La désertification rurale vétérinaire, des chiffres toujours alarmants - Le Point Vétérinaire.fr

La désertification rurale vétérinaire, des chiffres toujours alarmants

Clothilde Barde | 05.10.2020 à 11:02:03 |
veterinaire rural
© Jacqueline Nix

L’Atlas démographique 2020 de la profession vétérinaire constate une baisse constante du nombre de vétérinaires pour animaux de rente.

La fragilisation du maillage vétérinaire en zones rurales est une réalité chiffrable, indique une publication de l’Ordre National de vétérinaires s’appuyant sur les données de l’Atlas démographique 2020 de la profession vétérinaire datant de début juillet 2020.
Des chiffres alarmants
« Même si les départements qui comptent le plus d’exploitations agricoles se situent toujours principalement à l’Ouest de la France depuis 10 ans, le nombre d’exploitations a baissé de 7,4 % entre 2013 et 2018 » déplore ainsi le rapport. Dans le même temps, les vétérinaires « ruraux » revendiquant une compétence exclusive ou partielle auprès des animaux d’élevage ne représentent plus que 19 % des praticiens inscrits au tableau de l’Ordre, avec une baisse préoccupante de 14,7 % des effectifs en 5 ans. De plus, les cartographies dressées par l’Observatoire national de la profession vétérinaire (ONDPV), montrant la densité de vétérinaires déclarant une compétence en animaux de rente pour 10 000 bovins, révèlent que trois grands secteurs peuvent être considérés comme des zones sensibles en France. Il s’agit d’un grand quart Sud-Est, d’un axe allant de la Charente-Maritime à l’Aube, et de certaines zones non agglomérées de la région Grand Est. Par ailleurs, même si le Grand Ouest semble épargné par l’existence de zones de désertification, cela n’exclut pas des zones de tension locales.
Un cercle vicieux
Or, la diminution du nombre de vétérinaires en zones rurales impacte de façon importante la qualité du service rendu, tant en termes de service aux élevages, aux animaux et à leur bien-être, que dans la garantie de la santé publique vétérinaire, assurée jusqu’alors conjointement par les services de l’Etat et la profession vétérinaire. Les distances à parcourir par ceux qui exercent encore auprès des animaux d’élevage sont en effet de plus en plus grandes, ce qui constitue un risque pour les élevages et augmente la fatigue et le mal-être des vétérinaires. Conjuguées à une moindre rentabilité économique due aux temps improductifs de transport, ces contraintes peuvent conduire les vétérinaires à refuser de prendre en charge de nouveaux clients ou tout simplement à arrêter leur activité rurale. Et dans un tel contexte, les jeunes vétérinaires, dont l’engagement pour l’exercice professionnel ne doit plus se faire au détriment de la vie personnelle et familiale, se désintéressent de plus en plus à l’installation ou à la reprise de clientèles dans ces zones rurales. 
Une évaluation à définir dans un contexte plus global
C’est pourquoi, comme l’indique le communiqué de l’Ordre, « le champ d’action des vétérinaires en matière de santé publique vétérinaire et leurs missions auprès des éleveurs doit être redéfini avec une clarification du rôle du vétérinaire en charge du suivi sanitaire permanent des élevages, et une clarification des actes sanitaires pour lesquels l’Etat l’habilite ou le mandate ». « La réflexion sur le maintien d’un maillage vétérinaire doit s’inscrire dans une approche globale intégrant des aspects plus généraux liés à l’aménagement des territoires et au soutien de la vie en milieu rural » conclu enfin le rapport. Espérons que les mesures mises en place pour susciter un nouvel intérêt vers la rurale permettront d’inverser cette tendance.

Clothilde Barde
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application