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La surveillance des salmonelles se met à jour

Tanit Halfon | 03.09.2018 à 16:29:13 |
poule
© Watchara Kokram - iStock

Un arrêté définit les nouvelles modalités de surveillance et de lutte contre les infections à Salmonella chez les volailles en filière ponte d’œufs de consommation. Il intègre notamment le sérotype Salmonella Kentucky, récemment intégré dans la liste des dangers sanitaires de première catégorie.

Un nouvel arrêté, en date du 1er août 2018, redéfinit la surveillance des salmonelles en filière poules pondeuses.

Comme nous l’explique la Direction générale de l’alimentation (Dgal), il s’agissait « d’intégrer en premier lieu certaines dispositions de la réglementation européenne, jusqu’à là non appliquée, et dont la Commission européenne nous a à maintes reprises demandé la mise en œuvre. » De plus, le nouveau texte prend en compte le sérotype Salmonella Kentucky, tout récemment officiellement introduit par arrêté dans la liste des dangers sanitaires de première catégorie, pour les espèces Gallus gallus et Meleagris gallopavo. En 2002, ce sérotype était pour la première fois détecté en France, sur une personne ayant voyagé en Egypte. Depuis, il s’étend sur le pourtour méditerranéen (ainsi qu’en Inde et en Asie du Sud-est), avec, selon le rapport 2016 de l’institut Pasteur, centre national de référence des Salmonelles, une augmentation du pourcentage des souches résistantes aux antibiotiques entre 2001 et 2016, notamment les souches résistantes à la ciprofloxacine. Ainsi, en 2002, 3,2% des souches Kentucky analysées présentaient une résistance à la ciprofloxacine, contre 89% pour l’année 2016 ! Cette situation a incité les autorités sanitaires  à rendre obligatoire l’envoi des échantillons positifs pour S. Kentucky au laboratoire national de référence afin d’y déterminer son profil d’antibiorésistance.

Une amélioration de la qualité du dépistage

Le nouvel arrêté précise la marche à suivre en cas de défaut de pousse. En effet, comme nous l’explique la Dgal, « un certain nombre de produits utilisés dans les élevages peut interférer avec la recherche de salmonelles », à l’origine de faux positifs, rendant nécessaire une confirmation par culture en gélose, sur milieu sélectif. Ainsi, en cas d’absence de pousse, le résultat est considéré comme non valide, rendant obligatoire la réalisation d’au moins une série complémentaire de prélèvements officiels, après un délai d’au moins quatre semaines. Pour autant, l’arrêté stipule que le troupeau concerné sera tout de même placé sous contrôle officiel renforcé. La liste des produits pouvant interférer avec le dépistage sera précisée dans une prochaine instruction. De plus, le nouvel arrêté prévoit que leur usage soit indiqué dans le registre d’élevage, une information devant être contrôlée par le vétérinaire sanitaire. A noter que dans certains cas, même en l’absence de pousse, un APDI pourra être mis en place.

Confirmer n’est plus systématique

Dorénavant, les troupeaux positifs, incluant les autocontrôles, ou fortement suspectés de l’être, sont directement placés sous arrêté préfectoral portant déclaration d’infection (APDI), sauf doute sérieux (article 11, V). « La probabilité de faux positifs est faible », justifie le Ministère. Le précédent arrêté rendait obligatoire la mise en œuvre de prélèvements pour confirmation (article 12, IV). Ainsi, tous les troupeaux suspectés étaient préalablement placés sous arrêté préfectoral de mise sous surveillance (APMS), en attendant les résultats des analyses de confirmation. Aujourd’hui, avec le nouveau texte, les prélèvements de confirmation ne sont réalisés que dans certains cas : absence de pousse, doute sérieux du fait de liens épidémiologiques, exploitations sous APMS (article 12). A noter que l’arrêté précise que « si le troupeau a été éliminé ou transféré, et le site désinfecté avant la mise sous surveillance, ne permettant pas la mise en oeuvre de prélèvements de confirmation », le préfet pourra directement prendre un APDI.

Des modalités de lutte clarifiées

« Cet arrêté renforce les investigations épidémiologiques, en particulier en cas de contamination par les usines d’aliments », détaille la Dgal. Si l’ancien arrêté précisait bien, comme le nouveau, qu’une confirmation d’infection, notamment dans les zones de forte densité avicole, impliquait la mise en œuvre d’une enquête épidémiologique pour évaluer le risque de diffusion de la maladie et identifier son origine, la similitude s’arrête là. Ainsi, le nouveau texte rajoute que l’enquête doit concerner aussi l’amont, soit « les fournisseurs d’aliments livrant l’exploitation contaminées », ces usines d’aliments pouvant alors faire l’objet de mesures de biosécurité si elles s’avèrent « susceptibles d’être à l’origine de la contamination. » De plus, lorsqu’une souche de S. Kentucky est isolée, et présente « un profil d’antibiorésistance dangereux pour la santé publique », des mesures particulières peuvent être décidées pour les œufs à couver, ainsi que des mesures supplémentaires de retrait et de rappel des œufs de consommation. A noter que, comme le souligne la Dgal, le nouvel arrêté met en avant la « nécessité d'organiser les contrôles officiels au couvoir de façon à prélever chaque année tous les troupeaux reproducteurs », mais aussi « l'obligation de réaliser le dépistage des troupeaux reproducteurs incombant au professionnel en bâtiment d'élevage, et non au couvoir, en cas d'échange d'oeufs à couver dans l'Union européenne, et ce dès le premier oeuf échangé. »

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NB 1 : L’arrêté du 1er août 2018 s’appuie sur l’avis du 6 janvier 2017 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), relatif à l’amélioration des plans de lutte officiels contre les salmonelles en aviculture, notamment en matière de dépistage. L’agence listait un certain nombre de recommandations, ainsi que les agents susceptibles d’interférer avec le dépistage, à savoir les antibiotiques, les désinfectants, les traitements acidifiant, alcalinisant et asséchant des litières et les flores de barrières orales.

 

NB 2 : Le dernier bilan d’exécution  du programme de lutte contre Salmonella en filière avicole date de 2014. Il montrait une augmentation du taux d’infection global dans les filières chair et ponte, avec un taux de 0,23% pour les reproducteurs préponte, contre 0,36% en 2013, et de 0,55% pour les reproducteurs en ponte, contre 0,11% en 2011, notamment liée au sérotype Salmonella Enteritidis. Ainsi, ce bilan montrait des prévalences sensiblement en hausse par rapport à l’année précédente pour l’ensemble des filières de production, notamment en filière chair. Avec pour conséquences une augmentation des dépenses relatives au programme de lutte. De plus, le taux de non confirmation est également en hausse, atteignant les 50% de l’année 2013.

 

Tanit Halfon
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