J - 1 avant la mobilisation ! - Le Point Vétérinaire.fr

J - 1 avant la mobilisation !

05.11.2013 à 06:00:00 |
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MATIGNON ARBITRE : LE DÉCOUPLAGE PARTIEL RETIRÉ DU PROJET DE LOI D'AVENIR

Le gouvernement semble vouloir faire machine arrière. La raison l’emporterait finalement. Matignon a tranché : le découplage partiel pour les antibiotiques critiques ne sera pas inscrit dans le projet de loi d’avenir pour l’agriculture. Les autres mesures, qui auront des conséquences lourdes pour le quotidien du praticien, ne seront pas modifiées par ce nouvel arbitrage de l’hôtel Matignon. Les négociations auront encore une longue route devant elles, et la vigilance est plus que jamais nécessaire.

Toute la semaine dernière, les argumentaires techniques défavorables au découplage, même partiel, ont été présentés aux conseillers des ministres de la Santé et de l’Agriculture. Ils ont convaincu le Premier ministre de ne pas s’engager dans cette voie risquée tant pour la santé publique qu’animale.

Le découplage avait été introduit dans le projet de loi en catimini et sans concertation, à l’initiative d’un conseiller technique de Marisol Touraine, le Pr Jérôme Salomon. Il a finalement été retiré devant l’évidence du caractère inique et désastreux de la mesure pour la santé animale, mais aussi et surtout pour la santé publique.

Les organisations vétérinaires, notamment les présidents du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) et du Conseil supérieur de l’Ordre (CSO) ont été informés du retrait du découplage partiel ce lundi matin 4 novembre, lors d’une réunion avec les ministres de la Santé et de l’Agriculture et de leurs représentants.

Néanmoins, le projet de loi sera amendé et voté par les parlementaires en début d’année prochaine. Le débat sur le découplage sera probablement rouvert à cette occasion. Mais l’arbitrage rendu aujourd’hui par Matignon rend la position des vétérinaires plus forte. Car il semble peu probable que le gouvernement, après trois semaines de débats sur le sujet, change à nouveau d’opinion d’ici au vote de la loi. Il devrait donc s’opposer aux amendements dictés par les pharmaciens qui voudraient revenir sur un découplage partiel ou total.

Éric Vandaële et Marine Neveux



MOBILISATION VÉTÉRINAIRE : RENDEZ-VOUS DEMAIN !

ActualitéParticipez, participez, participez ! Quelle que soit votre sensibilité syndicale ou non, votre passion ordinale ou non, votre pratique, votre mode d’exercice, votre attrait pour la foule ou non, la mobilisation vétérinaire à l’encontre du projet de découplage pour les antibiotiques critiques doit être sans précédent ! à chaque vétérinaire d’apporter son appui pour répliquer à ce camouflet inouï.

Car c’est une menace sans précédent qui pèse sur la profession vétérinaire, avec le projet de découplage des antibiotiques critiques. La mesure a été introduite par le ministère de la Santé après un premier arbitrage interministériel pourtant favorable au statu quo. Certaines inepties prouvent d’ailleurs cette précipitation dans l’acte. Et si ce n’était que la forme… Mais les conséquences seraient lourdes pour les confrères, mais aussi pour les propriétaires d’animaux, les éleveurs, les citoyens.

Ainsi, le fond provoque un mouvement fédérateur sans précédent au sein de notre profession. Les organisations professionnelles vétérinaires agissent de concert au sein d’un comité national contre cette mesure dont le point d’orgue sera le 6 novembre prochain. Cette journée doit obligatoirement être un succès, sinon un enterrement de première classe !

Les objectifs ? Créer le buz indispensable à l’amplification du mouvement : montrer que cela affecte, au-delà des quelque 25 000 vétérinaires, des professionnels de la filière agro-alimentaire, des propriétaires d’animaux de compagnie, la sécurité sanitaire des aliments, le bien-être des animaux, etc. Ainsi, venir par milliers à Paris mercredi, c’est tout simplement défendre l’expertise vétérinaire sur l’ensemble de ses champs d’action.

Au sein de nos écoles, des régions et des départements, les représentants nationaux, mais aussi locaux, ont pris le relais avec beaucoup de dynamisme. Twitter, Facebook, information de la clientèle, affichages de l’argumentaire dans les cliniques, fermetures des structures sauf pour les seules urgences, relais auprès des plus grands médias nationaux, mais aussi locaux, etc. : l’action est protéiforme. Déjà, plus de 42 000 signatures ont été récoltées, seulement quelques jours après la mise en ligne de la pétition sur http://www.stop-marisol-touraine.com

La crise est historique, le moment aussi, rejoignez le cortège qui partira de la gare Montparnasse pour se rendre au ministère de la Santé. Rendez-vous demain !

Marine Neveux



DIX ARGUMENTS CONTRE LE DÉCOUPLAGE PARTIEL POUR LES MOLÉCULES CRITIQUES

ActualitéLe découplage pour les antibiotiques critiques a sciemment été introduit à la dernière minute par la ministre de la Santé, alors que les consultations avec les professionnels étaient terminées et qu’une mission interministérielle avait conclu que cette mesure n’était pas une voie pertinente. La méthode, peu respectueuse des procédures démocratiques, a choqué les représentants des vétérinaires, des éleveurs et des industriels. Mais c’est surtout pour s’opposer au fond de la mesure que les vétérinaires se mobilisent, le 6 novembre, pour une journée exceptionnelle « sans vétérinaires ». Voici dix arguments anti-découplage. La liste n’est pas exhaustive…

1) La méfiance de l’État et des clients
Le découplage partiel introduit une méfiance de l’État envers la profession pour l’usage des molécules susceptibles d’avoir l’impact le plus élevé sur la santé publique. Si l’État suspecte les vétérinaires de surprescrire ces antibiotiques par intérêt financier lié à leur revente, les clients devraient aussi les suspecter pour tous les médicaments. Le lien de confiance entre le vétérinaire et ses clients risque d’être rompu.

2) Le risque de généralisation
Si le découplage est plus vertueux pour les antibiotiques critiques, pourquoi les parlementaires, lors du vote de projet de loi, s’opposeraient à sa généralisation aux autres antibiotiques, voire à tous les médicaments ? Le découplage partiel entérine un présumé conflit d’intérêts au nom duquel le vétérinaire privilégierait sa marge à la revente, plutôt que la santé des animaux qu’il soigne au quotidien et que les enjeux de santé publique liés aux antibiotiques critiques. Au nom de ce présumé conflit d’intérêts, le risque de généralisation du découplage à tous les médicaments est accru.

3) Le découplage, un mauvais modèle
Les promoteurs du découplage partiel prennent en exemple les pays scandinaves du nord de l’Europe. Ces États consomment le moins d’antibiotiques, mais cela ne signifie pas que ce constat soit lié au découplage. En effet, le découplage est aussi pratiqué dans les pays méditerranéens du sud de l’Europe (Italie, Espagne, Chypre) qui consomment le plus d’antibiotiques (entre deux et trois fois plus que la France). Le vrai frein à l’usage des antibiotiques, critiques ou non, c’est la prescription par les vétérinaires et non la délivrance par les pharmaciens. C’est en responsabilisant davantage le prescripteur qu’il est possible de réduire leur usage. À l’inverse, le déresponsabiliser en lui supprimant le droit de délivrer serait non seulement inutile, mais contre-productif.
(voir graphique)

4) Les risques de compérage ou de ventes par Internet accrus par l’attrait d’un guichet pharmaceutique unique
Les éleveurs connaissent bien les atouts des antibiotiques critiques : à large spectre, leur efficacité est rapide contre une large gamme d’infections. Des temps d’attente nuls ou très courts dans le lait, une longue durée d’action ou, à l’inverse, une efficacité exceptionnelle en une ou deux injections sont autant de bénéfices connus des éleveurs, auxquels on pourrait, à l’avenir, ajouter un prix attractif puisque le projet de loi prévoit de plafonner les marges de vente par décret (sans doute aux alentours de 10 à 15 %). Pourquoi s’en priveraient-ils demain, si les pharmaciens impliqués dans la pharmacie vétérinaire ne refusent pas de les vendre ? Or, dans les pays où un découplage est en place, un système permet aux pharmaciens de contracter avec des vétérinaires pour légaliser les ventes des médicaments sur prescription. Ce système de compérage déresponsabilise à la fois le pharmacien, qui se sent couvert par une prescription de complaisance, et le vétérinaire, qui ne peut être accusé de profiter des ventes. Il sera amené à se généraliser au détriment de la santé publique, sans se limiter aux antibiotiques critiques. Le compérage contourne en effet l’esprit de la loi, sans toujours l’enfreindre clairement. À défaut, les éleveurs peuvent aussi considérer les sites internet marchands comme une possibilité d’acheter des antibiotiques et d’autres médicaments sans le contrôle d’un vétérinaire. En déresponsabilisant les praticiens dans le contrôle de la vente des antibiotiques, le projet de loi crée les conditions propres au développement d’un commerce illicite préjudiciable tant à la santé animale que publique.

5) L’inefficacité du découplage en médecine humaine
En raison du succès de la campagne médiatique « les antibiotiques, ce n’est pas automatique », les usages en médecine humaine ont diminué de 20 % entre 2000 et 2004. Depuis cette date, qui correspond à la fin de cette campagne, les consommations sont reparties à la hausse : + 9 % entre 2004 et 2012. Les médecins français restent parmi les plus forts consommateurs d’antibiotiques en Europe, au même niveau que leurs confrères grecs. Ce découplage ne limite pas non plus le recours aux molécules critiques, avec des hausses de consommation de + 50 % pour les carbapénèmes et de 19 % pour les céphalosporines de dernières générations. À l’évidence, il ne responsabilise ni les médecins prescripteurs ni les pharmaciens dispensateurs, et ne permet pas d’atteindre les objectifs escomptés. D’autres mesures coûteuses, telles que des campagnes médiatiques, semblent nécessaires pour interpeller davantage les patients. Ce n’est certainement pas un bon modèle pour réduire les usages d’antibiotiques en médecine humaine.
(voir graphique)

6) L’objectif du plan ÉcoAntibio 2017 déjà atteint et dépassé par les vétérinaires
Les confrères ont réduit de 33,5 % les usages d’antibiotiques depuis 2007, sur la base du même indice d’exposition que celui utilisé en médecine humaine (nombre de DDJ/1 000 animaux/j). Sur la même période, les usages d’antibiotiques humains par les médecins ont augmenté de 3,3 %. L’objectif du plan ÉcoAntibio 2017 de réduction de 25 % des usages antibiotiques est donc atteint et dépassé, sans aucune mesure contraignante, grâce à la mobilisation et à l’engagement volontaire des vétérinaires. Le tonnage, en baisse de 40 % depuis 2000, reflète aussi la réduction de plus de 50 % des prescriptions d’aliments médicamenteux. Pour les antibiotiques critiques, les vétérinaires de la filière porcine ont mis en place fin 2010, de manière volontaire et après consensus, un moratoire sur les céphalosporines de dernières générations. Ils réservent leur utilisation exceptionnelle à une seule indication pour laquelle aucun autre antibiotique n’est approprié. Les usages ont ainsi été divisés par trois en un an. De même, le recours aux fluoroquinolones a baissé de 40 % la même année chez le porc. Depuis un ou deux ans, l’usage des céphalosporines de dernières générations et des fluoroquinolones recule dans presque toutes les espèces animales. À l’évidence, le système actuel de prescription-délivrance responsabilise les vétérinaires. Depuis 2007, il apparaît plus efficace que celui du découplage en médecine humaine pour réduire les consommations. La démobilisation des confrères résultant du découplage partiel compromettrait donc les résultats du plan EcoAntibio.

7) La poursuite des traitements non garantie
La disposition sur le découplage, telle qu’elle est introduite dans le projet de loi, ne permet pas au vétérinaire de délivrer le reliquat des flacons entamés pour la suite des soins. Les détenteurs d’animaux devront donc se rendre dans une pharmacie, de garde, y compris la nuit ou les dimanches et jours fériés, pour poursuivre le traitement avec des antibiotiques critiques. Les infections traitées par ces derniers étant des maladies graves, il ne serait pas acceptable que les pharmacies ne disposent pas du stock nécessaire à la guérison des animaux malades. La santé animale est donc menacée.

8) L’approvisionnement pour un usage professionnel remis en cause
Tel que le projet de loi est rédigé, même l’usage professionnel et l’achat par les vétérinaires de ces antibiotiques pourraient être remis en cause. Cette disposition conférerait un monopole d’achat des antibiotiques critiques au seul pharmacien, sans permettre au vétérinaire de les acquérir. Les confrères seraient donc seulement autorisés à prescrire ces antibiotiques, mais sans pouvoir les acheter en centrales pour un usage professionnel. La rédaction de la disposition est donc particulièrement litigieuse, et son introduction au sein de l’article L.5143-2, qui définit les ayants droit, la rend peu compréhensible.

9) L’interdiction de toute incitation commerciale, une mesure suffisante
Au nom d’un présumé conflit d’intérêts entre la prescription et la délivrance, les vétérinaires avaient accepté l’interdiction de toutes formes de remises et de contrats de coopération commerciale sur les antibiotiques. Cette mesure est déjà suffisante pour prévenir d’éventuels conflits d’intérêts. Elle permet de protéger les vétérinaires des incitations commerciales que pourraient leur proposer les laboratoires pharmaceutiques. Y ajouter le découplage constitue une mesure inacceptable, puisque l’interdiction de toute remise ou contrat commercial vise à préserver le système de prescription-délivrance par le vétérinaire. D’ailleurs, pour les pharmaciens intéressés par le médicament vétérinaire, l’interdiction des remises et des contrats ne devraient pas s’appliquer aux ventes dans les officines, mais seulement à celles effectuées par les vétérinaires prescripteurs. En effet, ces pharmaciens se présentent comme de purs dispensateurs, habilités à vendre les médicaments et à négocier les remises arrière et les incitations commerciales des laboratoires.

10) Une menace pour la santé publique et animale, ainsi que pour la profession vétérinaire
La plupart des infections humaines, et la quasi-totalité des maladies émergentes, ont une origine ou un réservoir animal. Le concept One Health (une seule santé), mis en avant par les organisations mondiales de la santé humaine et animale (OMS et OIE), souligne que la première dépend de la seconde, particulièrement dans le domaine des maladies infectieuses. Une détérioration de la santé animale représente un risque pour la santé humaine. Or la santé animale dépend des vétérinaires. Dans les pays sans ou avec peu de vétérinaires, les antibiotiques et les autres médicaments sont achetés en pharmacies ou sur des sites internet. Malgré leur surconsommation, la santé animale n’y est pas bonne et l’impact est négatif sur la santé publique. Contrairement à la médecine humaine, les actes médicaux seuls ne peuvent pas rémunérer les vétérinaires, pas seulement en France, mais dans le monde. La vente des médicaments par les vétérinaires est une condition de leur installation et de leur maintien sur le territoire. En outre, les éleveurs sont à la recherche de médicaments. En s’adressant à leurs vétérinaires pour les commander, ils soumettent spontanément leurs animaux à la surveillance sanitaire des praticiens.

En résumé, il ne peut y avoir de santé publique sans santé animale. Il ne peut pas y avoir de santé animale sans vétérinaires. Et il ne peut pas y avoir de vétérinaires sans leur confier aussi la délivrance des médicaments. Leur retirer cette vente revient à remettre en cause non seulement leur existence, mais aussi, et surtout, la santé animale et la santé publique.

Éric Vandaële

Dossier de La Semaine Vétérinaire sur les ventes d'antibiotiques

A LA UNE de la SV n°1555

A LA UNE de la SV n°1556

A LA UNE de la SV n°1557

 

 

LES ÉTUDIANTS VÉTÉRINAIRES PRÊTS À BATTRE LE PAVÉ

ActualitéLes étudiants vétérinaires répondront massivement à la mobilisation du 6 novembre prochain. Dans chaque école, à Alfort, à Lyon, à Nantes et à Toulouse, l’organisation de leur déplacement vers Paris se met en place, comme en témoignent notamment les ENV d’Alfort et de Toulouse.

Témoignage ENVA : les étudiants, futurs vétérinaires, en colère !
« Vétérinaire en colère », voilà ce qu’on peut lire depuis plusieurs jours, affiché sur le bâtiment Blin, à l’école d’Alfort. Les étudiants de l’ENVA participeront également à la manifestation du 6 novembre pour protester contre le projet de loi pour l’agriculture, car c’est aussi leur avenir de praticiens vétérinaires qui est en jeu. Toutes leurs années d’exercice en seront impactées, leur investissement est donc primordial.
À la suite d’une conférence téléphonique, fin octobre, entre le directeur du SNVEL, les représentants Capvel et le bureau des élèves des quatre écoles, l’organisation étudiante s’est mise en place. Il s’agissait tout d’abord d’informer les élèves, notamment en première année, sur les problématiques du découplage prescription-délivrance, de l’antibiorésistance ou encore des antibiotiques dits critiques. Puis, il a fallu décider de l’organisation de la grève. Pierre Buisson, président du SNVEL, est venu à la rencontre des élèves de l’ENVA le 28 octobre dans ce but. Il a également répondu à leurs nombreuses questions.
Par courriels sur le forum alforien ou encore sur les réseaux sociaux, chacun est tenu informé de la planification de la journée du 6 octobre, car les étudiants ont aussi des impératifs liés à leur scolarité. « Je remercie la direction et nos enseignants pour leur attitude bienveillante concernant notre mobilisation contre ce projet de loi. La participation de l’ENVA à la manifestation sera importante, même si tous les étudiants en cliniques ne pourront pas se libérer », confie Djérène Maso, leur représentante au conseil administratif et au conseil de l’enseignement et de la vie étudiante d’Alfort.
Plus de 400 élèves sont attendus mercredi, selon le sondage réalisé par le Cercle des élèves qui se charge de l’organisation technique, en lien avec le SNVEL. Les futurs diplômés adopteront les brassards “vétérinaires en colère” et les banderoles fournies par le syndicat, ainsi que le code vestimentaire à suivre. Des banderoles “maison” seront également préparées. En pratique, le 6 novembre, après un petit-déjeuner au Grisby, une assemblée générale devrait se tenir à 9 h, avant de partir tous ensemble (étudiants, personnels et enseignants) en direction de la gare Montparnasse. L’arrivée est prévue avant 11 h, heure à laquelle le cortège des vétérinaires en colère se mettra en route, direction le ministère de la Santé.
Quand bien même le projet de loi d’avenir pour l’agriculture scande « priorité à la jeunesse », c’est bien main dans la main avec leurs aînés que les étudiants vétérinaires entendent protester contre ce texte, espérons-le sans avenir.

Sophie Vigneron


Témoignage ENVT : près de 315 étudiants feront le déplacement à Paris
Le projet de loi est vécu par une grande partie des étudiants de l’ENV de Toulouse comme un désaveu du gouvernement. En effet, formés aux enjeux de l’antibiorésistance et d’une délivrance raisonnée des antibiotiques dits critiques, ils voient aujourd’hui ce droit bafoué. À la veille de l’événement qui cristallise l’attention de toute la communauté vétérinaire, Véronique Léonard organise la mobilisation du 6 novembre pour l’ENVT.

Comment s’organise la mobilisation à Toulouse ?
Tout s’est passé très vite, nous avons été informés du projet de loi mi-octobre. À l’occasion d’une première réunion Capvel junior (SNVEL), nous en avons discuté et décidé d’agir.
Dans un premier temps, j’ai voulu d’informer la communauté estudiantine du contenu du projet de loi et de ses conséquences pour la profession vétérinaire, par l’intermédiaire de plusieurs articles. Par la suite, j’ai dû organiser la journée du 6 novembre. Après un entretien téléphonique avec Pierre Buisson (président du SNVEL), nous avons décidé d’impliquer les étudiants. Notre objectif premier était de permettre à ceux qui souhaitaient se mobiliser contre ce projet de pouvoir exprimer leur mécontentement à Paris. Une réunion d’information a permis de communiquer sur l’événement et de répondre à toutes les questions que se posaient les étudiants en colère.

Que pensez-vous de la problématique ? Pourquoi vous mobilisez-vous ?
Sous couvert d’une problématique sérieuse qu’est l’antibiorésistance, la profession vétérinaire est montrée du doigt à tort. Durant les cinq ans que j’ai passés à l’ENVT, j’ai été sensibilisée à l’importance de la prescription et de la délivrance raisonnée des antibiotiques, dans un contexte approprié. De même, les vétérinaires en exercice ont, ces dernières années, montré une exemplarité concernant la prescription-délivrance de ces molécules. Il est par conséquent normal de rester des ayants droit de la délivrance des antibiotiques. En outre, les pays dans lesquels le découplage est effectif montrent bien l’inefficacité de ce type de mesure.
Cette mobilisation des étudiants vise à promouvoir un exercice dans les meilleures conditions pour les futurs praticiens que nous sommes.

Combien de Toulousains monteront à Paris ?
Selon le dernier décompte, nous serons près de 315 étudiants à faire le déplacement. Même éloignés de la capitale, nous n’en sommes pas moins motivés. Il faut cependant garder à l’esprit que nombre d’entre nous ne pourront pas s’absenter, même si la grande majorité de la communauté estudiantine toulousaine est opposée à ce projet de loi.

Qu’en est-il du fonctionnement des cliniques ce jour-là ?
À la demande du directeur de l’ENVT, Alain Milon, les cliniques ne fermeront pas le 6 novembre. Toutes les consultations seront assurées par les chargés de consultations, les internes et les étudiants non grévistes. Ces acteurs pourront néanmoins communiquer aux clients les raisons du mécontentement de la communauté vétérinaire.

Qu’attendez-vous de cette mobilisation ?
Elle permettra de montrer aux Français que, même si nous sommes numériquement une petite profession, nous n’en restons pas moins unis. Nous espérons, bien entendu, que ce projet de loi ne sera pas retenu par le conseil des ministres du 13 novembre.

Quels rapports entretenez-vous avec vos aînés, responsables de la mobilisation chez les vétérinaires libéraux ?
Les membres du SNVEL ont toujours montré leur dévouement pour les vétérinaires et pour les praticiens de demain. En véritables passionnés, ils ont su me montrer la réelle solidarité qui existe au sein de la profession dont je suis fière de faire partie. L’exemple le plus parlant est leur aide pour affréter des bus afin de nous rendre à Paris. Nombreux sont ceux qui se sont investis, notamment les syndicats départementaux du Lot, du Tarn-et-Garonne, de la Haute-Garonne, des Pyrénées-Atlantiques, l’association des anciens élèves de l’ENVT, ou encore Hill’s. Il y a une réelle union de la profession dans cette mobilisation historique.

Et avec vos homologues des autres écoles ?
Nous sommes solidaires les uns des autres, et c’est cela qui fait plaisir dans ce contexte de mécontentement général.

Propos recueillis par Aurélien Léobon

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