais que rien n’est contrôlé, les gens continuent à faire ce qu’ils veulent et à ne pas stériliser leurs animaux, ce qui a des conséquences sur les refuges, et sur les animaux qui vivent parfois des situations de souffrance extrême » a-t-il dit. Céline Tellier pense qu’il serait difficilement réalisable de « mettre un agent derrière chaque chat ». Elle préfère de ce fait miser sur la communication et les soutiens financiers plutôt que de renforcer les contrôles. La vraie solution se joue dans la responsabilisation des propriétaires sur le long terme. Selon elle, « la première chose à faire c’est la sensibilisation, beaucoup de gens ne savent pas encore qu’ils doivent faire stériliser leur chat, d'où la campagne de communication cet été*. Deuxième chose, il faut aider financièrement les personnes qui n’auraient pas les moyens de faire stériliser leur chat. Ça, c’est une nouveauté que nous avons introduite dans le système d’aides aux communes pour permettre aux personnes précarisées de faire stériliser leur animal. On doit d’abord responsabiliser les propriétaires de ces animaux, avec les référents bien-être animal dans les communes, c’est une façon d’avoir un relais au plus près des citoyens ».
*Le 14 juillet 2021, la Ministre a présenté une campagne de sensibilisation ciblée pour insister sur les bénéfices de la stérilisation féline (Cf Photo). Elle est visible durant l’été sur les bus et les réseaux sociaux.