La performance de la mixité animale en élevage soulève encore des interrogations - Le Point Vétérinaire.fr

La performance de la mixité animale en élevage soulève encore des interrogations

Clothilde Barde | 18.05.2020 à 10:45:30 |
elevage mixte
© heebyj

Selon les conclusions de l’analyse de l’effet de la mixité animale sur les performances en élevage, réalisée dans le cadre du projet Mix-Enable, il semblerait que son intérêt soit mitigé.

« Au vu de l’ensemble de ces résultats, la mixité animale n’a en apparence pas d’effet positif… ni négatif ! » telle est la principale conclusion de l’analyse réalisée dans le cadre du projet européen Mix-Enable. En effet, alors que pour répondre à de nombreux problèmes de durabilité et de robustesse liés à l'agriculture industrielle moderne (pollution de l'air, des sols et de l'eau, perte de biodiversité…), les scientifiques proposent de mettre en place des systèmes agricoles diversifiés, les preuves de concept restent assez limitées à l'échelle de l'exploitation.
Une preuve de l’intérêt des élevages mixtes ?
C’est pourquoi, le projet Mix-Enable a été proposé pour évaluer si la mixité animale au sein d’un même élevage, par rapport à des systèmes spécialisés avec un seul atelier, a un effet positif ou négatif économiquement (revenu de l’agriculteur, ramené à l’hectare) et sur l’environnement (balance azotée). Pour cela, 2077 individus ont été étudié (atelier animal principal en bovins laitiers (1365 individus) ou en bovins allaitants (712)) sur 17 années d’une base de données française (Inosys). Les exploitations ont été classées en trois catégories (spécialisées, n’ayant qu’un atelier, de ruminants (spéR, 1612 individus)), mixtes, avec deux ateliers de ruminants ou plus (mixR, 377 individus) et mixtes avec un atelier de ruminant et un de monogastriques (mixRM, 88 individus).
De meilleures performances économiques
Selon les résultats, il semblerait que les systèmes mixRM ont un produit brut nettement supérieur aux systèmes mix R et spé R. Ils ont aussi plus de charges opérationnelles et de structure, mais l’écart par rapport aux systèmes SpéR et mixR est plus faible que la hausse de produit brut. Par conséquent, le revenu par hectare reste supérieur dans les fermes mixRM par rapport aux systèmes mixR et spéR (qui sont équivalents) mais ce phénomène est probablement plutôt lié à un effet « addition d’ateliers » qu’à un effet « mixité », dans ces systèmes en agriculture biologique. De plus, les élevages mixRM présentent également une variabilité plus faible du revenu entre fermes.
Un effet environnemental qui reste à démontrer
Cependant en ce qui concerne la balance azotée, celle-ci est excédentaire pour les systèmes mixRM, ce qui s’explique par les achats d’aliments destinés aux monogastriques, qui introduisent de l’azote exogène dans le système d’exploitation. Par ailleurs, en l’absence d’informations sur la manière dont les effluents sont valorisés sur les surfaces et sur la gestion de l’alimentation (co-pâturage d’ovins et de bovins par exemple), qui permettraient de vérifier le niveau d’intégration entre ateliers, les chercheurs ont supposé que la balance azotée excédentaire traduit probablement une valorisation insuffisante de l’azote organique et une plus faible autonomie en concentrés, dès lors que des monogastriques sont présents. La mixité animale donne donc des résultats mitigés au vu de l’analyse de la base de données.

Clothilde Barde
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