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La faune sauvage de montagne pose toujours question

Baptiste Moriniaux | 15.07.2019 à 13:09:51 |
loups
© iStock-s-eyerkaufer

La dernière rencontre annuelle du groupe d’étude d’écopathologie de la faune sauvage de montagne a permis de discuter et d’échanger autour des grandes problématiques d’actualités de la faune sauvage de montagne. Avec au cœur des débats, la question de l’interface faune domestique - faune sauvage.

Le temps est bon, le ciel est bleu, le Val d’Aoste (Italie) semble être l’endroit idéal pour passer le week-end. Mais ce paysage de carte postal illustre à merveille un problème récurrent des régions montagnardes : les troupeaux en estive y côtoient constamment la faune sauvage. C’est donc ici que le groupe d’étude d’écopathologie de la faune sauvage de montagne (GEEFSM) a décidé de se retrouver pour la 37ème fois. Une centaine de vétérinaires, écologues, biologistes et étudiants de France, d’Italie, d’Espagne, de Suisse et d’Andorre se sont réunis du 13 au 16 juin dernier pour ces rencontres « européennes, scientifiques et conviviales », comme se plaît à le rappeler Jean Hars, président du GEEFSM. Lors de ces journées, plusieurs présentations se sont focalisées sur la question de l'interface faune domestique - faune sauvage, une question qui préoccupe car elle est à l’origine de nombreux problème ces dernières années (grippe aviaire, peste porcine africaine, etc)

Des problèmes connus…

Une question en particulier a fait l’objet d’une après-midi entière d’interventions : la brucellose des bouquetins (Capra ibex) du Bargy (Alpes françaises). Cette population de bouquetins à l’origine de cas de brucellose bovine dans le massif est le premier cas d’infection persistante de brucellose au sein de la faune sauvage en Europe. De nombreuses actions, souvent sujettes à controverses, ont été menées pour essayer d’éradiquer cette maladie, sans toutefois y parvenir. Une équipe française (VetAgro Sup, ONIRIS, ONCFS, ANSES, LBBE) s’est intéressée à la dynamique de la brucellose chez ces animaux. L’hypothèse de départ était que le maintien de la maladie était dû aux mâles qui se déplacent beaucoup en période de rut et disséminent donc la maladie par transmission vénérienne au sein des différents groupes. Mais les résultats de 6 ans de collecte de données ont révélé un mécanisme de transmission complètement différent : près de 90 % des transmissions de brucellose sont dues aux femelles et à l’excrétion lors de l’avortement ou de la mise-bas. Ce sont donc elles qui tiennent un rôle crucial dans le maintien de la brucellose. Ces résultats permettront à l’avenir de mettre au point des méthodes de contrôle de circulation de la maladie plus efficaces.

...et d’autres à venir ?

Si la présence du loup en France pose de nombreuses problématiques non résolues, nos voisins italiens y sont plus habitués et ont davantage de réponses. L’une de leurs inquiétudes cependant repose sur le rôle de réservoir parasitaire du loup et des potentielles transmissions vers les carnivores domestiques. Plusieurs études parasitaires ont été lancées pour rechercher les principaux agents communs aux chiens et ceux zoonotiques. Les premiers résultats ont été dévoilés lors de ces journées : il semblerait que si le loup est porteur de Toxocara canis, Ancyclostoma caninum, Taenia spp. ou encore Dirofillaria immitis, il n’est pas en revanche porteur d’Ecchinococcus sp. Ce constat révèle que l’expansion du territoire du loup peut potentiellement représenter une augmentation du risque de parasitose chez nos carnivores domestiques. En revanche, il ne peut pas être accusé, comme son cousin le renard, de favoriser le risque zoonotique « échinococcose ». 

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Fondé en 1982, le GEEFSM regroupe biologistes, écologues et vétérinaires français, espagnols, italiens, suisses et andorrans. Chaque année, les membres se rencontrent pour faire un point sur les connaissances dans les domaines de l’éco-pathologie et de l’épidémiologie de la faune sauvage de montagne.

Baptiste Moriniaux
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