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L’IAHP touche aussi le pigeon

Samuel Boucher et Karine Grange

| 02.08.2022 à 14:00:00 |
© Karine Grange - Samuel Boucher - Labovet Conseil

Lors la dernière épizootie, deux élevages de pigeons de chair ont été touchés, alors que ces volatiles sont considérés comme très peu sensibles au virus. L’atteinte massive environnementale a contribué à l’avènement de ces deux foyers.

Le pigeon (Columba livia) est considéré comme une espèce présentant une très faible sensibilité aux virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). De nombreuses expériences de reproduction expérimentale de la maladie ont échoué, et quelques cas d'infection naturelle ont été décrits dans le passé (1, 2, 3). Sur le terrain, des cas ont notamment été rapportés en Égypte et, récemment, au Royaume-Uni, mais ils restent rares.

Au printemps 2022, une importante épizootie d’IAHP, de sous-type viral H5N1 (clade 2.3.3.4.4.b HPAIV) a fait rage en France, décimant des millions d'oiseaux sauvages ou domestiques de plusieurs espèces.

Au cours de cette épizootie particulièrement grave, deux élevages de pigeons de chair, environ 25 000 oiseaux au total, situés en Vendée, ont été contaminés par le même virus. Au global, dans les deux élevages, 25% des volatiles ont présenté des signes cliniques, et la mortalité a été multipliée par 5 en une semaine. Elle a ensuite diminué et les pigeons ont recommencé à pondre. Les analyses moléculaires pour le diagnostic du virus H5 HPAIV ont confirmé dans un premier temps la positivité du H5 par PCR, puis dans un second temps, celle du H5N1 HPAIV. L'analyse sérologique a montré des résultats positifs (tests IHA) sur 5 oiseaux âgés de plus de 3 semaines mais pas sur les plus jeunes. L'électrophorèse des protéines sériques des jeunes animaux malades vivants a révélé un pic d'alpha-globulines évoquant un syndrome inflammatoire aigu. Ce syndrome inflammatoire était étayé par la formule sanguine qui montrait une leucocytose marquée associée à des monocytes réactifs.

Une encéphalite virale

Les signes cliniques étaient essentiellement évocateurs d'une maladie neurologique, et furent très similaires à ceux observés dans la maladie de Newcastle ou d'encéphalite à Salmonella Typhimurium. Les oiseaux avaient de grandes difficultés à nourrir les jeunes ou à s'alimenter eux-mêmes, et étaient incapables de fuir correctement face à un danger. Les signes cliniques comprenaient également une incapacité à voler, une incoordination, un torticolis et une ataxie marquée. Ont aussi été observés des troubles de l'éclosion, avec des embryons brisant leur coquille de manière inhabituelle.

L'analyse post-mortem a montré des suffusions sur le cœur, une hypertrophie et une congestion des viscères (rate, reins, foie), évoquant une infection septicémique. Le résultat le plus frappant était la congestion de l'ensemble du cerveau. L'examen histologique a révélé une encéphalite nécrosante prononcée, aiguë à subaiguë, compatible avec une infection par le virus de l’influenza aviaire.

La très forte pression environnementale virale qui s'est exercée sur des oiseaux de multiples espèces dans une région restreinte a permis de contaminer des pigeons avec le virus H5N1 même s'ils sont peu sensibles à cette maladie. Cet épisode a été l'occasion de décrire l'encéphalite virale qui en a résulté.

Merci à Olivier ALBARIC (64 Lasseube), Jean-Luc GUERIN (ENVT) et Laetitia JAILLARDON (Laboniris)

Samuel Boucher et Karine Grange

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