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L’accord UE-Mexique fait grincer des dents

Michaella Igoho-Moradel | 07.05.2020 à 19:05:33 |
Accord
© Gogadicta

Le nouvel accord commercial entre UE-Mexique, finalisé le 28 avril, ne convainc pas le secteur agricole français.

En pleine crise du Covid-19, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mexique a été conclu fin avril après deux ans de négociations. Il prévoit une ouverture réciproque des marchés publics. Avec ce nouvel accord commercial, la quasi-totalité des échanges de biens entre l'UE et le Mexique seront exempts de droits de douane. Bien que le texte doit encore être ratifié, des acteurs du monde agricole dénonce une décision incompréhensible compte tenu du contexte sanitaire.

20 000 tonnes de viandes bovines par an

 «Ces derniers temps, la lutte que nous menons dans la crise du coronavirus mobilise toute notre énergie, mais nous avons aussi fait progresser notre programme en faveur d'un commerce ouvert et équitable, qui n'a rien perdu en importance. Nous aurons encore plus besoin de cette ouverture, de ces partenariats et de cette coopération pour reconstruire nos économies après la pandémie. (...) L'entrée en vigueur de cet accord aidera l'UE et le Mexique à soutenir leurs économies et à stimuler l'emploi» a déclaré Phil Hogan, commissaire européen chargé du commerce. Le texte libéralise davantage le commerce des produits agricoles y compris d'origine animale. Un accord qui fait réagir les acteurs de l’agriculture française. Selon l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes (INTERBEV), l’accord prévoit notamment l’ouverture du marché européen à 20 000 tonnes de viandes bovines mexicaines par an, à droits de douane très réduits. Il concerne également l’importation de viande de porc et de poulet, d’œufs, de miel. « Et ce, alors que les viandes bovines mexicaines, qui ne présentent pas de garanties suffisantes sur le plan sanitaire, étaient jusqu’à aujourd’hui exclues des échanges commerciaux entre l’UE et le Mexique » dénonce INTERBEV.

Des garanties suffisantes ?

Pour la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), le timing n’est pas bon. « Avec la crise du Covid-19, le commerce international subit une forte chute. Le commerce mondial des marchandises devrait afficher un recul de 13% à 32% en 2020 du fait de la pandémie de Covid-19. De nombreux pays ont mis en place des mesures de restrictions sur le matériel médical, mais aussi sur les produits agroalimentaires. Les règles de l’OMC ménagent en effet aux membres une large marge de manœuvre pour adopter les mesures commerciales jugées nécessaires pour protéger la santé et le bien-être des populations. A l’inverse de cette logique, la Commission européenne continue les négociations d’accords de libre-échange, comme avec la Nouvelle-Zélande, et a même finalisé un accord avec le Mexique ! ». L'UE et le Mexique ont convenu de coopérer plus étroitement pour la mise en place de normes garantissant le bien-être animal. Les deux parties conviennent de reconnaître les animaux comme sensibles des êtres vivants doués de sensibilité (le droit de l'UE le fait déjà). L’accord prévoit également la création d’un groupe de travail, composé de responsables agricoles et de scientifiques, réunit régulièrement. Leurs discussions devraient porter sur la problématique de l’antibiorésistance et du bien-être animal. Néanmoins, cela ne signifie pas qu'il existe une obligation de résultats pour les parties à l’accord. Cependant, les dispositions relatives au bien-être animal dans des accords commerciaux plus récents de l'UE, comme avec le Japon ou les pays du Mercosur, vont moins loin que celles prévues dans l’accord UE-Mexique.

 

 

Michaella Igoho-Moradel
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