IAHP : une épizootie hors-de-contrôle ? - Le Point Vétérinaire.fr

IAHP : une épizootie hors-de-contrôle ?

Tanit Halfon

| 16.03.2022 à 15:09:00 |
© iStock-SuwanPhoto

Avec 792 foyers en élevage confirmés au 15 mars, l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène de 2021-2022 est la pire des 4 crises ayant touché le territoire français depuis l’hiver 2015-2016.

L’emballement de l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) se poursuit malheureusement en France. Selon les dernières données communiquées par le ministère de l’Agriculture, au 15 mars, ce sont désormais 792 foyers en élevage qui ont été confirmés. A cela s’ajoutent 17 foyers en basse-cour. Moins de 15 jours plus tôt, au 4 mars, on dénombrait... 460 foyers en tout !

Cette explosion du nombre de foyers est portée par les Pays de la Loire, et plus particulièrement la Vendée. Ainsi, au 15 mars, ont été dénombrés 338 foyers dans ce département, contre 58 foyers au 4 mars, et 6 foyers au 18 février. La Loire-Atlantique passe de 11 foyers au 4 mars, à 52 foyers au 15 mars.

Selon les données de l’Agreste, les Pays de la Loire est la 2ième région de production avicole, après la Bretagne, et elle représentait en 2019 près d’1/4 de la production nationale de volailles en volume et en valeur. Dans le détail, la région des Pays de la Loire représente notamment 58% de la production nationale des canards à rôtir (en nombre d’effectifs de volailles), 23% des poulets de chair, 44% des pintades...Il s’agit aussi d’une zone stratégique pour la France, avec de nombreux sélectionneurs, élevages de reproducteurs et couvoirs pour toutes les filières avicoles. Ce sont les départements de la Vendée et de la Sarthe qui sont en tête de podium pour les produits avicoles. A ce jour, la Sarthe reste épargnée vis-à-vis de l’IAHP. De même que la région Bretagne.

Dans la zone interdépartementale du sud-ouest qui avait fait l’objet d’un dépeuplement massif, la situation fort heureusement demeure toujours stable, notamment dans les Landes où le nombre de foyers en élevages est toujours d'environ 230 foyers depuis plus d’un mois.

A noter qu’un nouveau département français vient de faire son entrée dans cette crise, le Cantal, avec un foyer qui a été confirmé le 12 mars dans un élevage de canards.

La France est le pays d’Europe le plus touché

Cette épizootie est la pire des 4 crises ayant touché le territoire français depuis l’hiver 2015-2016. De plus, il apparaît que chaque nouvelle crise est pire que la précédente. Rappelons que la première épizootie de 2015-2016 avait totalisé 77 foyers domestiques dans 9 départements du sud-ouest dont les Landes. Puis celle de 2016-2017 avait totalisé 486 foyers en élevage dans 9 départements également. Enfin, l’épizootie de 2020-2021 avait totalisé 492 foyers, dont la grande majorité, 475, dans le sud-ouest. On dépasse donc un record pour cette année en terme de nombre de foyers et surtout d’extension géographique.

Par ailleurs, selon le dernier bulletin de veille épidémiologique de la plateforme ESA, la France apparaît comme le pays le plus touché, et de loin, par cette épizootie. Dans le top 5, il y a donc d’abord la France avec 792 foyers, suivi de l’Italie avec 315 foyers, de la Hongrie avec 113 foyers puis de la Pologne avec 92 foyers. Au total, 34 pays ont été touchés par l’épizootie. Le sous-type viral majoritaire incriminé cette année est le H5N1.

Des protocoles stricts de mouvements  

Dans ce contexte, le ministre de l’Agriculture avait annoncé le 6 mars des mesures de renforcement de lutte, notamment avec un renforcement des capacités d’abattage, ainsi que des interdictions de mouvement dans une large zone réglementée. Quelques jours plus tard, le 10 mars, la préfecture de Vendée a annoncé la mise en œuvre d’un protocole sanitaire strict de transport d’œufs à couver et de poussins de 1 jour depuis la zone réglementée vers les zones indemnes, afin de pouvoir continuer l’activité de production avicole sur le territoire national. Une instruction technique détaille les modalités d’application du protocole.

Tanit Halfon

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