IAHP : les experts tirent la sonnette d’alarme - Le Point Vétérinaire.fr

IAHP : les experts tirent la sonnette d’alarme

Tanit Halfon

| 28.09.2022 à 14:04:00 |
© iStock-mauribo

Le risque d’introduction du virus en élevage va augmenter dans les semaines à venir, alertent les experts de la plateforme Epidémiologie Santé Animale. Depuis le début du mois d’août, 12 foyers en élevage ont déjà été confirmés sur le territoire national, dont 5 en Bretagne et  2 dans les Pays-de-la-Loire.

L’inquiétude monte vis-à-vis du risque influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Dans un communiqué du 23 septembre 2022, les experts de la plateforme Epidémiologie Santé Animale (ESA), ont qualifié la situation actuelle d’alarmante.

Cette mise en garde s’inscrit dans un contexte inédit, qui évolue depuis la fin de l’épizootie 2021-2022. En juin dernier, les experts de la plateforme ESA avaient ainsi constaté que les détections de cas dans l’avifaune sauvage se poursuivaient au printemps, sur tout le littoral nord « depuis la frontière belge jusqu’à la Bretagne, marquant une extension vers l’ouest le long du littoral de la Manche depuis mi-mai ». Une situation qualifiée d’exceptionnelle « de par son ampleur » mais aussi de par « la période où les détections ont cours ».  En effet, jusqu’à présent, cette période printemps-été était considérée comme « une  inter-saison pour l’activité IAHP en France ».

Une dizaine de foyers en élevage pour le début de saison 2022-2023

Avec toutes ces détections d’IAHP depuis la mi-mai 2022 dans « des populations d’oiseaux sauvages, dont certaines espèces  sont  des  migrateurs  partiels  ou  comprenant  des  colonies  en  phase de reproduction et d’élevage des juvéniles », le risque d’introduction du virus en élevages persistait « à la faveur de mouvements de décantonnement de populations d’oiseaux sauvages, y compris en dehors de périodes de mouvements migratoires ». Et c'est donc sans surprise que dès la fin du mois de juillet, des foyers en élevage, basse-cours et en faune captive ont été confirmés sur le territoire.

Fin juillet, 2 foyers en élevages ont été détectés sur le littoral nord, dans la Somme et la Manche. Au mois d'août, 8 détections supplémentaires, dont 5 foyers en élevage, ont été faites. Pour ce mois de septembre, ce sont encore 10 nouvelles détections qui ont été confirmées à la date du 28 septembre, dont 7 foyers en élevage. Ainsi, pour la nouvelle saison 2022-2023 qui aura débuté au 1er août 2022, 12 foyers en élevages ont déjà été détectés. L’an dernier, à cette même époque, aucun foyer en élevage n’avait été détecté en France : seuls 3 cas dans des basses-cours avaient été identifiés début septembre dans l’est de la France, dont 2 cas secondaires (1 cas secondaire dans les Ardennes, lié à un cas primaire dans le même département ; 1 cas secondaire dans l’Aisne lié à un cas en Belgique). Bien plus tard, avait été détecté dans le département du Nord le premier foyer en élevage…le 21 novembre 2021 !

« Une endémisation de la maladie »

Au vu de cette dynamique virale, « une endémisation de la maladie dans le compartiment sauvage sur le territoire national » ne peut être exclu, ont souligné les experts dans le communiqué du 23 septembre. De plus, l’importance de la contamination de la faune sauvage pourrait être sous-évaluée car il est fortement suspecté que l’infection pourrait ne pas être associée à une surmortalité notable dans certaines populations d’oiseaux sauvages, notamment les canards sauvages.

Par ailleurs, au vu des détections de cas et foyers depuis le mois d’août, il semble qu’il y ait déjà une forte contamination des voies de migration sur le territoire national. Dans le couloir de migration Manche-Atlantique, « au moins 5 introductions primaires ont déjà eu lieu en Bretagne en lien avec un virus IAHP de génotype FR2 différent de ceux circulant sur l’avifaune sauvage le long des côtes. » Selon les premières analyses, il s’agirait « d’un virus nouvelle introduit sur le territoire national ». De la même manière, sur la voie de migration Meuse-Rhin-Rhône, dans les Dombes, « au moins une introduction primaire en élevage de canards a été détectée dès fin août ». Il s’agit d’un nouveau génotype, le FR11, signalant là aussi « une très probable nouvelle introduction de virus en France ».

Un appel à la mobilisation générale

Pour les experts, « les risques d’introduction primaire (de l’avifaune sauvage vers le compartiment élevage) ainsi que les risques de diffusions secondaires (d’élevage à élevage) vont augmenter fortement dans les semaines à venir du fait de l’amplification des migrations d’oiseaux sauvages et de conditions climatiques qui vont devenir plus favorables à la « survie » de virus infectieux d’IAHP dans l’environnement (baisse des températures, baisse de l’ensoleillement et des rayonnements UV, augmentation de l’humidité etc.) ».

Ils en appellent à une « mobilisation générale » avec un renforcement de la surveillance évènementielle et le respect de la biosécurité que ce soit au niveau des filières de production ou du secteur de la chasse.

Tanit Halfon

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