IAHP : un risque durable pour l’élevage - Le Point Vétérinaire.fr

 IAHP : un risque durable pour l’élevage

Tanit Halfon

| 20.04.2022 à 09:59:00 |
© iStock-Smederevac

Dans un récent rapport, l’Autorité européenne de sécurité des aliments souligne que le secteur avicole européen sera soumis pendant encore plusieurs mois à une pression environnementale élevée d’infection influenza , impliquant donc d’adapter les stratégies de lutte. Dans cette optique, la vigilance doit être accrue face au risque de transmission humaine.

L’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), en plus d’être hors-norme avec plus de 1000 foyers en élevage détectés en France, risque aussi probablement d’être plus durable que les années précédentes. Un constat qui ressort d’un récent rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), en date du 30 mars 2022, qui dresse un état des lieux de la situation vis-à-vis de l’IAHP en Europe.

Maîtriser le risque en élevage

«  La dynamique de l'épizootie actuelle d'IAHP comparée à celle observée en 2016-2017 et en 2020-2021 indique qu'une pression environnementale élevée de l'infection persistera probablement dans les mois à venir, ce qui constitue un risque d'introduction et de propagation supplémentaires du virus dans le secteur de la volaille », est-il ainsi indiqué dans le rapport.

Il est notamment précisé que le virus A(H5) persiste dans les populations d’oiseaux sauvages en Eurasie, dont les populations d’oiseaux résidents en Europe. Selon une étude menée en Italie, le virus A(H5) de clade 2.3.4.4b a été détecté en décembre 2020 et 2021 chez des canards siffleurs et des sarcelles d’hiver, avec une forte prévalence, soit que ce soit observé dans la zone, des mortalités d’oiseaux. « Ces résultats confirment l’infection naturelle subclinique par les virus 2.3.4.4b de l’IAHP A(H5), ce qui indique que ces espèces peuvent servir de vecteurs à longue distance de ces virus et que la surveillance passive seule ne permet pas d’identifier le niveau réel d’infection par le virus de l’IAHP chez les oiseaux sauvage ». De fait, une forte pression environnement est possible même en l’absence de mortalité des oiseaux sauvages.

Face à ce risque, l’Efsa souligne la nécessité de mettre en œuvre rapidement « des stratégies d’atténuation de l’IAHP adaptées et durables ». Cela passe par la biosécurité, la surveillance et les systèmes de détection précoce de la maladie, avec en toile de fond un engagement de toutes les parties prenantes du secteur à jouer le jeu. Tous les types d’élevages sont concernés, y compris ceux qui sont considérés comme maîtrisant particulièrement bien la biosécurité, tout comme le fait que la biosécurité doit s’appliquer tout le long de la chaîne de production, et pas qu’au niveau de l’élevage. Une fois le virus détecté, il faut également une réponse rapide.

Vigilance pour la santé publique

Dans ce contexte, un autre aspect est essentiel : la santé publique. En effet, les virus influenza aviaire peuvent contaminer d’autres espèces dont l’être humain. Si le rapport souligne que cet évènement est rare, la détection de plusieurs cas chez des mammifères avec des virus porteurs de marqueurs d’adaptation aux mammifères, et associés à une réplication et une virulence accrues chez les mammifères, est « préoccupante ». Selon le rapport, il y a eu 26 cas d’IAHP chez des mammifères depuis octobre 2020, dont 11 liés au H5N8 et 15 au H5N1. Pour ce dernier, 6 espèces différentes de mammifères ont été touchés dans 7 pays entre février 2021 et février 2022 : renards, loutres, putois, furets, lynx, porc domestique. En parallèle, des infections humaines par des virus IAHP H5Nx du clade 2.3.4.4b ont été signalées depuis ces deux dernières années, avec notamment un cas humain au Royaume-Uni en décembre 2021. C’est la première fois depuis 2003 qu’un pays européen reporte une infection humaine à virus influenza, laquelle était jusqu’à présent majoritairement rapportée en Asie et en Afrique (864 cas confirmés depuis 2003, dont 456 morts, dans 19 pays).

Aujourd’hui, « le risque d’infection pour la population générale de l’Union européenne est jugé faible et pour les professionnels, faible à moyen avec une grande incertitude en raison de la grande diversité des virus de l'influenza aviaire en circulation dans les populations d'oiseaux ». Le risque de développer une maladie grave est aussi considéré comme « faible mais avec une grande incertitude en raison de la grande diversité des virus de l'influenza aviaire en circulation » : en effet, par exemple, en Chine, les infections à H5N6 étaient sévères.

Face à ce risque, les auteurs du rapport recommandent de renforcer la surveillance chez les mammifères et humains pouvant potentiellement être exposés au virus, via des études séro-épidémiologiques chez les personnes exposées après l’apparition de foyers d’IAHP. Pour les professionnels, le recours à des équipements de protection individuelle permet de maîtriser ce risque.

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Pendant ce temps, en France, le nombre de foyers poursuit malheureusement sa hausse. Au 19 avril, 1300 foyers en élevage, et 27 en basse-cours ont ainsi été confirmés, contre 1286 au 15 avril, et 1230 au 8 avril. La hausse est portée d’une part par le grand ouest avec les Pays de la Loire, et le département des Deux-Sèvres mitoyen à la Vendée, d’autre part par certains départements du sud-ouest, le Lot, la Dordogne, qui n’avaient pas été touchés lors de la première vague de contaminations.

Tanit Halfon

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