IAHP : une évolution inquiétante dans les Landes - Le Point Vétérinaire.fr

IAHP : une évolution inquiétante dans les Landes

Tanit Halfon | 08.01.2021 à 17:36:42 |
carte IAHP
© DR

Avec le nombre de foyers d’influenza aviaire hautement pathogène qui continue d’augmenter dans le département des Landes, les autorités sanitaires ont renforcé les mesures de lutte contre la maladie notamment en accentuant les abattages préventifs.

L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) continue son extension dans les Landes. La cinétique est très inquiétante puisqu’en à peine 6 jours, le nombre de foyers confirmés positifs au virus dans les Landes a plus que doublé ! Au 1er janvier, 48 foyers domestiques y étaient dénombrés…contre 119 foyers positifs au 7 janvier ! Soit 71 foyers de plus. Pour rappel, au 13 décembre 2020, seulement 5 élevages professionnels avaient été déclarés positifs, à raison de trois élevages dans les Landes, un élevage dans les Deux-Sèvres  et enfin un élevage en Vendée.

La majorité de ces 119 foyers sont situés en territoire de la Chalosse, qui est caractérisé par une très forte densité d’élevages à canards gras. Moins nombreux, mais à surveiller, des foyers ont aussi été détectés dans les départements des Hautes-Pyrénées (2 foyers), des Pyrénées atlantiques (2 cas) et du Gers (1 cas).

Abattages préventifs et zone tampon

Face à cette situation, les autorités sanitaires ont décidé d’accentuer les abattages préventifs. Ainsi, la zone autour d’un foyer concernée par des abattages préventifs est agrandie : au lieu des 3km, les abattages préventifs seront réalisés sur un rayon de 5km autour des foyers. Tous les oiseaux d’élevage et de basse-cour sont concernés pour le 1er kilomètre ; pour les 4 kms suivants, cela ne concerne que les palmipèdes et les autres volailles non claustrées.

Au 24 décembre, ce sont plus de 350 000 canards qui ont été abattus préventivement. Interrogé ce jour au micro de France bleu Gascogne, le ministre de l’agriculture Julien Denormandie a confirmé que l’objectif à ce stade était de faire un dépeuplement massif pour contenir l’épidémie. Il a notamment indiqué ne pas pouvoir dire combien il restera de canards sur les 5 millions du département.

Par ailleurs, les autorités envisagent d’élargir la zone de surveillance des 10 kms autour des foyers à 20 kms, avec interdiction de sortie et d’entrée de volailles, y compris pour repeupler un élevage ayant terminé son cycle de production.

La question des moyens

Les moyens seront-ils suffisants pour les dépeuplements massifs préventifs ou pas, en cours et à venir ? A ce sujet, dans le dernier avis de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) sur lequel se sont appuyés les autorités sanitaires, il était écrit que « le dépeuplement des foyers dans les Landes et d’abattage préventif dans les rayons de 1 et 3 km 175 semblent atteindre leurs limites. Ainsi, 31 foyers étaient en attente d’abattage dans les Landes le 4 janvier au soir et la DGAL communiquait à la presse le 5 janvier que 400.000 oiseaux devaient encore être abattus ». Ces limites vont-elles être dépassées ? Oui, assure le ministère qui assure que les « capacités d’abattage vont être significativement augmentées », notamment grâce à la réquisition d’abattoirs supplémentaires. L’enjeu est de taille : comme le rappelle l’Anses dans son avis, les opérations d’abattage des oiseaux dans un foyer puis d’élimination des cadavres et de nettoyage-désinfection doivent être réalisées dans les 24 à 48 heures après la découverte d’un foyer afin de limiter la propagation de l’infection. En même temps, ou juste après (dans les 2 à 3 jours), il faut mettre en œuvre le dépeuplement préventif.

Par ailleurs, se pose aussi la question du risque associé à la réquisition d’abattoirs supplémentaires. En effet, la capacité des abattoirs de la zone réglementée est limitée par rapport au nombre d’animaux à abattre. Cette question a été posée par la DGAL à l’Anses, qui a listé plusieurs recommandations : des abattoirs dédiés ; des camions bâchés avec un transport direct ; des itinéraires le plus éloignés possibles d’élevages de volailles ; un protocole strict de nettoyage-désinfection des camions et caisses de transport des animaux ; et la définition d’une zone d’1 km autour des abattoirs dans laquelle les contrôles dans les élevages de volailles devront être renforcées avec notamment un confinement obligatoire des animaux.

Une dynamique européenne

16 pays d’Europe du nord et de l’ouest sont touchés : outre la France, on compte l’Allemagne, la Belgique, la Croatie, le Danemark, l’Espagne, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Suède et l’Ukraine. La Hongrie est le dernier pays à avoir déclaré des cas et foyers domestiques, dans le nord du pays à la frontière avec la Slovaquie (aucun cas ou foyers déclarés). H5N8 est le sous-type majoritairement retrouvé. A ce jour, comme il est indiqué sur la plateforme ESA, toutes les analyses génétiques « ont montré l’absence de mutations connues comme étant associées avec une adaptation du virus aux mammifères et avec une augmentation du potentiel zoonotique du virus. L’analyse du génome complet du virus H5N8 identifié dans le premier foyer en France, réalisée par le LNR Anses Ploufragan, conduit aux mêmes conclusions ».

Pour consulter l’avis de l’Anses, et la note associée, cliquez sur ces liens : (1) et (2).

Tanit Halfon
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