20 ans après la chute de leur régime, les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan, semant un vent de terreur et de panique parmi la population afghane. Le secteur vétérinaire n’est pas épargné par cette crise, notamment les professionnels travaillant pour des organisations caritatives britanniques de protection animale et qui accomplissent un travail précieux dans le pays depuis des années.
Le fondateur de l’une de ces organisations caritatives britanniques de protection animale, Nowzad, Pen Farthing a lancé un appel de détresse sur les réseaux sociaux après la prise de Kaboul où se situe son refuge. Il exhorte les internautes à contacter les représentant politiques de son pays pour demander au gouvernement britannique d'ajouter des ressortissants afghans à la liste d'évacuation d'urgence du ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth. Il souhaite ainsi protéger ses 25 employés et leurs familles. L’expatrié ne quittera pas le pays sans eux. Pat Murchison, gestionnaire de subventions pour Nowzad, a déclaré au journal Vet Times : « Nous avons des vétérinaires, des infirmièr(e)s vétérinaires et du personnel soignant qui travaillent avec nous depuis plusieurs années. Ils sont en grand danger en raison de leur collaboration avec une organisation caritative britannique et parce que Pen Farthing est un ancien Royal Marine… C'est tout simplement épouvantable, des femmes vétérinaires sont dans des situations désespérées et terrifiées par ce qui leur arrivera. Elles ont eu la chance d'avoir une très bonne éducation, et maintenant elles sont simplement abandonnées par les pays occidentaux ».
L’appel de Pen Farthing a été largement relayé et partagé par des célébrités britanniques comme Judy Dench ou Peter Egan. La profession vétérinaire britannique a aussi immédiatement apporté son soutien. Les présidents de trois organisations, la British Veterinary Association (BVA), la British Veterinary Nursing Association (BVNA) et le Royal College of Veterinary Surgeons (RCVS) ont co-écrit une lettre au Premier ministre Boris Johnson pour demander que les vétérinaires afghans et les para-professionnels vétérinaires travaillant avec des ONGs britanniques soient ajoutés à la liste d'évacuation d'urgence. Les trois présidents ont fait part de leurs craintes : « dans les conditions actuelles, travailler pour et être affilié à des organisations caritatives et ONGs occidentales peut présenter des risques pour la sécurité des vétérinaires et para-professionnels vétérinaires afghans et de leurs familles. Il est donc impératif qu'ils aient la possibilité d'être évacué et de se réinstaller dans le Royaume-Uni en tant que réfugiés de toute urgence, s'ils le souhaitent. Ils ont apporté une contribution inestimable à la santé et au bien-être des animaux, ainsi qu'à la santé publique, en Afghanistan, et, en tant que collègues, leur sécurité est une préoccupation majeure ». Ces vétérinaires afghans peuvent poursuivre leur travail au Royaume-uni comme l’explique la missive : « l'année dernière, le RCVS a mis en place une nouvelle politique de soutien financier en partenariat avec The Refugee Council pour aider ceux qui ont des diplômes vétérinaires non reconnus par le RCVS, mais qui ont le statut de réfugiés et de résidents au Royaume-Uni, à passer l'examen statutaire d'adhésion. Cela comprend le paiement des frais de l’examen RCVS, des tests d'anglais et des déplacements vers les sites d'examen ».
Au moins deux groupements vétérinaires ont déjà proposé leur aide à tous les praticiens et personnel vétérinaire contraints de quitter leur pays d'origine. IVC Evidensia, un groupement de vétérinaires en Europe a soutenu cette initiative. Un porte-parole de la société a déclaré : « L'entreprise fera tout son possible pour aider l'association Nowzad et son personnel en cette période difficile, ainsi que tous les vétérinaires et para-professionnels vétérinaires contraints de quitter le pays. En particulier, nous serions ravis d'offrir à ces professionnels réfugiés un emploi dans nos cliniques à travers l'Europe ». Le groupe vétérinaire britannique VetPartners a aussi proposé un emploi aux membres de l'équipe vétérinaire de Nowzad. Cette société a annoncé que ses 160 cabinets à travers le Royaume-Uni lançaient également des efforts de collecte de fonds pour aider au rapatriement des membres de l'équipe et des chats et chiens pris en charge par l’association.
Le 18 août, lors d’un débat au Palais de Westminster entre le Premier ministre et les députés sur le rapatriement d’urgence des citoyens britanniques, la députée Sara Britcliffe a évoqué le sort des employés de Nowzad. Boris Jonson a reconnu le travail remarquable de cette ONG et annoncé que le Royaume-Uni fera tout ce qui est en son pouvoir pour l’aider. Le lendemain, Pen Farthing n’avait cependant toujours aucun contact avec le gouvernement britannique. La situation est actuellement très chaotique et hors de contrôle à l’aéroport de Kaboul rendant très difficile l'évacuation du personnel et des animaux de Nowzad. Celle-ci ne peut, de plus, se faire sans la garantie d’un acheminement sécurisé du refuge vers l’aéroport pour ne pas risquer la vie de nombreuses personnes.
Nowzad a été créée en 2007 par le Sgt Pen Farthing, un ancien commando de la Royal Marine pour réunir, lors de leur retour au pays, les soldats et les compagnons à quatre pattes avec qui ils avaient tissés des liens durant leur mission en Afghanistan. Il a ainsi fait adopter plus de 1700 animaux. L’association a entrepris des campagnes de vaccination et de stérilisation des chiens et chats errants et mis en place un programme de contrôle de la rage. Elle a fondé un refuge qui compte plus d’une centaine de chiens et une quarantaine de chats et une clinique qui emploie des vétérinaires afghans. Cette clinique propose également une formation pratique aux étudiants de l'Université vétérinaire de Kaboul sur une base hebdomadaire. L'association est très fière de compter au sein de son personnel les premières vétérinaires afghanes.
