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La Chine touchée par la peste porcine africaine

Tanit Halfon | 27.08.2018 à 16:33:19 |
cochon noir
© Jef Wodniack – iStock

Depuis le début du mois d’août, quatre foyers de peste porcine africaine ont été détectés en Chine. Une distance de 750 à 2 2250 kilomètres sépare les foyers. Les modalités de propagation de la maladie n’ont pas pu être identifiées pour l’instant.

Depuis le début du mois d’août, les autorités sanitaires chinois ont déclaré la présence de quatre foyers de peste porcine africaine sur leur territoire.

Ainsi, le 3 août, un premier foyer a été confirmé dans plusieurs élevages de la ville de Shenyang (province de Liaoning), la souche virale identifiée étant identique à celles isolées en Géorgie, en Russie et en Estonie entre 2007 et 2014. Le 14 août, des cas ont été confirmés dans un abattoir à Zhengzhou, les porcs retrouvés morts provenant de Jiamusi, une ville distante de 2 253 kilomètres de l’abattoir, et de 1 400 kilomètres du premier foyer. Le 19 août, un troisième foyer a été enregistré dans une exploitation porcine de Lianyungang. Enfin, le 22 août, un quatrième foyer a été détecté à Wenzhou, les cas provenant de trois élevages porcins. Les quatre foyers sont très distants les uns des autres : si le troisième et le quatrième foyer ne sont éloignés que de 750 kilomètres, 2 250 kilomètres séparent le deuxième et le quatrième foyer !

Selon le communiqué de la plateforme ESA-Santé animale, la maladie pourrait circuler depuis le mois d’avril 2018, au moins dans la zone du premier foyer, des symptômes compatibles avec la maladie ayant été observé dans plusieurs exploitations porcines.

Malgré les différentes enquêtes épidémiologiques lancées après la découverte de chaque foyer, les modalités de diffusion de la maladie demeurent inconnues à ce jour. Pour autant, le risque de propagation de la maladie via le commerce de porcs, de semences et de produits issus du porc, est une hypothèse à envisager. De plus, nourrir ses porcs avec des détritus et des eaux grasses des avions, bateaux et restaurants, une pratique souvent employée dans les élevages porcins chinois, pourrait également expliquer l’introduction et la diffusion de la maladie, d’autant plus que cette pratique a probablement permis l’introduction de la peste porcine africaine en Géorgie en 2007. Enfin, le risque de contrebande n’est pas à exclure.

Cette nouvelle est inquiétante. En effet, la Chine produit chaque année 500 millions de porcs, ce qui en fait un réservoir gigantesque pour le virus. Pour autant, aujourd’hui, les experts estiment que le risque de diffusion naturelle à l’Europe reste faible. Cependant, face à la réalité des échanges entre les pays, notamment dans le cadre des activités touristiques, et le fait que le principal mode de contamination est la consommation d’aliments issus d’animaux infectés, les scientifiques recommandent de rester vigilant. De plus, au-delà des aspects sanitaires, il est facile d’imaginer les graves conséquences économiques qu’impliquerait une diffusion large de la maladie sur le territoire chinois.

En 2017, des chercheurs du Cirad (institut de recherche agronomique pour le développement), du Royal Veterinary College et de l’organisation des Nations-Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’étaient penchés sur les facteurs d’émergence de la maladie en Chine, et ses principales voies de dissémination. Ils avaient ainsi identifié un risque élevé d’introduction de la maladie en Chine, en lien avec le tourisme et le commerce, et notamment l’explosion des importations de porcs et de produits dérivés entre 1990 et 2011 (fois 25 !). Leur conclusion : « gérer efficacement le risque nécessitera une approche intégrée alliant science et politique. »

Pour rappel, la peste porcine africaine est une maladie hémorragique très contagieuse. Avec un taux de mortalité variant de 30 à 70% pour les souches modérément virulente, et jusqu’à 100% dans les cas les plus sévères, elle provoque une forte fièvre, une perte d’appétit, une dépression, une rougeur de la peau au niveau de l’abdomen et des extrémités (oreilles et pattes), une détresse respiratoire, des vomissements, des hémorragies nasales et rectales, des diarrhées, voire des avortements. La maladie peut évoluer vers un mode chronique, avec des conséquences économiquement néfastes pour les élevages (perte de poids, fièvre par intermittence, signes respiratoires, ulcères cutanés, arthrite). La contamination se fait par contact direct avec des animaux infectés, ou via l’ingestion de viande ou de produits issus de porcs contaminée. Une transmission indirecte, via du matériel, des vêtements, ou encore des tiques et mouches, est possible. Actuellement, aucun traitement ni vaccin ne sont disponibles, la prévention de la maladie passant donc par des mesures strictes de biosécurité.

La maladie est à notification obligatoire auprès de l’Organisation mondiale de la santé animale. En France, elle est classée dans la liste des dangers sanitaires de première catégorie. 

Pour plus d'informations, cliquez sur ces liens : (1) et (2).

Tanit Halfon
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