L’épilepsie essentielle est sous-diagnostiquée - Le Point Vétérinaire.fr

L’épilepsie essentielle est sous-diagnostiquée

Valentine Chamard | 05.11.2020 à 16:39:17 |
labrador épilepsie
© Banrakbua - Istock

D’après une étude épidémiologique, 20,5% des cas de convulsions chez le chien sont attribuables à une épilepsie idiopathique, alors que seuls 8,6% des cas sont recensés comme tels dans les dossiers médicaux.

Une étude britannique menée par le programme VetCompass au sein du Royal Veterinary College de Londres s’intéresse aux convulsions chez le chien (étiologie, approches diagnostiques, traitement). Ce signe clinique a été observé 2 834 fois dans un échantillon de 455 553 chiens suivis par les cliniques généralistes participantes au cours de l’année 2013 (soit une incidence annuelle de 0,62%, soit environ 1 chien sur 160). Les races les plus touchées sont le labrador (8,6%), le staffordhire bull terrier (6,1%), le jack russel terrier (5,8%) et le yorkshire terrier (5%). L’âge médian lors de la première convulsion est de 6 ans et le poids médian de 16, 12 kg. 56% des cas sont rapportés chez les mâles, dont 23,9% sont stérilisés. Concernant les femelles atteintes, 22,1% sont stérilisées.  Ces données ne permettent pas de conclure à une influence du sexe ou de la stérilisation sur le risque d’apparition des convulsions, bien que des études précédentes suggèrent un rôle protecteur des androgènes et donc un risque supérieur chez les mâles stérilisés.

Elaborer des guidelines claires pour le diagnostic d’épilepsie

L’information majeure de cette étude est que, en reprenant les dossiers médicaux, les auteurs ont estimé que, dans 20,5 % des cas, les convulsions remplissent les critères de définition de l’épilepsie établis par l’International Veterinary Epilepsy Task Force (IVETF), alors que seuls 8,6% ont été classés comme tels par la clinique traitante. Cette différence pousse les auteurs  à préconiser l’élaboration de guidelines plus claires à destination des praticiens. Dans 17,1% des cas, l’épilepsie a été considérée comme idiopathique (épilepsie structurelle pour 3,4% des cas).  En ce qui concerne l’épilepsie idiopathique, la race la plus représentée est là encore le labrador (13%), suivie du border collie (7,4%), du staffordhire bull terrier (7,2%) et du jack russel terrier (4,8%).

Un tiers des cas n’ont pas reçu les examens recommandés

L’IVETF a établi 3 étapes dans le diagnostic de l’épilepsie idiopathique. Le premier niveau consiste en la confrontation de l’anamnèse et d’examens complémentaires de base (2 épisodes convulsifs ou plus à au moins 24h d’écart, âge du début entre 6 mois et 6 ans, absence d’anomalies physiques et neurologiques entre les crises, absence d’anomalies sur les analyses sanguines et urinaires de base). En fonction de la suspicion de maladie causale, d’autres examens peuvent être faits dès ce niveau ou aux étapes suivantes (dosages des acides biliaires, IRM, analyse du liquide cérébrospinal, électroencéphalogramme). L’étude de VetCompass s’est intéressée à la démarche diagnostique suivie par les cliniques généralistes. Ainsi, 49,9% des cas ont bénéficié des examens diagnostiques définis comme première étape par l’IVETF,  voire des étapes suivantes. Sans surprise, les animaux assurés et les plus jeunes (<12 ans) ont bénéficié des examens les plus poussés (les animaux assurés ont 1,5 fois plus de chance de subir des examens approfondis).  Les auteurs de l’étude regrettent que 33,1% des cas enregistrés comme épileptiques n’aient pas reçu les examens recommandés (avec un bémol cependant, les recommandations de l’IVETF étant parues en 2015, soit après la période étudiée). En ce qui concerne le traitement, 69,2 % des chiens n’ont pas reçu de traitement anticonvulsivant suite au premier épisode convulsif, en accord avec les recommandations actuelles.  25,3% ont reçu une molécule anti-convulsivante et 5,5% une association de plusieurs molécules.

Valentine Chamard
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application