La hausse de la mortalité hivernale des colonies d’abeilles est confirmée - Le Point Vétérinaire.fr

La hausse de la mortalité hivernale des colonies d’abeilles est confirmée

Tanit Halfon | 26.10.2018 à 11:52:39 |
abeille
© CR

Les premiers résultats de l’enquête des mortalités hivernales 2017-2018 des colonies d’abeilles domestiques ont révélé un taux moyen de mortalité de 29,4%.

Début juillet, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation avait lancé une enquête pour estimer les pertes subies par les apiculteurs au cours de l’hiver 2017-2018, en nette augmentation selon ces derniers, notamment en Bourgogne-Franche-Comté, en Bretagne, en Nouvelle-Aquitaine et en Provence-Alpes-Côte-D’azur.

Les premiers résultats confirment cette tendance : le taux moyen de mortalité s’élève à 29,4%, alors qu’il ne devrait pas dépasser les 10%. Selon l’Union nationale des l’apiculture française (Unaf), un taux de mortalité de 30% est d’habitude enregistré pour une année entière. Pour l'instant, seules les réponses du questionnaire en ligne ont été analysées, correspondant à un total de 13 631 réponses sur les 46 523 mails envoyés (taux de réponse de 29,3%). Reste encore l’analyse des questionnaires reçus par voie postale (3000 questionnaires envoyés).

Dans le détail, le taux moyen de mortalité varie selon la taille des exploitations. Il est de 35% pour les exploitations de moins de dix colonies mises en hivernage, 29,7% pour celles avec 10 à 49 colonies et de 28,4% pour celles avec 50 colonies et plus, ce taux étant significativement supérieur pour les plus petites exploitations.

Pour près d’ ¼  des exploitations de taille moyenne (10-49 colonies) et 18,5% des exploitations de grande taille (50 colonies et plus), ce taux est au minimum de 50%. Il descend à moins de 10% pour ¼ des exploitations de taille moyenne et 19% de celles de grande taille.

Le taux de mortalité est très variable selon les régions, des départements mitoyens pouvant présenter des taux très éloignés l’un de l’autre. Pour exemple, quand dans les Pyrénées Atlantique, il monte à 42,3%, il n’est que de 21,4% dans les Landes. Pour l’instant, aucunes zones sensiblement plus touchées que d’autres n’ont pu être identifiées. Il est prévu de pousser l’analyse pour explorer plus finement cette variabilité géographique.

Ces résultats ont amené les autorités sanitaires à proposer de nouvelles mesures de lutte contre les mortalités des abeilles domestiques. Ainsi, l’Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’abeille mellifère (OMAA), testé depuis une année en Bretagne et Pays de la Loire, devra s’étendre plus rapidement à d’autres régions. De plus, des analyses toxicologiques seront prises en charge par l’Etat, dans les cas qui ne rentrent pas dans les dispositifs étatiques de surveillance. Enfin, le ministre en charge de l’Agriculture, Didier Guillaume, a appelé la filière à définir « une stratégies nationale collective de lutte » contre Varroa destructor. Pour ce dernier point, c'est déjà le cas. Ce parasite, classé danger sanitaire de deuxième catégorie, est identifié depuis 2015 comme une priorité pour la filière. En 2017, plusieurs axes de stratégie ont été définis, aboutissant à un certain nombre d'actions, notamment la mise en place de formations pour les apiculteurs, par la Société générale des groupements techniques vétérinaires (Sngtv). En 2017, 154 conférences sur Varroa ont ainsi été organisées sur l’ensemble du territoire national, et sur l’île de la Réunion, et ont touché 8298 apiculteurs.

Pour Gilles Lanio, président de l’Unaf, ces résultats montrent l’urgence de sortir l’agriculture de « sa dépendance aux pesticides », notamment en saisissant « l’opportunité de la renégociation de la PAC- Politique agricole commune- pour réorienter notre modèle agricole. »

Pour consulter les résultats de l’enquête, cliquez sur ce lien.

Tanit Halfon
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