Guerre en Ukraine : des impacts pour les filières animales - Le Point Vétérinaire.fr

Guerre en Ukraine : des impacts pour les filières animales

Tanit Halfon

| 08.03.2022 à 17:20:00 |
© iStock-shapecharge

Les instituts techniques ont rédigé une note commune sur les conséquences du conflit en Ukraine sur les marchés des matières premières pour les filières animales.

La guerre en Ukraine aura des conséquences pour le secteur agricole, a prévenu Emmanuel Macron le jour d’ouverture du Salon de l’Agriculture. Il a aussi indiqué que l’Etat sera là pour accompagner les agriculteurs pour construire des réponses de court et moyen terme, et accompagner en terme de coûts.

Quels sont les impacts de la guerre en Ukraine sur les filières de production animale ? Une note des instituts techniques, Idele ; Itavi et Ifip, répond à cette question.

En préambule, selon un travail de recherche mené dans le cadre du GIS « Avenir Elevages », au global, les matières premières de l’alimentation animale française sont en grande majorité issue de la production nationale (blé, orge…). Ce n’est pas le cas pour les tourteaux de soja pour lesquels la France est fortement dépendante des importations, sachant que les bovins et les volailles en sont les premiers utilisateurs (filière porcine, 5ième utilisatrice). La protéine de soja en France représente 11% des protéines totales consommées par l’élevage (fourrage inclus), et 28% des protéines issues de matières premières concentrées. Dans ce travail de recherche, l’autonomie globale protéique de la France avait été estimée à 84% (fourrages+concentrés) en 2015. Hors fourrages, cette autonomie descend à 59%.

Selon la note des instituts techniques, l’Union européenne est particulièrement dépendante de la Russie pour le gaz et les engrais. Pour la France, la Russie fournit « plus de 10% du volume des engrais azotés et phosphatés consommés ». Le prix des engrais a augmenté depuis l’été 2020, en lien avec le prix du gaz, en association avec des difficultés d’approvisionnement. De plus, l’Ukraine fournit 56% des importations en maïs en Europe : avec ce fournisseur (le 4ième exportateur mondial de maïs) en moins, il faudra donc se rabattre sur d’autres marchés qui seront sollicités aussi par d’autres pays. L’Ukraine et la Russie sont aussi les premiers producteurs de tournesol au monde avec une exportation de plus de 50% des huiles de tournesol et de tourteaux. Le tournesol est utilisé dans la filière avicole pour remplacer le soja.

Un marché globalisé qui fait les prix

Au final, la redistribution des cartes fait le lit de la hausse des prix de toutes les matières premières, y compris le blé (qui ne représente que moins de 0,01% des importations depuis le marche russe, 1er exportateur de blé mondial) dans un marché globalisé. Cela va donc forcément impacter les coûts de production des éleveurs toutes filières confondues, et aussi plus globalement des acteurs des filières agroalimentaires. « Cette crise risque de modifier les polarités mondiales et les équilibres sur le marché des grains en seront fortement impactés tant au niveau des prix que des disponibilités. Le marché mondial, et tout particulièrement le bassin méditerranéen, aura du mal à se passer du blé russe et du maïs ukrainien, même si cela ouvre des marchés aux exportations françaises en particulier pour le blé , indiquent les auteurs de la note. La question de la sécurité alimentaire pourrait se poser dans les pays les plus dépendants de l’importation pour nourrir leur population, surtout quand ils n’exportent pas de gaz ou de pétrole pour engranger des devises. »

Tanit Halfon

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